mardi 1 octobre 2013

Livre de Job

Suite de l'article précédent, le livre de Job est souvent présenté comme la réponse à la question du Mal sur terre.

Petit résumé de l'histoire, pour bien se la remettre en tête :
Job a une vie saine et religieuse, Satan fait un pari avec Dieu pour lui prouver que l'amour désintéressé, la foi, n'existent pas. Dieu accepte -avec quelques conditions-, et Satan met alors l'homme le plus intègre à l'épreuve.
Voyant ça, les amis de Job le prient d'avouer son péché : seul un péché, une faute peut expliquer tant de souffrance. Dieu ne pouvant tolérer une telle souffrance que pour une punition. Job reste droit et intègre, n'avoue aucun péché et refuse de maudire Son nom.
Sur ce, Dieu apparaît et demande à Job s'il a connu les expériences que Lui même a connu. Job admet ne pas être en mesure de comprendre ce qu'implique cette responsabilité et demande pardon.
Dieu condamne finalement les amis de Job pour avoir tenter d'interpréter les motifs et méthodes de Dieu, puis récompense Job en lui rendant tous ces biens perdus, et même plus.

Comment interpréter ça et les paradoxes qui vont avec?
Le côté totalement anthropomorphique de Dieu qui fait un pari avec ses potes : mettons le sur le dos de la métaphore, pour illustrer un propos.
Dieu semble se contredire avec la récompense finale de Job : il dit ne pas punir le pécheur ni récompenser l'honnête mais finit par le faire. A la limite on peut mettre ça sur le dos de ses voies impénétrables : il peut dire quelque chose (ou plutôt nous pouvons comprendre quelque chose) et faire le contraire.

Reste le message au final : les voies de Dieu sont impénétrables (essayer de les pénétrer est un péché? sacré despote tout de même!), les récompenses et les punitions ne sont pas nécessairement divines et porteuses de sens humain : il ne faut donc pas voir les chanceux comme des saints et les malheureux comme des pêcheurs. Dieu a une responsabilité que l'homme ne peut comprendre. Il n'y a donc pas de justice divine, pas de justice tout court.

Un tel système d'ailleurs nous priverait en quelque sorte de notre libre arbitre : nous serions simplement dressés comme de vulgaires animaux, à réagir à des punitions et récompenses de notre Maître. Qui donc peut voir l'humain aussi stupide? (bon, il l'est sans doute dans notre société, mais pas par nature : je maintiens l'hypothèse de notre nature divine!) A nous mêmes d'être notre seul juge pour finir, pour nous diriger tout au long de notre vie. Lui sera peut être notre dernier juge, mais en attendant, à nous de mener notre barque, sans d'autre repères que les nôtres : nous sommes notre Dieu, nous sommes nos repères, nous sommes notre jugement.

D'autres interprétations ont vu le jour : la possibilité pour Dieu d'affliger des souffrances pour d'autres raisons que pour punir. Pour éviter une souffrance plus grande, pour faire grandir, donner de l'expérience... mais bon, ça revient à tenter de pénétrer les voies de Dieu.
Une autre interprétation est l'opposition de la raison et de la foi. La raison recherchant un réconfort à travers la quête de sens, la justice. La foi étant elle même source de réconfort.

Au final, ceci fait de Dieu un parfait despote, parfaitement arbitraire par rapport à la perception humaine. Et dans ce cas, la meilleure chose à faire pour lui n'est elle pas de se cacher? Cela a au moins l'avantage de ne pas le faire passer pour un despote... juste pour un absent, un créateur absent. La moindre de ses actions serait sans cesse interprétée et commentée par les humains, et source de conflit... il n'y a qu'à voir comment s'est terminée la venue de son Fils sur terre et toutes les guerres de religions.
Au final, c'est peut être cela la meilleure explication de son silence :)

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