vendredi 3 janvier 2014

Les systèmes coupables n'admettent pas l'innocence

Tiré de L'Hommes des Jeux de Iain M. Banks.

Trait fondamentalement humain je dirais : l'homme n'aime pas être mis en situation d'infériorité. Formidable moteur à l'origine de l'esprit de compétition, de beaucoup de progrès et du désir de surpasser l'autre, avant même de vouloir se surpasser (désir plus simple).

Mais chaque médaille a son revers. Et la saine motivation peut se transformer rapidement en soif de destruction.
L'autre est meilleur que moi? Je n'ai pas la force, l'envie de me mettre à son niveau : détruisons-le !

Soit on arrive à prendre une certaine distance par rapport à l'autre, histoire de ne pas prendre l'existence de l'autre comme un affront personnel, soit on le prend comme un exemple à suivre, un encouragement sur une voie à poursuivre... sinon, le côté sombre de l'être humain prendra le dessus. La simple existence de quelque chose de mieux nous renverra à nos limites, à nos défauts. Ceci est difficilement supportable dans ces conditions : il ne reste qu'à fermer les yeux ou à détruire cet objet.

Un système coupable est par définition limité, et ne cherche pas à tendre vers plus d'égalité, d'innocence. La vision d'un innocent lui sera insupportable. Il l'accusera souvent de ses propres maux, le transfert étant plus facile que de chercher ailleurs.

Même phénomène à l'échelle individuelle (mais largement amplifié par tout effet de masse) : une assemblée de personnes ne payant pas la redevance sera outrée de voir quelqu'un la payer, idem pour les excès de vitesse, le respect des règles de bonne conduite... On tournera souvent en ridicule ces innocents plutôt que de les prendre en modèle.
Même chose pour les qualités physiques : la jalousie entraîne souvent la raillerie, le commérage...
Pareil pour les qualités morales : mais plutôt que de tourner ces gens en ridicules, on préférera souvent les éviter (à moins bien sûr de supporter la comparaison...). On ne comprendra pas les gens qui donnent de leur temps et de leur argent à des personnes plus démunis alors que nous même ne le faisons pas.

Et les modèles, plutôt que de sentir encouragés, appréciés, se sentent rejetés, remis en cause. Triste conséquence de cette mesquinerie humaine. Il suffirait de s'en détacher pour simplement apprécier la compagnie du modèle, même s'il nous est inaccessible (tout le monde n'est pas capable des mêmes choses... nous ne naissons pas égaux...), l'envier positivement.


Cette règle s'applique aussi aux états, qui ne supportent pas les régimes plus libertaires, plus justes, moins corrompus qu'eux mêmes, aux entreprises et aux systèmes économiques.

Je sens qu'il va être dur d'être un idéaliste optimiste en 2014 ! :)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire