vendredi 4 octobre 2013

Le rêve du lépreux

Petit rêve récent :
je marchais sur les pas d'un lépreux, ou en tout cas à ses côtés. Tout le monde me disait de faire attention, tout le monde s'écartait. Mais je marchais sur ses traces, je le suivais de plus ou moins près.
Dans mon rêve, la raison qui me poussait à ne pas m'écarter était cette espèce de solidarité humaine, cette charité : je voyais les autres le traiter différemment, comme un paria... et je voulais le traiter normalement.
Malgré tout je ressentais cette gène, cette peur, cette répulsion : peur d'être contaminé, d'être infecté. Je ressentais la tension entre ces 2 désirs contradictoires : l'intégrer et me protéger.
Je tenais bon, au moins en apparence, même si c'était à contrecœur, ma volonté de bien faire était la plus forte, même si je le faisais en grimaçant.
Sur la fin de mon rêve, j'ai vu le visage de l'homme : tout gris, déformé, on y reconnaissait à peine un visage humain, on voyait les lèvres rouges, mais pas les yeux, recouverts par des paupières grises et enflées... le visage était informe.
Mais au final je ne pense pas l'avoir véritablement approché ou touché... j'étais la personne la plus proche, mais je restais à une certaine distance.

Sommes nous au final ce que nous voulons être comme le chante Fauve, ou sommes nous l'animal naturel qui sommeille en nous? J'ai envie de croire à la première version : certes notre naturelle est là, présent, nous ne pouvons pas lutter. Nous ne choisissons pas ce que nous sommes, nous ne choisissons pas nos sentiments, ni nos peurs, ni même nos pensées... mais nous choisissons au final nos réactions. Et quand bien mêmes nous serions trop faibles pour tenir nos choix, ça reste eux qui nous déterminent, nous définissent le mieux.
Grimaçant ou pas, l'homme qui se force à faire ce qu'il pense être bien est bon, même si sa nature (en partie au moins) le pousse au contraire. Nous sommes tous ambigus, attirés par des contraires, nous sommes des paradoxes ambulants.

Dans mon rêve, est ce que je faisais ça par charité ou bien pour me prouver à moi même que je suis charitable? Ma foi, c'était sans doute la seconde réponse, mais est ce que ça fait une différence? Il y a certes une différence entre celui qui est charitable par nature et celui qui se force à l'être, l'un fait un effort, l'autre non, l'un fait un choix conscient, l'autre non, l'un fait un sacrifice, l'autre non. Les deux, pour des raisons bien différentes sont tout aussi remarquables.

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