lundi 27 janvier 2014

Un peu de respect

Petite réflexion autour de ce terme  tant utilisé et réclamé de nos jours.
Et comme bien souvent je pense, ce sont sans doute ceux qui en réclament le plus à leur égard qui en montrent le moins. Bêtise et autoritarisme font bon ménage :)

Bref, c'est quoi le respect? (un jour je ferai mon propre dictionnaire, tellement les mots sont difficiles à cerner, tellement je leur donne une définition personnelle...)
Le respect, c'est la capacité de se plier à une autorité qu'on reconnaît (qu'on respecte donc) aveuglément, c'est à dire sans tenir compte de son jugement personnel.
Certaines institutions et certaines personnes se respectent naturellement.
L'état et ses lois sont généralement respecter, tout manque de respect étant puni. Et le respect conduit même à respecter les lois même lorsqu'on les juge inadaptées ou injustes : ne pas griller un stop lorsqu'il n'y a personne, rouler au pas... Toute infraction est à la base un manque de respect envers l'état et la société.
La société nous impose plus ou moins de respecter les autres : l'équilibre de la société en dépend, la vie en communauté n'est possible que par ce respect.Respect de nos engagements, mais aussi respect de la liberté des autres, de leurs croyances, de leurs pensées : y compris lorsqu'elles sont contraire aux nôtres. Au moins tant que les autres font preuve d'autant de respect à notre égard.
Mais la plus grande autorité que chacun reconnaît, c'est soi même. Chacun essaye de se respecter, de se plier à son propre règlement intérieur, de rester en harmonie avec l'idée et l'image que l'on a de soi. Sorte d'orgueil minimaliste.

Le respect se définit donc comme la liberté, qui s'arrête là où commence celles des autres. C'est un jeu d'équilibre, partant du principe que cette notion doit être absolument identique pour chacun : aucune raison d'avoir plus de liberté que mon voisin, ni de mériter plus de respect.
La liberté atomique est de disposer de son être comme on l'entend, sans contraindre l'autre (j'avais pas un article sur ce thème?) : ce qui la réduit à peau de chagrin, passons :)
Le respect atomique est identique : se respecter soi, son corps, son esprit, ses pensées. Et donc, ne pas dicter aux autres ce qu'ils doivent faire sur ces points.

Et c'est dans le conflit qu'apparaît la hiérarchie de nos valeurs.

Celui qui ne respecte que les règles avec lesquelles il est d'accord ne se respecte que lui même en fin de compte : il adaptera les lois en fonction de son interprétation, et les respectera au cas par cas. Même si, dans un monde idéal et sage, il vaudrait mieux adopter ce fonctionnement. La question est de savoir se situer par rapport à la sagesse des institutions, la sagesse des autres, la sagesse moyenne. Tout être plus sage que la moyenne a intérêt (pour lui et les autres) à respecter ses règles avant celles des autres. Tout le problème reste là, dans la conscience qu'on a de soi-même : allez expliquer à quelqu'un qu'il est moins sage que la moyenne !

mardi 21 janvier 2014

C'est le temps seul qui révèle l'homme juste, un seul jour dévoile le perfide

Citation de Sophocle ce soir pour me dégourdir les méninges.
Enfin, je vais pas me les dégourdir bien loin, c'est toujours la même idée :)

L'idée que la valeur est liée au temps, à la continuité... au maintien des valeurs dans le temps, et donc dans l'adversité. L'idée que la moindre trace de corruption entache la pureté : les qualités ne valent que si elles sont constantes, éternelles. Il est facile de posséder toutes les qualités (et les défauts) de manière temporaire, fortuite.
Marrant comme le pouvoir négatif l'emporte toujours sur le positif.
Peut être est ce pour cela que l'on associe la facilité au "mal", à la mauvaise solution : simple renversement de causalité, mauvaise déduction d'une corrélation forte? Il est toujours plus facile de détruire, de corrompre, de bloquer... Dommage, ça jette un mauvais regard sur les fainéant, sans réelle raison :)

Bon, si c'est toujours la même idée, d'autres idées serait défendables?
Qu'un éclair de bonté puisse illuminer une vie. Pour une vie, c'est peut être beaucoup : une bonne action n'efface pas une vie de péchés. Je ne suis pas assez religieux pour croire en telle absolution. Surtout si cette bonne action ne se produisait pas en fin de vie : elle donnerait le droit de tout faire par la suite?
Par contre, à l'échelle d'une masse, peut être est ce davantage de laxisme, mais j'ai l'impression qu'un individu peut sauver une masse, un peuple, une race. En tout cas, lorsque l'on projette ceci à la race humaine, on a naturellement envie de reconnaître et dire que l'homme est capable du pire et du meilleur, mais que le meilleur sauve le pire. Peut être est ce simplement pour nous rassurer et ne pas nous convaincre de nous exterminer :) Mais bon, on s'écarte de la citation (et de son antithèse) : on ne conclue pas pour autant que l'homme est bon (sauf certains naïfs j'ai envie de dire... une croyance de plus en fait)

L'autre idée plus acceptable revient simplement à sortir des idéaux et à accepter la nature humaine. L'homme est faible, et une erreur, une faiblesse ne fait pas de lui un être perfide. Reste à savoir ce qu'on met derrière les mots : un sens humain, et donc nuancé, intégrant les exceptions, les erreurs ou un sens idéal, parfait. Et si les mots et les idées sont parfaits, il faut garder à l'esprit que l'homme ne l'est pas. Donc intrinsèquement, les mots ne pourront jamais s'appliquer aux hommes. La réalité ne respecte pas les idées, ne les suit pas... ou alors les idées ne décrivent pas la réalité, mais simplement son essence.

lundi 20 janvier 2014

Etre adulte...

Une fois n'est pas coutume, prolongement d'une discussion :)
C'est quoi être adulte? En dehors de faire la gueule tout le temps et de perdre son âme d'enfant :)

Comme souvent, le plus direct reste la définition par la négative : être adulte, c'est ne plus être un enfant.

C'est cesser les caprices, cesser de bouder parce que le monde ne se plie à nos 4 volontés, cesser de croire que l'on peut tout obtenir du monde et de ceux qui nous entoure, simplement parce qu'on le demande, l'exige. Bref, c'est accepter le dur monde dans lequel nous vivons (ce qui revient à perdre sa capacité d'émerveillement -et son âme d'enfant- au profit d'un certain réalisme...), c'est accepter que tout ne nous est pas dû, qu'il faut travailler / faire des efforts pour obtenir certaines choses, et que d'autres seront toujours inaccessibles. C'est arrêter de pleurer facilement, au profit d'une approche plus rationnelle : c'est perdre la passion au profit de la raison.

C'est assumer ses actes : vivre sans la possibilité n'y d'aller se cacher derrière une grande personne qui serait responsable à notre place, n'y de dire "pouce", de s'arrêter et de sortir du jeu. La vie n'est pas un jeu qu'on peut mettre en pause, duquel on peut sortir et rentrer à loisir. Et pour assumer ses actes, il est préférable de développer sa conscience, de manière à comprendre par avance, à anticiper les conséquences de ses actes (difficile d'assumer l'imprévisible). C'est donc perdre l'insouciance de l'enfance : nous perdons la capacité à faire ce qui nous passe par la tête, sans réfléchir.

C'est aussi se responsabiliser, et surtout cesser d'accuser les autres (même lorsqu'ils sont responsables j'ai envie de dire...). C'est accepter sa dose de malheur, sans geindre et se plaindre du monde, des autres. C'est toujours la faute des autres quand on cherche peu (à comprendre), c'est accepter de se remettre en cause soi, préférentiellement aux autres, c'est accepter l'injustice du monde, sans chercher de coupable chez les autres.

C'est cesser de vivre dans l'instant présent, de ne voir que son bonheur (ou plutôt plaisir) personnel et immédiat. C'est accepter à d'autres formes de joie et de plaisir (plus subtiles?), c'est donc être capable de se projeter dans un avenir plus ou moins lointain, et de retirer une satisfaction de ces efforts à long terme. Le premier de ces effort nous est imposé, pour nous pousser dans la bonne voie : les études.

C'est malheureusement aussi user la nouveauté, lui faire perdre son goût à force de la répéter, c'est juste l'action du temps... C'est petit à petit découvrir de moins en moins de choses au profit de répétitions.

C'est réaliser son potentiel, ne plus être le produit, le jouet de quelqu'un, mais se construire. Simple suite logique des points précédents, c'est faire ses propres choix et les assumer. Ne plus se faire dicter sa conduite (ou sa pensée) mais tracer son propre chemin, avec plus ou moins de clairvoyance, de perspicacité.

Bref, c'est beaucoup de choses. Et les définitions génériques et abstraites comme celle-ci restent suffisamment vagues pour être ultra-poreuses. On trouvera des enfants adultes sur bien des points et des adultes encore gamins. En fin de compte, la définition la plus concrète de l'adulte est sans doute celle du parent. On devient adulte en devenant parent, en acceptant de devenir responsable de quelque chose qui nous échappe, qui échappe à notre contrôle au sens propre.


vendredi 17 janvier 2014

S'imposer aux autres

Petite révélation hier : et si les relations tenaient en fait aux choses qu'on impose aux autres?
Le meilleur moyen de tisser des liens reste d'imposer des choses aux autres : imposer sa présence, imposer de discuter, réfléchir, prendre parti, imposer sa bêtise, imposer son avis, son opinion.
L'imposition doit rester "respectueuse" : il s'agit d'imposer l'expression, pas d'imposer l'adoption. Il s'agit d'imposer sa vie, la vision de sa vie, mais pas d'imposer à l'autre de s'aligner sur notre vie, d'avoir la même.
Ça revient juste à affirmer sa personnalité en fait (ce qui suppose d'avoir une personnalité :) ), ne pas rester en retrait, ne pas rester transparent. Il est sans doute là (ou pas bien loin) l'équilibre entre ingérence et indifférence.
Entre la vie, la friction, les étincelles et la transparence, l'inaction, la mollesse, le choix est vite fait. Les relations se tissent à coups de petites frictions, positives ou négatives. Le mouvement, le rapprochement est à provoquer, il est provocation. La prudence n'est pas de mise ici. Les souvenirs forts sont des marqueurs de l'amitié. Un simple côtoiement répété, fréquent n'a jamais abouti sur rien : dès qu'il cesse, tout disparaît.

Et d'un coup je comprends mieux un aspect de ma vie, moi qui ai toujours été partisan de la non-ingérence...

jeudi 16 janvier 2014

Il peut arriver qu'on s'inquiète davantage pour d'autres que pour soi

Tiré de l'essence de l'art de Iain M. Banks.

J'ai même presque envie de dire que c'est la règle. Et ce malgré notre égoïsme inné.

Pourquoi? Bah pour plein de raisons, comme d'habitude.
Par facilité : il est plus facile (au moins en apparence, mais ça suffit à nous tromper) de prendre soin des autres que de soi même. Sans doute lié à un coté éternel insatisfait. On trouvera toujours que pour soi la situation pourrait être meilleure, alors que si un autre nous remercie de notre action, on peut s'arrêter à ce constat et considérer que sa situation est pleinement satisfaisante.
Par souci d'objectivité (ou à cause sa propre subjectivité) : on a un regard extérieur, on se pensera plus objectif, on se dira que l'autre n'a peut être pas vu tous les aspects du problème. On se croit en bonne position pour pouvoir l'aider (et on oublie notre propre subjectivité).
Pour un complexe de supériorité : on croira l'autre plus faible, il méritera donc notre protection, il en aura besoin en tout cas. Et en plus offrir notre protection nous permettra de consolider notre image.
Pour un complexe d'infériorité : on peut s'estimer indigne de protection, l'autre étant meilleur, il mérite davantage qu'on se soucie de lui, nous sommes insignifiants. On s'efface devant l'autre. En plus, ça nous permettra d'être enfin utile à quelque chose.

Marrant comme ça me montre (confirme?) qu'un comportement peut s'expliquer par tout et son contraire. Les arguments sont malléables, les situations et les explications complexes.

Mais il reste facile de se perdre hors de soi, de s'oublier, de s'effacer. Sorte de divertissement comme un autre, pour oublier sa condition. Et quoi de mieux que les autres comme cible de cette fuite?
En un sens il vaut mieux être égoïste, prendre ses responsabilités, s'assumer, s'accepter (et ensuite s'ouvrir aux autres : s'aimer soi même avant d'aimer les autres... et de laisser les autres nous aimer - voyez comme je peux vous convaincre que l'égoïsme est bon :) ), mais il y a pire comme comportement. Et si chacun pouvait se soucier de son voisin, plus personne ne serait malheureux. Ça serait une autre dynamique vertueuse, conduisant peut être à des situations où on pourrait enfin penser à nous mêmes. La destination est la même, le chemin est différent, je ne sais pas lequel est le bon : autant emprunter les 2 à la fois :) en prenant juste garde de ne pas se perdre en chemin.

Non Non, je ne parle pas pour rien dire... :)

lundi 13 janvier 2014

Amitié et désaccord

Petit sujet banal ce soir, tellement banal que je me demande si je l'ai pas déjà traité ! Je verrai l'évolution comme ça... Allez, ce soir je mets l'amitié en équation :D

Comment réagit on face à un désaccord, comment devrait on réagir?
Quand on est en désaccord avec un ami, que fait on? On joue la carte de la franchise, on lui dit ses 4 vérités pour le remettre sur le "droit chemin", on le soutient inconditionnellement dans ses choix, on l'accepte comme il est?

La franchise a l'avantage d'être directe, mais bon, au final ça revient à se poser comme supérieur à l'autre : on sait mieux que l'autre ce qui est bien pour lui, on lui indique où sont ses erreurs, comment faire mieux. Ce qui peut être le cas! Donc l'intention reste louable, même si elle dénote un certain sentiment de supériorité (qui peut être légitime : plus d'expérience, de connaissances..etc...) L'ingérence, même si elle part d'une très bonne intention, n'est pas ma solution préférée. Ça revient aussi à plier l'autre à sa propre volonté.

Le soutien inconditionnel, vraiment inconditionnel, est réservé je pense à l'amour filiale. Les parents doivent même impérativement laisser leurs enfants commettre leurs propres erreurs, en se gardant de les surprotéger (alors qu'ils sont légitimement bien placés la plupart du temps pour mieux savoir que leurs enfants ce qui est bon pour eux). Je pense que toutes les autres relations sont "conditionnelles". Elles dépendent d'un équilibre, ou plutôt d'un déséquilibre constant, tout comme la marche est une chute constante. Même si je suis le premier à vouloir bâtir sur ma vie sur des principes, à voir dans l'amitié une valeur forte, j'aimerai croire aux serments d'amitié et d'amour... mais bon, après ça transforme tout en question d'honneur : la relation ne tient plus qu'au serment et à la fidélité qu'on entretient vis à vis du serment, et plus de la personne (mais c'est sans doute le secret des relations les plus solides)

L'accepter comme il est, facile lorsque le désaccord est léger, plus compliqué lorsque le désaccord est profond, irrite, touche aux valeurs fondamentales (qu'on ne connaît pas forcément bien avant de les rencontrer). Après, la politique de l'autruche reste facile : on peut toujours jouer aux aveugles et éviter les sujets qui fâchent... mais l'amitié est elle encore présente dans ce cas?

Au final, je pense que notre comportement dépend essentiellement de 2 facteurs (en plus de la personnalité) :
- l'intensité du désaccord : est ce que ça touche un principe sacré chez nous? dont la seule possibilité de manque de respect nous met hors de nous, nous irrite?
- notre attachement à la relation : que suis je prêt à perdre pour cette relation?

Mais bon, avant tout il y a la personnalité : un intrusif donnera toujours des conseils, dira que sa franchise est une qualité. Mais si elle est sans réelle écoute (difficile à mesurer : se déclarer de bonne écoute, c'est comme se déclarer humble...), la franchise relève plus de l'égoïsme : on plie l'autre pour qu'il reste dans l'image qu'on a de lui. Et inversement, un passif, une personne sans caractère prononcé n'aura jamais d'avis sur rien, n'osera jamais dire aux autres ce qu'il pense de leur comportement... voire il n'en pensera rien (merde, pour un peu je m'y reconnaîtrai ! ... pour un peu seulement)

Ensuite, si le désaccord est faible ou l'amitié faible, la politique de l'autruche sera facile. Je ne vais sermonner un ami parce qu'il a fraudé le fisc, mal parler à sa mère ou que sais je... et je ne vais pas forcément embrasser toutes les causes humanitaires et dénoncer tous les crimes contre l'humanité : bref, la plupart du temps, les inconnus peuvent faire ce qu'il veulent, on s'en fout. On est dans une forme d'acceptation passive.

Après, plus le désaccord augmente, plus on sera touché, moins on pourra supporter la situation, jusqu'à toujours des valeurs sacrés : peut on être ami avec un tueur? avec un homme qui bat sa femme? avec un fraudeur de grande envergure? sans lui ressembler un peu... un peu moins grave, peut on rester ami avec quelqu'un qui s'engage dans une secte, qui change de religion et devient fanatique? avec quelqu'un qui se perd dans la drogue, l'alcool, le jeu...? La meilleure solution reste sans doute le dialogue : il ne s'agit pas de convaincre la personne, il s'agit plutôt de voir si la personne peut nous convaincre. c'est cela écouter. On n'est pas en train d'écouter pour mieux contrer, pour pousser dans les derniers retranchements (là je me reconnais bel et bien... parlons au passé :p), mais pour essayer de se faire convaincre, ou au moins d'accepter.
Et si on n'est pas convaincu? Reste 2 solutions : la fuite ou la claque.
La fuite, consiste à simplement faire une croix sur l'amitié : les bornes ont été franchies, impossible de voir un ami derrière un comportement qui heurte trop profondément notre sensibilité (à supposer qu'on ne veuille/puisse pas en changer).
La claque consiste à dire ses 4 vérités à l'ami en question. Et en fait on en arrive là par un sursaut d'égoïsme en quelque sorte (et la boucle est bouclée) : on passe outre notre désir de non-ingérence, notre désir d'accepter l'autre comme il est, de simplement échanger et s'enrichir de cet échange, sans chercher à dominer l'autre, à le manipuler. On passe outre ce désir simplement parce qu'on souhaite "à tout prix" conserver cette relation, et on préfère sacrifier notre vision générale de l'amitié (accepter l'autre tel qu'il est) sur ce cas particulier (cet ami là vau le coup d'enfreindre mes propres règles). Et on préfère donner une dernière chance à cette amitié, ou simplement on ne souhaite pas prendre la décision de la rupture : on laisse ce choix à l'autre en lui mettant une claque tellement forte qu'il devra choisir entre se ranger de notre côté (accepter la claque) ou affirmer sa position, et refuser qu'un ami cherche à lui dicter sa conduite. Sorte de chantage, mais bon, un chantage peut juste être un constat, un avertissement... tout dépend de l'intention et de la sincérité.

Il y a une certaine logique derrière tout ça : plus la relation nous est chère, plus on devient égoïste, moins on a envie de la perdre. Et plus on est prêt à sacrifier ses principes, ses valeurs, sa sagesse...Même si c'est, comme bien souvent, le contraire qu'il faudrait faire.

Le parallèle reste vrai je pense entre les peuples : l'ingérence est à mon sens une erreur. Mieux vaut miser sur l'exemplarité si on souhaite faire bouger les choses en respectant l'autre. Et les échanges permettent de découvrir cette exemplarité, pas de l'imposer. Que doit faire un peuple face à un autre qui ne respecte pas les droits de l'homme ? autruche, ingérence, sermon, distance? Ma foi, les relations commerciales ont souvent le dessus (les intérêts plutôt que les amitiés ou les valeurs), et poussent à faire l'autruche. Mais dans certains cas, lorsque les nations ont un sens du sacré plus développé, les réactions changent et on voit plus d'ingérence : cas des religieux (croisades et islam pour ne citer que ces exemples), cas du terrorisme.. bref, on voit plus de guerres.

Conclusion (ça commence à faire long), l'échange et surtout l'écoute reste le chemin à suivre... si l'on veut être raisonnable et loin des passions... et la passion se retrouve cantonnée aux cas extrêmes (désaccord profond menant à une rupture). Mais on peut faire le choix de tout vivre de manière passionnée !

vendredi 10 janvier 2014

Privatisons la santé !

Ha merde, c'est déjà fait !

Toujours les mêmes lectures, toujours inspiré de Nexus :)

Que ne faudrait il pas privatiser en fait ?
Ce qui doit échapper aux lois de la concurrence, ce qui doit être un bien commun, un service public, ce qui ne doit être ôté à personne, ce qui risque de se prêter à des dérives incontrôlables. Ceci devrait être un principe de précaution, ne serait ce que pour éviter une décadence de plus à la longue listes des civilisations humaines...

Certes les privatisations (partielles ou complètes) apportent de l'énergie, du mouvement : l'obligation de se renouveler, de bouger pour survivre. Mais ce mouvement est souvent destructeur, en tout cas ces dernières années, les riches étant sans doute de moins en moins philanthropes.

On a quand même réussi à privatiser la santé (cliniques privées et surtout laboratoires), bien commun par excellence (il reste quoi au dessus de ça? l'oxygène? la liberté?)
Dommage, ses caractéristiques auraient du le protéger de cette ouverture :
- il est difficile de renoncer à ce bien, de trouver un remède trop cher pour soi : il n'y a pas d'équilibre offre/demande, la demande est constante et quasi-absolue, quelle que soit l'offre.
- la fidélisation du client, recherchée par toute entreprise, passe malheureusement par l'entretien de la maladie (dommage qu'on cherche davantage à soigner qu'à entretenir une bonne santé)
- la recherche de profit poussera les labo à chercher des traitements pour les maladies des pays riches plutôt que des vaccins pour les pauvres ou pour les maladies trop peu répandues. On a mécaniquement fait de la santé un produit de luxe

Enfin, heureusement, tout n'est sans doute pas si noir, il existe toujours des chercheurs (et des entreprises?) motivés par autre chose que l'argent et le marché (mais il est toujours difficile de résister aux sirènes qui nous entourent...). D'ailleurs les labos ne sont pas aussi capitalistes que ça, la preuve, les chercheurs ne sont pas intéressés -que je sache- par le résultat de leurs recherches : que ce soit les résultats financiers ou humains. Le chercheur qui mettra au point un vaccin contre le sida rendra sans doute milliardaire son entreprise et sauvera des millions de vie, mais tout ce qu'il percevra en échange, ça sera son salaire (allez, et peut être un prix Nobel). Étrange cette différence de comportement par rapport à un trader par exemple :)

Une fois qu'on a privatisé ça tout en s'affranchissant d'un quelconque serment (qui constituait une barrière de principe aux dérives), sans même une compensation à un quelconque service public -que je sache- comment s'étonner des autres privatisations? eau, énergie, logement, transport, éducation, travail... sont ce des biens vitaux? Pas autant que la santé...

Toute privatisation mène à une certaine privation : la privatisation recherche un profit. Il n'est pas intéressant de répondre à toutes les demandes, il est intéressant de rechercher l'équilibre offre/demande le plus rentable, et donc de laisser une partie de la demande sur le côté. Poussée à l'extrême, la logique de l'offre et de la demande conduit au marché du luxe : beaucoup de richesses pour peu de monde, et son opposé est le communisme : le même bien partagé par tous. Ce n'est d'ailleurs sans doute pas un hasard si le marché du luxe se porte si bien... Les extrêmes (les 2) ne sont jamais bons, mais j'ai l'impression qu'on se rapproche de plus en plus de l'un des 2 au fil des années : futur mouvement de balancier à prévoir?

Le meilleur moyen de "lutter" contre la privatisation reste donc l'abondance : avec l'abondance, plus de manque, plus d'équilibre offre/demande. Le salut passera peut être par là, le jour où le progrès apportera une abondance naturelle : lorsque chacun pourra répondre à sa propre demande simplement avec ses propres moyens.

Mais bon, si le revers de la médaille de la privatisation est une lutte des classes exacerbée pour obtenir un pouvoir, pour obtenir la richesse, quitte à détruire sur son chemin, le revers du communisme est un immobilisme total. A chacun sa corruption. Les systèmes sont à l'image de l'homme (et si nous sommes à l'image de Dieu, ça promet pour lui...)

[C'était fastidieux ce soir... lié à la fatigue ou à la réflexion? Plus les idées sont nettes et naturelles, plus le texte doit couler sans doute...]


vendredi 3 janvier 2014

Les systèmes coupables n'admettent pas l'innocence

Tiré de L'Hommes des Jeux de Iain M. Banks.

Trait fondamentalement humain je dirais : l'homme n'aime pas être mis en situation d'infériorité. Formidable moteur à l'origine de l'esprit de compétition, de beaucoup de progrès et du désir de surpasser l'autre, avant même de vouloir se surpasser (désir plus simple).

Mais chaque médaille a son revers. Et la saine motivation peut se transformer rapidement en soif de destruction.
L'autre est meilleur que moi? Je n'ai pas la force, l'envie de me mettre à son niveau : détruisons-le !

Soit on arrive à prendre une certaine distance par rapport à l'autre, histoire de ne pas prendre l'existence de l'autre comme un affront personnel, soit on le prend comme un exemple à suivre, un encouragement sur une voie à poursuivre... sinon, le côté sombre de l'être humain prendra le dessus. La simple existence de quelque chose de mieux nous renverra à nos limites, à nos défauts. Ceci est difficilement supportable dans ces conditions : il ne reste qu'à fermer les yeux ou à détruire cet objet.

Un système coupable est par définition limité, et ne cherche pas à tendre vers plus d'égalité, d'innocence. La vision d'un innocent lui sera insupportable. Il l'accusera souvent de ses propres maux, le transfert étant plus facile que de chercher ailleurs.

Même phénomène à l'échelle individuelle (mais largement amplifié par tout effet de masse) : une assemblée de personnes ne payant pas la redevance sera outrée de voir quelqu'un la payer, idem pour les excès de vitesse, le respect des règles de bonne conduite... On tournera souvent en ridicule ces innocents plutôt que de les prendre en modèle.
Même chose pour les qualités physiques : la jalousie entraîne souvent la raillerie, le commérage...
Pareil pour les qualités morales : mais plutôt que de tourner ces gens en ridicules, on préférera souvent les éviter (à moins bien sûr de supporter la comparaison...). On ne comprendra pas les gens qui donnent de leur temps et de leur argent à des personnes plus démunis alors que nous même ne le faisons pas.

Et les modèles, plutôt que de sentir encouragés, appréciés, se sentent rejetés, remis en cause. Triste conséquence de cette mesquinerie humaine. Il suffirait de s'en détacher pour simplement apprécier la compagnie du modèle, même s'il nous est inaccessible (tout le monde n'est pas capable des mêmes choses... nous ne naissons pas égaux...), l'envier positivement.


Cette règle s'applique aussi aux états, qui ne supportent pas les régimes plus libertaires, plus justes, moins corrompus qu'eux mêmes, aux entreprises et aux systèmes économiques.

Je sens qu'il va être dur d'être un idéaliste optimiste en 2014 ! :)

mercredi 1 janvier 2014

Celui qui n'est plus ton ami ne l'a jamais été

Petite citation de Aristote reprise par Shakespeare.

Amusante dans sa façon de considérer le temps, les causes et conséquences : une cause présente a une conséquence antérieure.
Le passé ne se mesure qu'à l'aune du présent, et le présent que par rapport au futur.
Ça renvoie aussi un peu à Big Brother : qui contrôle le passé contrôle le futur, qui contrôle le présent contrôle le passé.

A chaque instant on peut refaire son passé, se réinventer, c'est même le propre de l'homme... pour ne pas devenir fou :), pour conserver une certaine stabilité, pour ne pas trop se remettre en question...

Autre interprétation : tout est dans tout, le temps n'existe pas. Simplement on n'y accède pas, alors on se contente d'une illusion, d'une hypothèse. On ne sait pas encore que cette personne se trahira et ne sera plus notre ami, en attendant on le considère comme tel, et on se persuade de l'illusion que ce statut est acquis...

Dernière interprétation, ou plutôt conduite à tenir : pleine de principe et de rigidité (droiture?). Donner son amitié pour ne jamais la reprendre, forger son futur à partir de ses décisions présentes. Ceci évite d'avoir à refaire son passé, au prix d'une rigidité plus affirmée. La stabilité de la personnalité n'est plus une illusion, mais une prison : on devient prisonnier de ses décisions.

Bref, on a le choix. D'un côté, l'insouciance, comblée par les mécanismes naturelles de l'homme, de son inconscient : sa capacité à refaire son passé, à le considérer différemment au regarde de nouvelles connaissances. De l'autre, la rigueur qui nous enferme dans des paroles données, des positions prises.

Où est le juste milieu? Dans l'abandon des notions qui projettent dans l'avenir, impossible à maîtriser, dans l'acceptation des limites de nos connaissances, dans l'acceptation de notre simple capacité à prendre les choses comme elles viennent, au jour le jour, sans possibilité de se projeter?
Nous devons constamment faire des paris sur cet avenir incertain, c'est bien la seule façon d'avancer, de construire... ou du moins de s'en donner l'illusion. Le tout est de garder en tête que ce ne sont que des paris, et d'accepter d'en perdre un certain nombre, sans s'y arrêter, sans se culpabiliser, sans baisser la tête.