mercredi 30 octobre 2013

Je crois aussi qu'il vaut mieux être hardi que prudent, car la fortune est femme, et il est nécessaire pour la tenir soumise, de la battre et de la maltraiter.

Et l'on voit communément qu'elle se laisse plutôt convaincre de ceux-là, que des autres qui procèdent froidement. Ce pourquoi elle est toujours amie des jeunes gens comme une femme qu'elle est, parce qu'ils sont moins respectueux, plus violents et plus audacieux à la commander.
Nicolas Machiavel "Le Prince"

Une citation comme ça ne peut que faire réagir, au delà du sourire qu'elle provoque :) Bon essayons de passer sur le coté misogyne, lié à l'époque certainement et de voir au delà de ce premier choc :)
Déjà, je fais partie de ceux qui pensent que les femmes, généralement, sont davantage attirés par les rebelles, les aventuriers, les "machos" qui en effet prennent les choses en main et les séduisent, les conquièrent. Après tout, je les comprend bien : pourquoi désirer la routine lorsqu'on peut avoir l'aventure et la surprise, pourquoi chercher à prendre le contrôle lorsqu'on peut se contenter de suivre ? Bon, heureusement pour moi, toutes ne pensent pas comme ça, et il y a d'autres traits recherchés, plus ou moins incompatibles avec ceux-ci (sécurité, fiabilité...etc...)
Mais bon, l'analogie n'est peut être là que pour faire réagir (quoique, j'en doute pour l'avoir lu), et la deuxième partie de la citation parle de la fortune, et non pas des femmes !
Et la fortune sourit aux audacieux, n'est il pas? C'est bien tout ce qui est dit là, en traduisant l'audace par une certaine hardiesse, un certain culot et un peu de violence : il faut prendre ce qu'on souhaite, ça reste le meilleur moyen de provoquer la chance :) Il faut commander et ne pas rester simple spectateur prudent.

Et tu verras toujours que celui qui n'est pas ton ami te priera de demeurer neutre, et celui qui t'est ami te demandera de te découvrir par les armes.

Autre citation de Machiavel, dans la même veine je trouve. Il s'agit d'agir, à découvert d'ailleurs, à se demander d'où vient le terme machiavélique. La neutralité, d'après lui n'amène rien de bon sur le long terme (bon, la Suisse aurait tendance à prouver le contraire de nos jours) : elle ne crée pas d'amitiés ou de rapport d'obligation, elle ne crée que suspicion et doute. On se méfie des gens neutres, eux sont potentiellement machiavéliques et peuvent rompre cette neutralité à tout moment.
Alors que la franchise a le mérite de souder des amitiés et des traités. Certes on peut y perdre quelques plumes,e t se faire entraîner dans la défaite de notre allié, mais au moins on gagne une amitié, un compagnon d'(in)fortune, qui pourra se relever...
Celui qui reste neutre sera, sans dignité la récompense du vainqueur (Tite-Live, approximativement).
Je pense que ce conseil s'applique à toute chose, et pas seulement aux affaires d'état et à la guerre.
Il vaut mieux prendre parti, user de sa responsabilité et de sa conscience, après tout c'est le jeu de la vie, et faire preuve de dignité donc :)

mardi 29 octobre 2013

On voyage à la vitesse de la lumière...

Petite réflexion qu'on m'a faite récemment (et parce que j'ai pas le temps de me lancer dans un grand sujet).

Bon je crois qu'il n'y a rien de scientifiquement prouvé, il faut plus le voir comme une interprétation possible ou plausible...

En fait nous voyageons dans notre univers à vitesse constante.
Ça serait même peut être un invariant dans notre univers : tout se déplace à vitesse constante, à la vitesse de la lumière. Nous nous déplaçons généralement dans la dimension temps (c'est ça l'espace temps), à une vitesse nulle dans l'espace.
Et c'est pour ça que lorsque nous nous déplaçons à des vitesse très élevées le temps ralentit pour nous, nous vieillissons moins vite : la vitesse est constante sur l'espace temps, à nous de choisir si on se déplace sur l'espace ou dans le temps.

J'aime bien cette approche de l'espace temps, qui nous fait voyager à la vitesse de la lumière sans rien faire :)

Sauf que voilà, nous ne savons que nous déplacer en avant dans le temps, nous ne savons pas faire demi-tour comme dans une autre dimension : nous sommes condamner à la fuite en avant (et quelle fuite !).

Mieux encore, placer le temps comme une dimension nous ramène vers certaines philosophies englobantes je trouve. Je suis capable de me dire que tout se passe en même temps sur la terre, que les choses soient liées ou pas, je définis un instantané et suis capable de l'appréhender, même si je ne peux être partout à la fois. Il est plus dur d'appréhender la totalité de ce qu'il se passe sur l'échelle du temps : puis je avoir une vision temporelle englobante? En fait on l'a déjà : ça s'appelle la mémoire, malheureusement elle ne fonctionne elle aussi que dans un sens : on ne se souvient pas du futur, il faudrait nous déplacer dans l'autre sens pour ça.

Dans mon instantané spatial, les causes, conséquences et influences sont nulles : je peux avoir une influence sur un autre espace, mais pas de manière instantanée, il faut le temps que la cause se propage dans l'espace. La cause étant avant tout un phénomène temporelle. Par contre, si je prends un instantané temporel, mon influence est instantanée sur mon futur (à défaut de l'être sur mon passé... puisque tout ne se déplace que dans un sens). Voilà où peut encore se cacher la notion de libre arbitre. L'instantané spatial rassemble des choses sans lien entre elles, sans causes et conséquences, le temps rajoute les notions de causes, conséquences et de libre arbitre (ou du moins sa possibilité) : la possibilité d'être la cause d'un futur.

Si j'ai ma vision englobante de l'espace, c'est parce que je m'imagine me déplacer à la vitesse de la lumière (voire plus?) dans l'espace et être capable de tout voir simultanément. L'équivalent est il de voyager à la vitesse de la lumière (voire plus?) dans le temps, ce que je suis déjà en train de faire ! Sauf qu'il est difficile de s'imaginer bouger dans le temps, même si nous le faisons déjà...

Et de la même manière que je ne peux savoir ce qu'il se passe à l'autre bout du monde qu'en y allant, je ne peux savoir ce qu'il se passe dans un autre temps qu'en y allant. La théorie ne me dit que ce qu'il pourrait se passer si j'avais la possibilité d'y être avant d'y aller :) ou sans y aller...

Bon je vais m'arrêter là avant de buter définitivement sur un nœud dans mon esprit...


vendredi 25 octobre 2013

On peut douter d'y parvenir, le principal est d'essayer. Et si, au pire, il faut échouer, il y a les berges ensoleillées.

Petit extrait d'une chanson de Elista. J'adore cette figure de style, et même jusqu'à son nom, le zeugma :)

Ode à l'énergie, au mouvement, à l'action, à l'audace ! en faisant fi des difficultés. La tentative vaut toujours mieux que le renoncement, la vie est là.
Et même derrière l'échec nous attend une récompense : le plaisir d'avoir essayé, le plaisir du courageux, l'expérience acquise, la certitude du choix porté jusqu'au bout, le doute disparaît et cesse de nous torturer...

mercredi 23 octobre 2013

Le bon sens doit toujours prévaloir sur la règle

"Citation" qu'on m'a rapportée d'un guide de l'AFNOR (Agence Française de NORmalisation)
Comme quoi l'AFNOR garde un peu les pieds sur terre d'une certaine manière, et admet (ou avoue?) ses limites et faiblesses.

La règle est toujours là pour le cas général : mais ce cas là n'existe pas, et n'est pas forcément le cas particulier que nous avons devant nous. Les règles ne servent qu'à éviter de réfléchir, à agir de manière prédéterminer, à éviter de prendre la moindre responsabilité. Une fois que la règle est là, on peut se contenter de la suivre aveuglément. Et c'est bien là le défaut de toutes les normes et de la Qualité en général. Ça fait perdre le bon sens à tous ceux qui les pratiquent un peu trop.

Dommage que les entreprises (et les hommes en général) n'aient pas souvent ce bon sens d'appliquer ce précepte de l'AFNOR. Mais user de bon sens est fatigant et risqué car responsabilisant.

Reste à définir le bon sens (pas sûr que l'AFNOR le fasse). Est-ce juste avoir conscience de la situation et anticiper quelques conséquences en se basant sur notre connaissance et notre intelligence, en étant critique, en faisant table rase du cadre, des habitudes et des pré conditionnements?
Ma foi, cette définition m'arrange bien :)

mardi 22 octobre 2013

Argumentaire et débat : confrontation et affrontement

Le sujet me trotte dans la tête depuis un petit moment, ça promet d'être brouillon (enfin vu que quand je veux faire court ça part dans tous les sens, si ça se trouve, là ça va être clair et synthétique) -j'en viens même à me demander si je n'ai pas déjà écrit un article de ce genre...-

Bref, petites réflexions sur les débats, discussions, argumentations qu'on peut tous avoir (surtout moi :))

A quoi doit servir une discussion? Il peut y avoir plusieurs objectifs : découvrir l'autre, découvrir de nouvelles choses, se découvrir... ça, ce sont pour les objectifs "nobles", mais le gros problème est que souvent on se laisse emporter dans la rhétorique.

Le principal écueil est bien celui-ci : virer à l'affrontement, ou au ping-pong ou chacun son tour on essaye d’asseoir une position dominante sur l'autre, de détruire ses arguments, ou de montrer la force des siens. Ce mouvement est naturel dans la mesure où le jeu est très stimulant et très jouissif. Il fait appel à nos instincts primaires et les récompenses sont tout aussi primaires mais n'en sont pas moins extrêmement plaisantes, au plus niveau de notre être, dans nos plus profonds instincts. C'est stimulant d'essayer de maintenir sa position et de faire vaciller l'autre, tout à tour, argument après argument. Et c'est jouissif de finir en position de force, avec le dernier mot. On en vient à chercher la victoire par KO, à tuer l'autre. On est emporté dans notre élan, on ne se rend plus compte de rien, on ne maîtrise plus rien, ce sont les meilleurs conditions pour faire apparaître un peu de mauvaise foi, pour ne plus reconnaître ses torts... C'est d'autant plus facile de  se laisser emporter dans cet élan que l'autre nous y invite aussi : soit il éprouve le même plaisir vers la victoire par KO, soit il se sent menacé. Mais dans cette position un autre instinct le fera réagir tout aussi sauvagement : l'instinct de survie. Bref, nous pouvons nous retrouver avec 2 dominants face à face, prenant plaisir dans la lutte, ou alors un dominant face à un opprimé, qui luttera pour sa survie, pour exister. La lutte sera féroce dans les 2 cas. Dans tous les rapports humains, il y a une pat de soi en jeu, et c'est bien cette part qui active nos bas instincts, qu'ils soient de survie ou de domination.

Malheureusement ce type de victoire ne sert pas à grand chose : l'autre sera juste KO, abasourdi, ne sera pas réellement convaincu pour autant. Ce n'est pas parce qu'il n'aura plus d'arguments qu'il estimera avoir tort, on ne convainc jamais réellement l'autre avec des arguments : changer d'opinion est un processus personnel, qui prend généralement du temps, le temps d'assimiler les différents éléments... Ceci se fait rarement en direct lors d'une conversation. Ça sera même contre-productif dans la mesure où l'autre gardera une certaine rancœur de cet affrontement, de cette défaite. La victoire ne sera que de courte durée, la rancœur et la vengeance viendront ensuite... Et ces sentiments occulteront toute réflexion postérieure sur le sujet : l'opposant ne sera sans doute même plus capable de reconnaître qu'il avait tort (pour peu que ce soit le cas). La réflexion est impossible lorsque les sentiments (et les ressentiments) sont présents.

L'objectif commun, qui a fait naître la discussion doit rester la préoccupation principale, et ne doit pas être remplacé par les instincts primaire de victoire, de domination, voire de destruction...

Reste à savoir quels sont ces objectifs communs. Et malheureusement, je pense que dans bien des cas, ils ne sont pas réellement communs, mais personne ne s'en rend compte.. jusqu'au clash. Les objectifs communs nobles, j'ai commencé à les citer :
- découvrir l'autre : en ce cas on est à l'écoute... mais pas seulement, on peut bien gratter pour mieux le découvrir. Mais pourquoi gratter là où ça fait mal? Certes, c'est une partie à découvrir, mais l'objectif commun était t'il la découverte de l'autre à tout prix? L'autre ne partage sans doute pas cet avis...
- progresser / affiner sa vision de la réalité : l'échange de points de vue permet d'agrandir son propre champ de vision, permet de s'approprier des réflexions, des observations rapidement, sans avoir à en faire une expérience personnelle. La confrontation permet de valider les observations et les réflexions, mais il faut rester humble et partir du principe que notre point de vue est aussi défendable / valable / vrai que celui de l'autre. Cette disposition d'esprit est un pré-requis pas si simple que ça à adopter. Et quand bien même on l'adopte, si un seul des 2 est dans cette position, la guerre apparaîtra tout de même, mais ne sera jugée féroce et violente que par un seul des 2 protagonistes.
Les autres objectifs, à mon sens, sont rarement nobles, mais partent dès le début dans une mauvaise direction : s'imposer, convaincre... que ce soit pour flatter son ego ou rabaisser l'autre (ce qui revient au même) : de tes objectifs ne peuvent être partagés. Il y a donc un peu de mauvaise foi (ou de manipulation malsaine) dès le début, les bases sont biaisées (sans qu'on l'admette forcément).

Mais bon, tout ça c'est la théorie : comment savoir en pratique lorsqu'on arrive à l'état de guerre, lorsque la confrontation se transforme en affrontement? Cet état pouvant même être atteint par l'une des 2 personnes sans que l'autre ne s'en aperçoive : la déclaration de guerre n'est pas forcément simultanée :)
On peut s'arrêter dès les premiers échanges d'arguments en mode ping-pong. C'est certes un mauvais signe dans la conversation. Mais je crains que ceci soit un peu prématuré. Cet échange est normal lorsqu'il est encore maîtrisé. Il permet la confrontation d'idées, il faut bien descendre un peu plus profondément dans les réflexions et les exemples pour comprendre...
Le mieux, qui me vient à l'esprit ce soir, est de s'arrêter lorsqu'on considère que l'autre s'est décrédibilisé par ses arguments ou sa réflexion, lorsque nous estimons qu'il est dans une position de faiblesse. Ce jugement n'est que personnel bien entendu, et peut refléter au contraire notre manque d'objectivité et notre manque de clairvoyance et de réflexion. Il y a même fort à parier que ce jugement est partagé : à ce stade là, l'autre doit certainement nous voir aussi en position de faiblesse.
Et c'est à ce moment de crise bien particulier que tout doit basculer : devant une cible jugée affaiblie, nos instincts se réveillent sûrement : nous pouvons la pousser davantage dans ses retranchements avant de lui porter le coup de grâce. Et c'est bien à ce moment là qu'il faut se contrôler et s'arrêter... net.
Mais ceci ne suffit pas forcément : dans le cas hypothétique du sage discutant avec une personne se sentant attaquée, agressée, que se passe t'il? Le sage peut ne se rendre compte de rien et peu estimer la position de l'autre tout autant que la sienne, mais ses interrogations, ses doutes seront perçues par l'autre comme autant d'agressions. Ce cas est sans doute plus dur à déceler. Le sage est il condamnable dans ce cas là? Ma foi, la question de la culpabilité ou de la responsabilité ne se pose pas en ces termes : il faut être 2 pour la discussion, les 2 sont tout autant responsables.

Bref, j'en reviens toujours au même point : le tout est de développer sa conscience (et de s'entourer de personnes tout aussi conscientes... sinon il faut être conscient pour deux...). Sa conscience des choses, de l'autre, de sa perception, de soi-même. Ça reste le meilleur moyen de ne pas se mettre dans de telles situations. Même si on peut toujours se poser la question de savoir si cette conscience ne pousse pas vers l'immobilisme et l'inaction. Autre débat :)

samedi 19 octobre 2013

La vallée des larmes

Drôle de concept sur lequel je suis tombé, enfin c'est surtout le nom qui m'a attiré :)

Après recherche, cette vallée serait présente dans deux phénomènes : l'apprentissage et la réaction face à un changement.

En phase d'apprentissage, il s'agit du moment où on a l'impression de ne plus progresser, de ne plus apprendre, de stagner : on a atteint une sorte de palier. On va même jusqu'à avoir l'impression de reculer, de perdre quelques récents acquis. La confiance en soi s'effrite.
Il s'agirait en fait (ça m'arrange de le croire sur parole) d'une phase de repos du cerveau, de notre intellect : toute ceci se remodèle, afin d'intégrer l'important volume appris, durablement. Bref, ce sont enfin les effets à long terme de l'apprentissage qui se mettent en place, mais cette mise en place s'accompagne d'une impression de recul. C'est reculer pour mieux sauter.
Sauf que si on laisse cette impression de recul nous hanter, et bien nous nous arrêtons là et l'apprentissage n'aura servi à rien, nous le perdrons et retournerons à notre point de départ, voire plus bas. Et si nous persistons, alors nous repartons de plus belle.
D'où cette appellation de vallée sur une courbe d'apprentissage. D'où l'intérêt d'être soutenu et encouragé pendant cette période où nous aurons tendance à voir les choses en noires.

L'autre domaine d'apparition de ce terme, plus classiquement, est face à un changement, face à un choc, un traumatisme. Nous passons pas le déni, la colère, la peur, puis la tristesse avant de repartir dans un mouvement positif : acceptation, pardon et renouveau.
Le bas de la courbe, la vallée, apparaît pour faire la transition entre deux mouvements : l'un descendant, l'autre remontant. C'est le moment du déclic, où on fait véritablement notre deuil, où on se rend compte que le passé ne reviendra plus : le retour est impossible. On n'accepte pas encore tout, on ne va pas encore de l'avant, mais on réalise que le retour arrière est impossible, et on va se remettre en marche de manière hésitante pour commencer. Bref, c'est le moment de la tristesse, des larmes qui sortent toutes seules, le déclic s'opère souvent là.

L'explication donnée, il s'agit maintenant de voir dans quelle mesure ce phénomène se répète (ou non) constamment dans notre vie. Ne sommes nous pas sans arrêt en train de traverser ce genre de vallée (plus ou moins profondes), ne sommes nous pas sans arrêt en train d'apprendre?
Le plus notable pour moi dans cette histoire est cette explication (que je n'ai pas pu vérifier) : il s'agit du fonctionnement normal du cerveau, qui doit se reconfigurer en quelque sorte pour s'adapter à la nouvelle situation, que cette situation soit un choc ou le fruit d'un apprentissage. Cette reconfiguration va nous faire douter, va nous faire perdre davantage nos repères, va replacer au centre nos émotions. Sorte de lâcher prise dictée par la nature, la volonté est réduite, les émotions -et les larmes, le découragement ou l'absence de courage- l'emportent. La volonté s'est usée dans les phases précédentes, soit pour forcer l'apprentissage, soit pour opposer toute sorte d'obstacles au changement.
L'important est de réaliser qu'il ne s'agit que d'un cap mécanique à passer... et de le réaliser pour les autres aussi, pour mieux les aider mon enfant...

mardi 15 octobre 2013

La vie est un jeu

Trop commun pour être une citation, c'est juste la une d'un magazine :) (ça pourrait être bien que je lise l'article d'ailleurs :p)

Oui, la vie est un jeu (autant y aller franco), depuis qu'elle a perdu son caractère sacré, elle a perdu de sa superbe et de son sérieux. Tant mieux en un sens, ça la rend moins rigide, plus plaisante, plus libre. Trop la sacraliser la tuait, l'enfermait et ne créait plus que frustrations.
Bon par contre, comme souvent, on passe d'un extrême à l'autre (enfin, je suis persuadé qu'on va aller encore plus dans le côté extrême prochainement.. avec la multiplication des yolo / on ne vit qu'une fois), la vie a tellement perdu de son sacré que ce sont toutes les valeurs qui se sont écroulées avec : après tout, la valeur de la vie est une sorte d'étalon dans l'échelle de valeur non, et lorsque l'étalon ne vaut plus grand chose... Bref, pas là pour parler de ça ce soir, pas tout de suite en tout cas :)

Si la vie est un jeu, reste à déterminer si on est le jouet ou le joueur :) -pas pu m'empêcher de la replacer celle-là...
L'idée du jouet est un peu simpliste et ne mène pas à grand chose (même si elle est vraie) : jouet de Dieu(x), du destin... peu importe. Mais dans ce cas, ça ne changerait pas forcément grand chose, puisqu'en tant que jouet on ignore ce qui nous attend : un rôle nous est imposé, autant le jouer le plus intensément possible ! Faisons honneur au metteur en scène et à l'auteur, et en plus ça ne pourra que rendre la vie plus intéressante, plus intense. Autant voir sa vie comme une pièce de théâtre, et ne pas hésiter à surjouer. Ça fera réagir soit le metteur en scène (faut pas rêver...mais on sait jamais) soit le public / les autres acteurs, mais ça sera toujours plus sympa que de faire tapisserie.
Au final, on adopte tous différents rôles selon la situation : le rôle de l'employé modèle, du petit ami, du bon pote, du rebelle, de la brute, du comique... Sans aller jusqu'à dire que ce sont des masques, ce sont au moins des facettes de notre personnalités, qui révèlent notre personnalité profonde, par un de ses aspects du moins. Ce rôle, imposé par Dieu, le destin, notre éducation, la pression sociale.. peu importe : nous pouvons toujours le choisir, l'envoyer balader (même si c'est notre destin :) ). A nous de choisir ce que nous voulons jouer, comment nous voulons le jouer... et d'assumer les conséquences qui vont avec :)
En fait, le truc est là : la vie est un jeu, mais c'est nous qui en fixons les règles. Par contre ces règles ne s'appliquent qu'à nous -mais c'est déjà pas mal- et nous ne fixons ni les récompenses ni les punitions : la seule récompense réside dans un certain sens de l'honneur : le sentiment du devoir accompli, le sentiment d'avoir été fidèle à ses convictions, à ses règles, à ses principes. Nous fixons nos règles par rapport à ce que nous voulons être, par rapport à nos valeurs, voire par rapport à un objectif, à ce que nous voulons obtenir : souhaitons nous être quelqu'un de bien? souhaitons nous liberté? richesse? souhaitons nous être honnête? fiable? égoïste? martyr? sage? anarchiste? épicurien? hédoniste? artiste?... De ces choix découlent nos règles du jeu : personne ne nous forcera mieux que nous-mêmes à les respecter. Et ultime privilège, nous pourrons même changer les règles à loisir : il faudra juste assumer le poids du passé.
Nous fixons nos propres règles, mais de nous devons aussi intégrer dans notre comportement les règles des autres, de la société et des individus qui la composent. A chacun de les intégrer et de les respecter comme il l'entend, que ça soit par conviction ou par intérêt : car là, les récompenses et les punitions sont à peu près fixées : salaire, prison, confort... Et dans les cas extrêmes, nos propres règles supplantent totalement les règles de la société, nous transformant en yolo où une des principales règles consiste à ne pas se faire prendre... et où la punition, quelle qu'elle soit, ne fait plus peur du tout. Bon allez, j'arrête ma vieille morale là :)

Que la vie soit un jeu ou un art, que nous en soyons les joueurs, les artistes ou les acteurs, à nous de lui donner les formes, les valeurs et l'intensité qu'on souhaite.

Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon, vous n'en sortirez pas vivants !
(Bernard Fontenelle)

lundi 14 octobre 2013

La seule chose pire que d'être seul, c'est que les autres sachent que tu es seul.

Petit extrait -déprimant mais juste- de Misfits, qui me rappelle l'épisode de South Park avec facebook et le pauvre Kip Drordy.
La solitude est déjà pesante en soi, mais il y a en effet pire, c'est son effet : elle effraye les autres, enferme et crée davantage de solitude. Elle s'auto-entretient et crée au passage une sorte de honte. La richesse appelle la richesse, et la solitude appelle la solitude.

Le premier effet est lié à la marginalisation du solitaire : il est mis au ban, il n'est pas bien vu de se rapprocher d'un tel individu (cf Kip), le côté marginal est contagieux, les a priori voyagent vite, donc on s'écartera d'une telle personne, on l'évitera tant que possible. Une personne seule n'a donc aucun intérêt à le faire savoir si elle ne veut pas de ce statut de marginal. -Et je ne parle pas des effets sur l'ego, que la peur de la pitié peut inspirer...-
Le second effet est sans doute plus discutable, mais plus violent. On n'est jamais véritablement seul, on a toujours quelques connaissances/amis. Par contre, on ne tient pas à ce qu'ils connaissent notre degré de solitude : pourquoi? Pour deux raisons je pense, la première rejoint le paragraphe précédent : pour ne pas être perçu comme un marginal par ces proches, pour ne pas être abandonné par eux. L'autre raison tient peut être à l'ego : ne pas (s')avouer la dépendance qu'on peut avoir d'eux mêmes. Il n'est jamais agréable ni d'être dépendant de quelqu'un, ni d'être responsable de quelqu'un sans l'avoir demandé ! Que feriez vous demain si vous appreniez que la vie d'un ami dépendant de vous, de vos actions, de vos réactions? Ce poids, personne n'en veut je pense...

Dans cette époque où le bonheur est imposé, où il est déjà presque anormal de ne pas être heureux, ne pas être entouré est encore pire -à moins que ça soit choisi et que ça participe à notre bonheur- et est donc à l'origine d'un sentiment de honte. Le fardeau est déjà lourd, mais en plus il faut le cacher, mentir et faire comme si de rien n'était. Double peine. La sortie est évidente : il suffit de se prendre en main... en tout cas, c'est comme ça que les occidentaux voient les choses, ce qui a tendance à responsabiliser, et culpabiliser, davantage la victime. En Inde on voit les choses différemment paraît il : ce n'est pas à la personne de s'intégrer dans un groupe, d'aller vers eux, mais c'est au groupe d'accueillir la personne, de faire cet effort. Ce qui semble normal et logique : le groupe est plus fort, à lui donc de faire cet effort, qui lui pèsera nécessairement moins. Il reste encore beaucoup à apprendre de nos différences... il n'y a plus qu'a espérer qu'on retiendra le meilleur de nos différences :)

Selon les dernières études, entre une personne sur 10 et une sur 5 souffre de la solitude : ne cherchez pas bien loin, il y en a dans votre entourage... Et à cette personne sur 5 ou 10 : rassures toi, tu n'es pas seul : 1 personne sur 10, ça en fait du monde...

Si tu nous entends souviens-toi que t'es pas tout seul
Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals
Un peu bizarres et dans nos têtes y'a un blizzard
Teubés mystiques 
Losers au grand cœur
Il faut qu'on sonne l'alarme qu'on se retrouve
Qu'on se rejoigne et qu'on s'embrasse
Qu'on soit des milliards de mains sur des milliards d'épaules
(@Fauve)

mardi 8 octobre 2013

La source désapprouve presque toujours l’itinéraire du fleuve.

Citation qui m'est tombée dessus sans que je ne demande rien, sans que je la recherche, citation de Jean Cocteau.

Reste à s'amuser à l'interpréter, au-delà de la poésie et du mystère :)

Naïveté enfantine face aux contingences réalistes de la vie? L'itinéraire s'impose à la source, la volonté de la source est brisée par la suite. L'enfance est révolte par rapport au chemin tracé par les prédécesseurs : la source a un idéal autre que le chemin tout tracé. Mais au final, la source perd ce combat dans cette vision pessimiste : rares sont les fleuves qui sortent de leur lit comme ça.

Surprises de la vie? L'itinéraire n'est pas celui prévu par la source. Le futur est imprévisible et va souvent à l'encontre de nos prévisions, de nos estimations. Mais l'idée de désapprobation est plus forte.

Détachement et émancipation? Il s'agit juste d'inverser la vision du premier point, et de voir la source non plus comme l'enfant, mais comme le parent. La source a ses idées sur l'itinéraire, mais heureusement, en grandissant, en avançant, le fleuve s'écarte de ces idées, adopte les siennes propres, coupe le cordon d'une certaine manière.

Créature qui échappe à son créateur : pour le meilleur ou pour le pire. Le créateur perd son emprise sur la créature dès qu'il lui laisse un peu de liberté, et la créature peut aller à son encontre. Tour à tour créateur ou création, il reste à chacun de voir si notre changement de cap est positif ou non. Pour juger de cela, nous n'avons que notre esprit, notre conscience et notre moral.

Les deux visions, positives ou négatives semblent applicables... et conciliables. Il s'agit soit de voir la fleuve comme une force créatrice, échappant à sa destinée voulue par sa source, soit de voir le caractère inéluctable (ou presque) de l'itinéraire du fleuve. La citation ne donne pas les clés à mon sens pour trancher, elle ne donne pas d'interprétation morale, elle ne prend pas parti, elle énonce seulement un fait.

Cette citation est étrange au final, elle a quelque chose de mystique, de transcendant, de poétique. Elle raisonne en moi, elle est un simple constat imagé et pourtant je ne puis l'expliquer de manière claire et raisonnable.

vendredi 4 octobre 2013

Le rêve du lépreux

Petit rêve récent :
je marchais sur les pas d'un lépreux, ou en tout cas à ses côtés. Tout le monde me disait de faire attention, tout le monde s'écartait. Mais je marchais sur ses traces, je le suivais de plus ou moins près.
Dans mon rêve, la raison qui me poussait à ne pas m'écarter était cette espèce de solidarité humaine, cette charité : je voyais les autres le traiter différemment, comme un paria... et je voulais le traiter normalement.
Malgré tout je ressentais cette gène, cette peur, cette répulsion : peur d'être contaminé, d'être infecté. Je ressentais la tension entre ces 2 désirs contradictoires : l'intégrer et me protéger.
Je tenais bon, au moins en apparence, même si c'était à contrecœur, ma volonté de bien faire était la plus forte, même si je le faisais en grimaçant.
Sur la fin de mon rêve, j'ai vu le visage de l'homme : tout gris, déformé, on y reconnaissait à peine un visage humain, on voyait les lèvres rouges, mais pas les yeux, recouverts par des paupières grises et enflées... le visage était informe.
Mais au final je ne pense pas l'avoir véritablement approché ou touché... j'étais la personne la plus proche, mais je restais à une certaine distance.

Sommes nous au final ce que nous voulons être comme le chante Fauve, ou sommes nous l'animal naturel qui sommeille en nous? J'ai envie de croire à la première version : certes notre naturelle est là, présent, nous ne pouvons pas lutter. Nous ne choisissons pas ce que nous sommes, nous ne choisissons pas nos sentiments, ni nos peurs, ni même nos pensées... mais nous choisissons au final nos réactions. Et quand bien mêmes nous serions trop faibles pour tenir nos choix, ça reste eux qui nous déterminent, nous définissent le mieux.
Grimaçant ou pas, l'homme qui se force à faire ce qu'il pense être bien est bon, même si sa nature (en partie au moins) le pousse au contraire. Nous sommes tous ambigus, attirés par des contraires, nous sommes des paradoxes ambulants.

Dans mon rêve, est ce que je faisais ça par charité ou bien pour me prouver à moi même que je suis charitable? Ma foi, c'était sans doute la seconde réponse, mais est ce que ça fait une différence? Il y a certes une différence entre celui qui est charitable par nature et celui qui se force à l'être, l'un fait un effort, l'autre non, l'un fait un choix conscient, l'autre non, l'un fait un sacrifice, l'autre non. Les deux, pour des raisons bien différentes sont tout aussi remarquables.

mardi 1 octobre 2013

Livre de Job

Suite de l'article précédent, le livre de Job est souvent présenté comme la réponse à la question du Mal sur terre.

Petit résumé de l'histoire, pour bien se la remettre en tête :
Job a une vie saine et religieuse, Satan fait un pari avec Dieu pour lui prouver que l'amour désintéressé, la foi, n'existent pas. Dieu accepte -avec quelques conditions-, et Satan met alors l'homme le plus intègre à l'épreuve.
Voyant ça, les amis de Job le prient d'avouer son péché : seul un péché, une faute peut expliquer tant de souffrance. Dieu ne pouvant tolérer une telle souffrance que pour une punition. Job reste droit et intègre, n'avoue aucun péché et refuse de maudire Son nom.
Sur ce, Dieu apparaît et demande à Job s'il a connu les expériences que Lui même a connu. Job admet ne pas être en mesure de comprendre ce qu'implique cette responsabilité et demande pardon.
Dieu condamne finalement les amis de Job pour avoir tenter d'interpréter les motifs et méthodes de Dieu, puis récompense Job en lui rendant tous ces biens perdus, et même plus.

Comment interpréter ça et les paradoxes qui vont avec?
Le côté totalement anthropomorphique de Dieu qui fait un pari avec ses potes : mettons le sur le dos de la métaphore, pour illustrer un propos.
Dieu semble se contredire avec la récompense finale de Job : il dit ne pas punir le pécheur ni récompenser l'honnête mais finit par le faire. A la limite on peut mettre ça sur le dos de ses voies impénétrables : il peut dire quelque chose (ou plutôt nous pouvons comprendre quelque chose) et faire le contraire.

Reste le message au final : les voies de Dieu sont impénétrables (essayer de les pénétrer est un péché? sacré despote tout de même!), les récompenses et les punitions ne sont pas nécessairement divines et porteuses de sens humain : il ne faut donc pas voir les chanceux comme des saints et les malheureux comme des pêcheurs. Dieu a une responsabilité que l'homme ne peut comprendre. Il n'y a donc pas de justice divine, pas de justice tout court.

Un tel système d'ailleurs nous priverait en quelque sorte de notre libre arbitre : nous serions simplement dressés comme de vulgaires animaux, à réagir à des punitions et récompenses de notre Maître. Qui donc peut voir l'humain aussi stupide? (bon, il l'est sans doute dans notre société, mais pas par nature : je maintiens l'hypothèse de notre nature divine!) A nous mêmes d'être notre seul juge pour finir, pour nous diriger tout au long de notre vie. Lui sera peut être notre dernier juge, mais en attendant, à nous de mener notre barque, sans d'autre repères que les nôtres : nous sommes notre Dieu, nous sommes nos repères, nous sommes notre jugement.

D'autres interprétations ont vu le jour : la possibilité pour Dieu d'affliger des souffrances pour d'autres raisons que pour punir. Pour éviter une souffrance plus grande, pour faire grandir, donner de l'expérience... mais bon, ça revient à tenter de pénétrer les voies de Dieu.
Une autre interprétation est l'opposition de la raison et de la foi. La raison recherchant un réconfort à travers la quête de sens, la justice. La foi étant elle même source de réconfort.

Au final, ceci fait de Dieu un parfait despote, parfaitement arbitraire par rapport à la perception humaine. Et dans ce cas, la meilleure chose à faire pour lui n'est elle pas de se cacher? Cela a au moins l'avantage de ne pas le faire passer pour un despote... juste pour un absent, un créateur absent. La moindre de ses actions serait sans cesse interprétée et commentée par les humains, et source de conflit... il n'y a qu'à voir comment s'est terminée la venue de son Fils sur terre et toutes les guerres de religions.
Au final, c'est peut être cela la meilleure explication de son silence :)