lundi 16 novembre 2015

Les journalistes ne sont pas à la hauteur...

Bon, c'est une lapalissade, mais une fois de plus, ça m'énerve !
Le concentré de journalistes des chaînes d'infos en continue pousse à un extrême hautement indigeste.

A quoi s'est résumée l'information suite aux attentats?
A la multiplication des répétitions sur les faits, perçues le plus possible sous l'angle de l'émotion, jouant à la fois sur la proximité, sur un discours se voulant précis (des chiffres, toujours des chiffres) tout en étant au final relativement imprécis.

Les journalistes se demandaient si les hommes politiques allaient se montrer dignes de la situation, ils auraient mieux fait de s'interroger à leur sujet.

Plutôt que de courir après les témoignages, après les directs, après les images chocs et les répéter jusqu'à écœurement, pourquoi ne pas avoir essayer de prendre le temps de faire un peu de véritable information?
Pourquoi ne pas avoir essayé de décrypter Daesh, de décrypter la Syrie, de faire un peu d'histoire, de prendre du recul quoi. Pourquoi ne pas avoir sorti des reportages permettant de différencier l'islam en France de l'islam prôné par Daesh, afin qu'on voit le monde qui sépare ces deux religions.
Les chaînes de télé préfèrent faire dans l'émotion : il est en effet plus dur de zapper un témoignage poignant d'une personne qui explique ce qu'elle a vu et ressenti que de zapper un documentaire expliquant la situation ou du moins le contexte.
On a bien eu, heureusement, quelques tentatives et quelques invités qui essayaient de sortir de l'émotion et de mettre la raison et l'analyse en avant. Je ne nie pas qu'il y a un temps pour l'émotion et le recueillement, mais ce moment n'a pas grand chose à faire sur une chaîne d'informations.

Le devoir de la presse est d'informer les gens, pour leur permettre d'appréhender le monde dans lequel ils sont. La presse doit garder à l'esprit qu'elle forme les citoyens : l'éducation est là pour mettre en place les bases critiques de la réflexion, la presse doit ensuite alimenter le quotidien de la réflexion du citoyen. Si l'information est mauvaise, tronquée ou de mauvaise qualité, alors le citoyen, et par conséquence la vie politique seront à son image : lamentable.

Au lieu de profiter de l'occasion pour faire un peu d'éducation, un peu d'histoire, un peu de géopolitique, un peu d'information idéologique ou religieuse,  on a préféré interviewer les témoins, allant jusqu'à interviewer des personnes qui n'étaient pas témoins, des habitants d'autres villes pour voir leur ressenti, allant jusqu'à s'intéresser à la presse internationale pour voir comment elles parlaient de l'événement... cette presse s'auto-alimente, trop bien malheureusement.

On demande ensuite au peuple de ne pas faire l'amalgame, mais on ne lui explique même pas entre quoi et quoi. Il s'agit pour lui au final de différencier le bon chasseur du mauvais chasseur. On ne peut que constater le résultat.

Au final, ce que le spectateur moyen risque de retenir d'un WE chargé en information, c'est l'émotion, c'est le bruit des balles et des explosions, les témoignages de ces fusillades et la satisfaction morbide de voir que ceci devient le centre du monde au travers toutes les unes mondiales. Tant pis pour les autres attentats tunisiens, égyptiens ou libanais au passage.
Alors que j'aurais tant aimé avoir des petits reportages (des petits cours?) sur Daesh (qui sait ce que signifie ce mot d'ailleurs?), sur l'histoire de ce mouvement, ses principes, son idéologie et sa démarcation par rapport à un islam moderne plutôt que de simplement les réduire au mot barbare. Ce sont des barbares, oui, mais s'arrêter là ne suffit pas, il est nécessaire de mieux les connaître pour mieux les combattre, pour mieux empêcher leurs rangs de grossir. J'aurais tant aimé avoir des petits cours sur le trafic d'armes en Europe : ses origines, ses matières premières, ses réseaux; des reportages sur la radicalisation : ses procédés, ses imams...

La presse et les politiques devraient sans cesse essayer de hisser le peuple toujours un peu plus haut, de l'éduquer, de l'émanciper, de lui servir de modèle, mais au final c'est l'inverse qui s'est produit. Les politiques et la presse se sont abaissés au niveau du peuple, dans ce qu'il a de plus vulgaire. En ce sens, il y a bien déclin et décadence de notre civilisation. Nous nous révélons aujourd'hui incapable de former la relève, la nouvelle génération.

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