lundi 14 octobre 2013

La seule chose pire que d'être seul, c'est que les autres sachent que tu es seul.

Petit extrait -déprimant mais juste- de Misfits, qui me rappelle l'épisode de South Park avec facebook et le pauvre Kip Drordy.
La solitude est déjà pesante en soi, mais il y a en effet pire, c'est son effet : elle effraye les autres, enferme et crée davantage de solitude. Elle s'auto-entretient et crée au passage une sorte de honte. La richesse appelle la richesse, et la solitude appelle la solitude.

Le premier effet est lié à la marginalisation du solitaire : il est mis au ban, il n'est pas bien vu de se rapprocher d'un tel individu (cf Kip), le côté marginal est contagieux, les a priori voyagent vite, donc on s'écartera d'une telle personne, on l'évitera tant que possible. Une personne seule n'a donc aucun intérêt à le faire savoir si elle ne veut pas de ce statut de marginal. -Et je ne parle pas des effets sur l'ego, que la peur de la pitié peut inspirer...-
Le second effet est sans doute plus discutable, mais plus violent. On n'est jamais véritablement seul, on a toujours quelques connaissances/amis. Par contre, on ne tient pas à ce qu'ils connaissent notre degré de solitude : pourquoi? Pour deux raisons je pense, la première rejoint le paragraphe précédent : pour ne pas être perçu comme un marginal par ces proches, pour ne pas être abandonné par eux. L'autre raison tient peut être à l'ego : ne pas (s')avouer la dépendance qu'on peut avoir d'eux mêmes. Il n'est jamais agréable ni d'être dépendant de quelqu'un, ni d'être responsable de quelqu'un sans l'avoir demandé ! Que feriez vous demain si vous appreniez que la vie d'un ami dépendant de vous, de vos actions, de vos réactions? Ce poids, personne n'en veut je pense...

Dans cette époque où le bonheur est imposé, où il est déjà presque anormal de ne pas être heureux, ne pas être entouré est encore pire -à moins que ça soit choisi et que ça participe à notre bonheur- et est donc à l'origine d'un sentiment de honte. Le fardeau est déjà lourd, mais en plus il faut le cacher, mentir et faire comme si de rien n'était. Double peine. La sortie est évidente : il suffit de se prendre en main... en tout cas, c'est comme ça que les occidentaux voient les choses, ce qui a tendance à responsabiliser, et culpabiliser, davantage la victime. En Inde on voit les choses différemment paraît il : ce n'est pas à la personne de s'intégrer dans un groupe, d'aller vers eux, mais c'est au groupe d'accueillir la personne, de faire cet effort. Ce qui semble normal et logique : le groupe est plus fort, à lui donc de faire cet effort, qui lui pèsera nécessairement moins. Il reste encore beaucoup à apprendre de nos différences... il n'y a plus qu'a espérer qu'on retiendra le meilleur de nos différences :)

Selon les dernières études, entre une personne sur 10 et une sur 5 souffre de la solitude : ne cherchez pas bien loin, il y en a dans votre entourage... Et à cette personne sur 5 ou 10 : rassures toi, tu n'es pas seul : 1 personne sur 10, ça en fait du monde...

Si tu nous entends souviens-toi que t'es pas tout seul
Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals
Un peu bizarres et dans nos têtes y'a un blizzard
Teubés mystiques 
Losers au grand cœur
Il faut qu'on sonne l'alarme qu'on se retrouve
Qu'on se rejoigne et qu'on s'embrasse
Qu'on soit des milliards de mains sur des milliards d'épaules
(@Fauve)

2 commentaires:

  1. Le jumeau de la solitude est la liberté.
    Donc sois optimiste.

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    1. Pas sûr ni que ça réconforte les solitaires, ni que la liberté vaille ce prix (Into the Wild l'illustre bien je trouve), il vaut mieux chercher sa liberté ailleurs je pense :)

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