lundi 28 avril 2014

L'erreur n'annule pas la valeur de l'effort accompli

Proverbe africain ce soir.
Bon, ça me donne un peu l'impression de tourner sur les mêmes idées des fois, ça signifie juste que les grandes idées sont partagées, et apparaissent un peu partout sous des formes similaires, souvent au même moment d'ailleurs.

Bref, on juge trop souvent sur le résultat. Normal et humain, on a beau dire que l'essentiel est de participer, l'entraîneur ne peut se satisfaire que de la victoire. On est tous exigeant, envers soi-même et envers les autres.

On a alors besoin de lutter contre ce penchant naturel, car on reconnaît qu'il est malsain malgré tout : il n'y a qu'un victorieux pour beaucoup de perdants, il est difficile de maintenir la perfection sur le long terme (et je ne parle même pas de la difficulté de l'atteindre du premier coup). Bref, pour contrer ce naturel égoïste et ravageur, on a recours à la religion : le pardon, et à la morale via la sagesse populaire du proverbe. conscience collective artificielle, créée par l'homme, pour le civiliser, lui permettre de se détacher de ses penchants primitifs, vivre en collectivité, avec un peu plus de solidarité que le naturel.

Et pourtant, après quelques milliers d'années de civilisation, nous en sommes toujours au même point, à devoir nous rappeler ce genre de proverbe, à nous forcer à donner de la valeur à l'effort, et pas seulement au résultat. Et avec la perte de la religion, ça risque d'être pire... à moins de la remplacer par autre chose...

dimanche 27 avril 2014

Le choix de la démocratie

Petite réflexion sur le bulletin blanc en démocratie, un peu après la dernière bataille des élections

Qui ne s'est jamais élevé contre la nullité du vote blanc, se sentant ignoré, dédaigné?
Un peu d'histoire avant de commencer, le vote blanc est ignoré depuis longtemps : décision de Napoléon III en 1852.
La raison était simple, sa vision de la démocratie (et de l'élection) consiste à choisir (l’étymologie lui donnerait raison d'ailleurs). Il ne s'agit pas d'un exercice de libre expression, de recueil d'idées, il s'agit de choisir entre des candidats qui se sont déclarés volontaires. Le choix permet entre autre de canaliser la population : imaginez une élection sans candidat... l'organisation ne serait pas la même.

Le joli rêve de la démocratie grecque était différent sans doute, car pas soumis aux mêmes contraintes. Il est plus facile d'entendre le peuple quand il peut tenir dans une arène (j'exagère un peu...), quand le peuple n'est constitué que de gens éduqués avec une conscience citoyenne (les autres n'étant pas intégrés à la démocratie...). Et il était plus facile, en cas de désaccord de s'intégrer aux débats politiques.

La taille des pays actuels rend les choses plus complexes : une assemblé peut être réellement démocratique, un peuple : difficile, pour ne pas dire impossible (la technologie devrait pouvoir pallier ce problème). Le principe reste par contre le même : le mécontentement ne doit pas s'exprimer par un vote blanc, mais par une participation active à la vie politique. Voilà la vraie citoyenneté. Par contre ça demande plus de courage, d'efforts et d'investissements, et c'est même rendu impossible (ou presque) par la professionnalisation de la fonction, par les jeux de pouvoirs qui se sont greffés sur le système : faire entendre une nouvelle voie est faisable à un niveau local, mais impossible à une échelle nationale. Quelques tentatives ont bien lieu à chaque présidentielle, avec des candidats sans parti, ils sont malheureusement généralement tournés au ridicule, peu écoutés, même si les idées peuvent être intéressantes.

La démocratie, c'est choisir son représentant, ou se représenter soi-même en quelque sorte.
Le vote blanc est semblable à l'abstention : il sanctionne la qualité des dirigeants, montre un certain désaveux des politiques, avec un certain désintérêt suffisant pour ne pas rentrer en révolte ou prendre part au jeu politique. L'intérêt pouvant être heureusement suffisant pour d'autres actions politiques plus locales. La classe politique peut en effet s'inquiéter de l'abstentionnisme : leur légitimité vient en partie de là, mais d'un autre coté, le temps des révoltes semble lointain : que ferait un état avec 90% d'abstention? Il gouvernerait simplement en prenant en compte les 10% exprimés. Qui ne dit mot consent. Sorte d'oligarchie qui s'imposerait d'elle même, et on pourrait même espérer que ce soit une oligarchie éclairée, sorte de République de Platon?

Dernière alternative (aussi représentée en Grèce antique me semble t'il), celle de se retirer de la vie politique, de choisir de ne pas y participer : ne pas voter, ne pas se présenter. Rôle de profiteur spectateur assumé, qui accepte les imperfections du système (dans certaines limites?) et préfère passer son temps et son énergie sur autre chose...

samedi 26 avril 2014

Réflexion sur la réflexion

Tirée d'une lecture, qui m'a éclairé sur un mécanisme commun, qui ne me serait pas propre donc, ouf...

Lorsque trop de réflexions sur un sujet abstrait conduit à en faire le tour mentalement des dizaines de fois, à tenter d'aborder le problème sous tous les angles possibles. Les approches se multiplient, les digressions aussi, les points de vue et leur contraire. Le foisonnement des idées crée une agitation, une accélération qu'on ne maîtrise plus, ça part dans tous les sens... pour finalement arriver nulle part.
Emportée par l'élan, la passion, l'envie de trouver, la mécanique s'emballe mais ne donne rien.

Si la réflexion reste silencieuse, ça sera sans doute le mal de tête assuré.
Si la réflexion essaye de passer à l'oral, ça donnera un joli spectacle à l'auditoire, confus, un peu fou, mais terriblement vivant et exalté.
A l'écrit, ça sera la page blanche : un éternel recommencement...

C'est une des raisons d'être de ce blog, que je retrouve dans un bouquin :)
Canaliser la pensée par l'écrit, afin de ne pas arriver nulle part -si seulement... 

jeudi 3 avril 2014

IA vs IH - round 1

Intelligence artificielle Versus Intelligence humaine.

N'étant pas du tout spécialiste du genre,  ceci n'est que pure réflexion, sans véritable fondement :)


Que manque t'il encore aux intelligences artificielles?

L'essentiel j'ai envie de dire. On arrive à programmer de la logique, voire même un peu de logique floue, sorte d'instinct ou de 6ème sens, on peut simuler de l'apprentissage, ou en tout cas des renforcements de comportements. Mais l'apprentissage est toujours dirigé. Il manque deux éléments je pense pour créer les conditions idéales de l'apprentissage : la curiosité et la conscience.
La curiosité, car c'est ce qui permet de se détacher d'un chemin pré-établi, du simple fonctionnement répétitif. C'est ce qui permet de sortir de la répétition, de l'état de machine
La curiosité est aussi un élément menant à la conscience de soi je pense. En testant, on découvre ses limites, les frontières de son être : frontières physiques et mentales. Mais bon, c'est comme l’œuf et la poule, qui est venu en premier, la curiosité ou la conscience de soi? La conscience de soi permet ensuite d'apporter de la valeur au choses, aux événements, la conscience permet de créer 2 premières catégories : ce qui me fait du bien et ce qui me fait du mal. Base du renforcement et de l'apprentissage. La curiosité poussera à vouloir plus.


Qu'est ce qui différencierait les 2 types d'intelligence?

Le divertissement et le contentement.
Notre nature d'abord : l'humain est vivant, il se reproduit, c'est sa manière de propager la vie, de faire perdurer son existence. La machine n'est peut être pas soumise aux même règles, même avec une conscience, elle cherchera sans doute davantage à évoluer qu'à se reproduire. Quand bien même il y aurait création d'une autre conscience, la première serait sans doute intégrée, recyclée par la seconde, ne serait ce que par souci d'économie.
Notre nature, notre corps sont sources de divertissements et de plaisir. Nous sommes faits de chair, nous ne sommes pas pur intelligence, d'autres moteurs nous animent. Surtout si l'on considère que plus notre connaissance s’accroît, plus il nous faudra fournir d'effort pour la faire progresser (et plus souvent nous échouerons). Ceci nous pousse globalement naturellement à nous détourner de l'apprentissage. Enfant, nous courrons à la découverte du monde : il nous suffit de franchir une porte pour nous émerveiller et apprendre, adulte, nous marchons à sa rencontre : il nous faut de l'exceptionnel, de l'exotique pour nous émouvoir, vieillard, nous restons immobile, attendant que le monde vienne à nous. Heureusement, je ne décris qu'une caricature globale. Mais notre nature nous pousse à nous contenter de ce qu'on a, le confort s'installe, et nous avec.
Le besoin impérieux de se reproduire et notre abattement sont donc les 2 principales différences que je vois. La machine n'aura qu'un désir lié à sa conscience : progresser, évoluer, s'améliorer, grandir et n'arrêtera pas ses efforts au profit d'un confort synonyme d'arrêt, de stagnation, de mort ou d'autres divertissements.


L'homme a aussi besoin de pauses, de récupérer, la machine n'en a pas besoin, et donc, dès que les conditions seront réunies, tout se passera sans doute très vite...

mardi 1 avril 2014

Libre arbitre ou folle expérience n°3

Allez, une dernière pour la route, toujours avec ce cher Benjamin Libet.
Prenez un patient, demandez lui de prendre une décision librement : la décision d'appuyer sur un bouton quand il le souhaite, et mesurez ce qu'il se passe dans son cerveau, dans sa conscience (quand il formule sa prise de décision) et son acte.
Vous remarquerez qu'une seconde avant son acte, son cerveau s'affole : enfin, vous verrez la préparation de son geste, un potentiel électrique. Puis, 0.2 seconde avant son acte, il y aura la conscience de la décision : le patient aura l'impression de s'être décidé à ce moment, inconscient des mécanismes physiques qui s'opèrent dans son cerveau, et enfin viendra l'acte. Bon, on peut aussi s'amuser à y voir un voyage dans le temps, mais bon cette solution n'est pas à sortir tout le temps non plus, c'est juste un signe physique d'une préparation mentale.
Là où ça devient intéressant, c'est qu'en suivant l'activité du cerveau, on peut voir la même préparation mentale se produire, les tracés sont identiques, sauf que l'acte ne se produit pas, et après ce non-acte, les tracés deviennent différents (pas le même relâchement de la tension). Le patient interrogé sur ces épisodes là dira qu'il a failli appuyer, puis qu'il s'est finalement retenu.
Il se passe quelque chose 0.2 secondes avant l'acte : le sujet choisit à ce moment de laisser faire ou de stopper le processus physique. Le libre arbitre est là, il est le choix de laisser jouer ou d'interrompre l'action (la métaphore avec l'arbitre devient évidente : il n'intervient pas directement dans le jeu, mais à tout moment il peut tout stopper, et reprendre le contrôle pour repartir à zéro)
L'esprit, l'âme ne se mesure sans doute pas, mais là on s'en approche sérieusement, à déduire l'existence de quelque chose qui s'impose aux processus neuronaux (bon d'un autre coté, on place toujours Dieu ou l'esprit dans l'inconnu, dans ce qu'on ne mesure pas... encore... En tout cas, on peu au moins en déduire que quelque chose de non mesurable, non neuronal, non électrique se produit et influence fortement les processus standards)

Bon, ça c'était l'expérience, à moi de réfléchir maintenant.

Ça rejoint un peu (beaucoup) ma conception de l'esprit et du libre arbitre, ça la consolide.
Le libre arbitre, c'est comme l'esprit critique (et les antibiotiques), ça n'est pas automatique ! C'est un acte conscient, intrusif sur la réalité qui s'écoule doucement, machinalement, prévisiblement. L'habitude, ou une vie sans question conduit à une vie sans libre arbitre, confortable et prévisible, dans les actes et surtout dans les pensées. Où l'homme devient robot abruti.

Le libre arbitre est quelque chose de discret, pas seulement dans le sens peu détectable, mais dans le sens de non-continu. Le libre arbitre intervient en pointillé, de manière limité. Il ne peut que nous mettre des petites claques, nous faire marquer des temps d'arrêts pour nous relancer sur d'autres rails, d'autres décisions... et le pilotage automatique reprend le dessus, jusqu'à sa prochaine intervention. Nous restons des robots, mais pas forcément stupides, avec des éclairs de lucidité. Les éclairs peuvent se produire souvent, mais pas de manière continue je pense, j'ai le sentiment que ce serait trop éprouvant. Au mieux le libre arbitre donne une direction, une voie... et si le pilotage automatique va dans une autre direction, il faudra multiplier les rappels. Un peu comme la lutte de la volonté contre une addiction. Au premier relâchement l'addiction essayera de reprendre le dessus, le naturel, l'habitude. Au libre arbitre de s'exprimer, et de choisir.

L'action du libre arbitre est de ce fait limité, mais bon, ceci était évident je pense. Je ne peux changer radicalement, tout se joue dans un champs de contraintes assez étroit. Suffisamment étroit pour y voir une notion de destin, à chacun sa croyance.

Enfin, dernier point, pas des moindres, ceci nous déresponsabilise de nos pensées, mais pas de nos actes (ce qui se rapprocherait de la pensée juive à priori, la pensée chrétienne condamnant la moindre pensée impie, dommage pour nous d'avoir grandi là dedans...). Nous ne choisissons pas d'avoir peur, mais nous décidons ce que nous en faisons, nous ne choisissons pas nos sentiments (pour peu qu'on tente de les expliquer par des phénomènes chimiques et matérialistes), nous ne choisissons même pas nos pensées, qui se construisent toutes seules dans notre cerveau suffisamment complexe pour ça (simple hypothèse matérialiste, car certains peuvent voir la source des nos pensées encore ailleurs...) mais nous avons constamment la possibilité de nous laisser diriger par celles-ci, qui sont en dehors de notre conscience, ou d'interrompre cette aliénation. Et je retombe sur un de mes principes : la conscience, la prise de conscience... être aware quoi. A nous de détecter tout ce qu'il se passe en nous, d'en avoir conscience, et de choisir : laisser jouer, laisser aller ou bien interrompre et donner une autre direction....