lundi 13 janvier 2014

Amitié et désaccord

Petit sujet banal ce soir, tellement banal que je me demande si je l'ai pas déjà traité ! Je verrai l'évolution comme ça... Allez, ce soir je mets l'amitié en équation :D

Comment réagit on face à un désaccord, comment devrait on réagir?
Quand on est en désaccord avec un ami, que fait on? On joue la carte de la franchise, on lui dit ses 4 vérités pour le remettre sur le "droit chemin", on le soutient inconditionnellement dans ses choix, on l'accepte comme il est?

La franchise a l'avantage d'être directe, mais bon, au final ça revient à se poser comme supérieur à l'autre : on sait mieux que l'autre ce qui est bien pour lui, on lui indique où sont ses erreurs, comment faire mieux. Ce qui peut être le cas! Donc l'intention reste louable, même si elle dénote un certain sentiment de supériorité (qui peut être légitime : plus d'expérience, de connaissances..etc...) L'ingérence, même si elle part d'une très bonne intention, n'est pas ma solution préférée. Ça revient aussi à plier l'autre à sa propre volonté.

Le soutien inconditionnel, vraiment inconditionnel, est réservé je pense à l'amour filiale. Les parents doivent même impérativement laisser leurs enfants commettre leurs propres erreurs, en se gardant de les surprotéger (alors qu'ils sont légitimement bien placés la plupart du temps pour mieux savoir que leurs enfants ce qui est bon pour eux). Je pense que toutes les autres relations sont "conditionnelles". Elles dépendent d'un équilibre, ou plutôt d'un déséquilibre constant, tout comme la marche est une chute constante. Même si je suis le premier à vouloir bâtir sur ma vie sur des principes, à voir dans l'amitié une valeur forte, j'aimerai croire aux serments d'amitié et d'amour... mais bon, après ça transforme tout en question d'honneur : la relation ne tient plus qu'au serment et à la fidélité qu'on entretient vis à vis du serment, et plus de la personne (mais c'est sans doute le secret des relations les plus solides)

L'accepter comme il est, facile lorsque le désaccord est léger, plus compliqué lorsque le désaccord est profond, irrite, touche aux valeurs fondamentales (qu'on ne connaît pas forcément bien avant de les rencontrer). Après, la politique de l'autruche reste facile : on peut toujours jouer aux aveugles et éviter les sujets qui fâchent... mais l'amitié est elle encore présente dans ce cas?

Au final, je pense que notre comportement dépend essentiellement de 2 facteurs (en plus de la personnalité) :
- l'intensité du désaccord : est ce que ça touche un principe sacré chez nous? dont la seule possibilité de manque de respect nous met hors de nous, nous irrite?
- notre attachement à la relation : que suis je prêt à perdre pour cette relation?

Mais bon, avant tout il y a la personnalité : un intrusif donnera toujours des conseils, dira que sa franchise est une qualité. Mais si elle est sans réelle écoute (difficile à mesurer : se déclarer de bonne écoute, c'est comme se déclarer humble...), la franchise relève plus de l'égoïsme : on plie l'autre pour qu'il reste dans l'image qu'on a de lui. Et inversement, un passif, une personne sans caractère prononcé n'aura jamais d'avis sur rien, n'osera jamais dire aux autres ce qu'il pense de leur comportement... voire il n'en pensera rien (merde, pour un peu je m'y reconnaîtrai ! ... pour un peu seulement)

Ensuite, si le désaccord est faible ou l'amitié faible, la politique de l'autruche sera facile. Je ne vais sermonner un ami parce qu'il a fraudé le fisc, mal parler à sa mère ou que sais je... et je ne vais pas forcément embrasser toutes les causes humanitaires et dénoncer tous les crimes contre l'humanité : bref, la plupart du temps, les inconnus peuvent faire ce qu'il veulent, on s'en fout. On est dans une forme d'acceptation passive.

Après, plus le désaccord augmente, plus on sera touché, moins on pourra supporter la situation, jusqu'à toujours des valeurs sacrés : peut on être ami avec un tueur? avec un homme qui bat sa femme? avec un fraudeur de grande envergure? sans lui ressembler un peu... un peu moins grave, peut on rester ami avec quelqu'un qui s'engage dans une secte, qui change de religion et devient fanatique? avec quelqu'un qui se perd dans la drogue, l'alcool, le jeu...? La meilleure solution reste sans doute le dialogue : il ne s'agit pas de convaincre la personne, il s'agit plutôt de voir si la personne peut nous convaincre. c'est cela écouter. On n'est pas en train d'écouter pour mieux contrer, pour pousser dans les derniers retranchements (là je me reconnais bel et bien... parlons au passé :p), mais pour essayer de se faire convaincre, ou au moins d'accepter.
Et si on n'est pas convaincu? Reste 2 solutions : la fuite ou la claque.
La fuite, consiste à simplement faire une croix sur l'amitié : les bornes ont été franchies, impossible de voir un ami derrière un comportement qui heurte trop profondément notre sensibilité (à supposer qu'on ne veuille/puisse pas en changer).
La claque consiste à dire ses 4 vérités à l'ami en question. Et en fait on en arrive là par un sursaut d'égoïsme en quelque sorte (et la boucle est bouclée) : on passe outre notre désir de non-ingérence, notre désir d'accepter l'autre comme il est, de simplement échanger et s'enrichir de cet échange, sans chercher à dominer l'autre, à le manipuler. On passe outre ce désir simplement parce qu'on souhaite "à tout prix" conserver cette relation, et on préfère sacrifier notre vision générale de l'amitié (accepter l'autre tel qu'il est) sur ce cas particulier (cet ami là vau le coup d'enfreindre mes propres règles). Et on préfère donner une dernière chance à cette amitié, ou simplement on ne souhaite pas prendre la décision de la rupture : on laisse ce choix à l'autre en lui mettant une claque tellement forte qu'il devra choisir entre se ranger de notre côté (accepter la claque) ou affirmer sa position, et refuser qu'un ami cherche à lui dicter sa conduite. Sorte de chantage, mais bon, un chantage peut juste être un constat, un avertissement... tout dépend de l'intention et de la sincérité.

Il y a une certaine logique derrière tout ça : plus la relation nous est chère, plus on devient égoïste, moins on a envie de la perdre. Et plus on est prêt à sacrifier ses principes, ses valeurs, sa sagesse...Même si c'est, comme bien souvent, le contraire qu'il faudrait faire.

Le parallèle reste vrai je pense entre les peuples : l'ingérence est à mon sens une erreur. Mieux vaut miser sur l'exemplarité si on souhaite faire bouger les choses en respectant l'autre. Et les échanges permettent de découvrir cette exemplarité, pas de l'imposer. Que doit faire un peuple face à un autre qui ne respecte pas les droits de l'homme ? autruche, ingérence, sermon, distance? Ma foi, les relations commerciales ont souvent le dessus (les intérêts plutôt que les amitiés ou les valeurs), et poussent à faire l'autruche. Mais dans certains cas, lorsque les nations ont un sens du sacré plus développé, les réactions changent et on voit plus d'ingérence : cas des religieux (croisades et islam pour ne citer que ces exemples), cas du terrorisme.. bref, on voit plus de guerres.

Conclusion (ça commence à faire long), l'échange et surtout l'écoute reste le chemin à suivre... si l'on veut être raisonnable et loin des passions... et la passion se retrouve cantonnée aux cas extrêmes (désaccord profond menant à une rupture). Mais on peut faire le choix de tout vivre de manière passionnée !

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