dimanche 30 novembre 2014

Tout homme est sensible quand il est spectateur. Tout homme est insensible quand il agit.

Citation de Alain pour terminer le mois, en manque d'inspiration.

La compassion et autres sentiments demandent un minimum de temps : le temps du recul, du questionnement, de l'analyse, pas forcément intellectuel, mais au moins empathique. Se mettre à la place des autres, c'est avant tout les observer, comprendre la situation.
Le spectateur exerce son œil et fait n'aître l'émotion.
L'action ne laisse pas de place pour ça. On passe devant les autres trop rapidement pour s'en soucier. Voire même, c'est une condition nécessaire à l'action. Se soucier des autres, c'est s'arrêter dans son élan. L'action exige une certaine insensibilité, l'action suit une décision ferme.

Mais il ne s'agit que de la sensibilité extérieure, tournée vers les autres. Elle nécessite donc d'être spectateur, pour prendre conscience des autres pour commencer. La sensibilité intime n'est pas soumise aux mêmes règles : spectateur ou acteur n'empêche pas de se tourner vers son for intérieur pour l'observer, et même sans observation, on le subit naturellement. Mais la sensibilité propre est une sensibilité particulière, égoïste en quelques sortes...

vendredi 28 novembre 2014

Solitude et isolement

Solitude : expérience commune liée à sa propre existence. Chacun est unique vit les choses de manière unique et personnel. Nous sommes donc seul face à notre vie, d'où notre désir, et d'où notre frustration, d'essayer de se lier de manière fusionnel aux autres. Nous cherchons à être compris et soutenu, nous cherchons à être soulagé et encouragé, mais nous n'y arrivons jamais. Cette solitude peut même être paradoxalement amplifiée par le fait d'être entouré. Plus nous serons entourés, plus nous serons proches de quelqu'un, plus nous réaliserons la distance qui nous sépare des autres et de cette union qui briserait cette solitude. La solitude est un sentiment intime et partagé.

Isolement : conséquence de l'incapacité à se lier de quelque manière que ce soit aux autres. L'isolement est au-delà de la solitude dans le sens où la solitude relève d'un sentiment d'insatisfaction de la qualité des relations aux autres : l'isolement ne concerne plus la qualité des relations, mais leur existence. L'isolement peut être volontaire, lié à une volonté de ne pas vouloir partager avec les autres, ou subi, lié à une incapacité de partager (et dans le cas extrême, ceci relève de l'autisme).

La solitude ne se mesure pas, elle est un sentiment intime, et, naturellement, deux situations identiques pourront être vécues et ressenties différemment.
L'isolement a aussi une composante intime et subjective, mais il peut par contre se mesurer, ou du moins s'approcher : il suffit de mesurer la popularité de chacun, de mesurer le nombre et la richesse des liens à autrui, des échanges : le nombre de relations (et d'échanges) qui vont au-delà du cadre imposé (boulot, associations...) -les amitiés quoi-, le nombre de relations cadrés, le nombre d'échanges anonymes (avec le caissier, le voisin...), et enfin le nombre d'anonymes juste croisés. Le comble de l'isolement étant de ne plus rencontrer ces anonymes d'un jour...

lundi 24 novembre 2014

La liberté commence où l'ignorance finit

Citation de Victor Hugo ce soir, qui me tombe dans les bras, bien à point.

C'est marrant, mais en lisant cette phrase, j'ai envie de dire que la fin de l'ignorance, ce n'est pas la connaissance, qui est en quelque sorte son opposé : entre les 2 se place d'abord la conscience. Prendre conscience d'une chose, c'est la fin de l'ignorance. L'ignorance, c'est ne pas se poser de questions, ne pas remarquer qu'il y a des questions à se poser. Et la connaissance, c'est trouver les réponses.

Bref, le lien avec la citation de la veille se fait automatiquement. L'ignorance, c'est l'état naturel, l'état animal, c'est le chaos. C'est une forme de liberté, mais non maîtrisée, non réalisée, non exprimée. La conscience, l'abandon de l'ignorance amène un premier cadre, amène les premières questions. Et les réponses apportées à ces questions, voire même la simple possibilité d'être capable de répondre différemment à ces questions est une première liberté. Etre capable d'exprimer un choix conscient est une liberté.

Ensuite, la conscience amène peut être de manière obligatoire une notion d'ordre. La conscience, si elle est stable dans le temps apportera toujours les mêmes réponses aux mêmes questions : on sortira alors d'un chaos et on créera un ordre par nos choix. L'ordre n'aura plus qu'à se propager, se projeter sur les autres.

La formulation de Victor Hugo laisse plus de liberté à l'interprétation, là où la précédente donne presque toutes les clés, et est davantage poétique. LE non dit, le mystère la rende plus attrayante sans doute :)

dimanche 23 novembre 2014

L'ordre, et l'ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude.

Citation de Charles Péguy.

Comme toujours, commençons par les définitions : la Liberté.
C'est la capacité à agir selon sa volonté : sans entrave et sans contrainte.
Mais avant même l'action vient la pensée, qui forme la volonté : c'est donc de manière primaire la capacité à penser sans entrave, sans devoir suivre un chemin pré-établi, que ce soit par les autres ou par soi-même.

En ce sens, il n'y a pas de liberté absolue : de toute façons, les notions pures et abstraites ne se retrouvent jamais dans le monde matériel, dans la réalité. Notre existence même nous limite, notre nature (humaine en l'occurrence) est notre première contrainte.
Notre physiologie nous limite : il nous sera dur de voler ou nager réellement comme un poisson, tout comme notre cerveau nous interdit peut être d'élaborer certains concepts.
Notre époque, notre culture et notre éducation viennent ensuite poser les barrières suivantes : difficile de s'en extraire. Nous pensons en Français, avec nos mots, nos tournures et l'ensemble de nos connaissances acquises, à notre époque.
Mais ces barrières nous permettent en même temps de nous émanciper du niveau précédent en quelque sorte. L'ordre apporté par la civilisation et la culture nous permet de nous affranchir de contraintes ancestrales : nous nous éloignons de notre statut d'animal.

Et la citation s'explique toute seule... L'ordre apporté à un certain niveau permet de gagner de la liberté sur un niveau inférieur. Et on retombe sur la notion de transcendance : du moment qu'on met une hiérarchie à un endroit, la transcendance apparaît, c'est simplement au final l'existence de conséquences à un autre niveau que les causes. Les actions humaines sur la vie en société (civilisation, culture...), les règles établies définissent un certain ordre, et permettent de s'affranchir de l'ordre animal.

La citation pourrait se résumer avec la question suivante : l'homme actuel est il plus libre que l'animal?
La première intuition peut être contraire : l'homme est moins libre, il doit obéir à des tas de règlements et d'usages. Mais ça lui a permis de dompter la nature : il n'a plus à s'inquiéter de chasser sa nourriture, de trouver un toit, d'assurer sa survie. Ça lui a permis de dépasser sa condition animale, ses instincts (même s'il en reste des traces...) et d'accéder à un autre niveau de conscience.
La servitude à la société a en fait remplacer la servitude à la nature. Y a t'on gagné en liberté? Je pense que oui, dans la mesure où l'homme actuel peut faire le choix de retourner à l'état naturel (même s'il n'y est plus adapté du tout..) alors que l'inverse n'est pas vrai, et n'a pu se faire qu'au fil des générations...

Une autre formulation de la question consiste simplement à s'interroger sur ce que nous considérons comme notre liberté : vient elle de notre conscience (qu'on cherchera à développer) ou de nos instincts? La conscience a besoin d'ordre pour se développer, et en crée toujours un peu plus, nos instincts n'ont besoin de rien, s'expriment dans le chaos et créent un ordre naturel sans en avoir conscience... C'est sans doute cette servitude qui est dénoncée par l'auteur : la servitude à un ordre naturel dont nous sommes acteurs et inconscients.

On n'est pas obligé de remonter jusqu'au règne animal pour illustrer ceci : l'ordre et les lois dans la société humaine amène protection et justice. Et le fait d'accepter ces lois me permet en théorie de vivre en bénéficiant du fait que tous les autres acceptent aussi ces mêmes lois : ceci est créateur de liberté. Le fait d'accepter de ne pas tuer mon voisin doit aussi me protéger d'eux, je n'ai alors plus à m'en soucier, je gagne en liberté d'esprit. Rien n'est jamais gratuit : on échange simplement une liberté pour une autre, mais pas forcément sur le même niveau.

La conscience seule permet la liberté : d'agir et de penser. Face à toute servitude naturelle, il n'y a que deux solutions pour gagner en liberté. Prendre conscience des règles naturelles pour choisir ensuite de s'y conformer ou non, ou bien (et ça peut venir dans un second temps) forger un ordre que l'on choisit nous mêmes. Cette action volontaire apporte à la fois conscience et liberté : conscience de l'ordre choisi, et liberté de l'avoir choisi.

lundi 17 novembre 2014

Introversion et extraversion

Petite réflexion suite à la lecture d'un article sur le sujet.

Le caractère introverti/extraverti se mesure par rapport à la façon d’interagir avec le monde qui nous entoure, et avec nous mêmes.
L'extraverti a son activité et ses pensées tournées vers l'extérieur, vers les autres, contrairement à l'introverti. La différence se remarque particulièrement dans la manière de recharger ses batteries, de se ressourcer, ou tout simplement d'être bien : les premiers seront galvanisés par un environnement en effervescence (beaucoup de monde, de bruit, de discussion, d'activités) alors que les second seront rapidement épuisés par ce trop plein d'activités. Et l'épuisement sera ensuite interprété comme une angoisse... Les introvertis apprécieront ce qui est du registre de l'intime, que ce soit l'introspection ou l'écoute des autres, qui leur permet par un jeu de miroir de mieux se connaître.
La différence est aussi là : les extravertis cherchent à mieux connaître le monde, les introvertis cherchent à mieux se connaître. Les extravertis cherchent à appréhender le monde, à l'embrasser, les introvertis cherchent à comprendre leur relation au monde.

Sur ces penchants naturels vont se former les goûts et les préférences, ainsi que les aptitudes, par effet d'entraînement. Les extravertis qui apprécient l'effervescence vont développer des aptitudes et un goût prononcer pour les activités sociables (fêtes, rencontres...), les second vont davantage se tourner vers la réflexion, la création.

Un des points essentiel à comprendre pour expliquer le comportement est la notion d'effort. Quand on fait quelque chose pour laquelle on est naturellement bon ou qui nous plaît naturellement, alors on le fait sans effort, on ne dépense aucune énergie, au contraire, on se recharge. Les récompenses et les profits qu'on tire de cette expérience sont immédiats et sans commune mesure avec l'énergie déployée. Au contraire, lorsqu'on doit faire quelque chose qui ne nous plaît pas naturellement, voire nous déplaît, quelque chose où l'on n'est pas naturellement doué, alors c'est perçu comme une contrainte, ça nous demande des efforts, petit à petit ça nous vide de notre énergie, jusqu'à nous épuiser. Et tout ce système s'auto-entretient, s'affirme et s'amplifie avec le temps : plus on aime quelque chose, plus on ira vers cette chose, meilleur on sera, plus on apprendra à savourer cette chose, plus on l'aimera...etc... jusqu'à l'overdose, jusqu'au dégoût, à la crise.

Ainsi, un extraverti s'épuisera à rester au calme, à lire un livre, à rester seul, ne pourra pas rester à contempler le monde, il cherchera les activités, les rencontres... Et un introverti s'épuisera à vivre en société...
L'épuisement, s'il n'est pas compris, conduit au mal être, et ceci va être source d'angoisse à force. Ce qui poussera les introvertis vers la timidité : on n'évite plus les interactions sociales par goût, mais par peur.

Pour conclure, je suis tombé sur les définitions de Jung, qui résume un peu tout ça, et bien plus encore :
L'extraverti :
Qui pense, sent, agit, bref, qui vit en accord immédiat avec les conditions objectives et leurs exigences, en bonne comme en mauvaise part, est un extraverti [...] sa conscience tout entière regarde vers l'extérieur parce que c'est toujours là que vient la détermination importante décisive. Non seulement les personnes, mais aussi les choses le captivent. Aussi agit-il sous l'influence des personnes et des choses ...
L'introverti :
Chez lui, il se glisse entre la perception de l'objet et sa propre action une opinion personnelle qui empêche l'action de prendre un caractère correspondant à la donnée objective. La réaction habituelle de l'introverti est une réaction d'arrêt, de critique, de retour de soi-même.
Le reste du comportement n'est que déduction de ce trait de caractère

Retour sur l'article à l'origine de cette réflexion, pour terminer la boucle. Voila quelques unes des 10 façons d'agir caractérisant les introvertis :
- ils se referment quand il y a trop de monde
- ils n'aiment pas parler de la pluie et du beau temps mais les conversations plus profondes les passionnent
- ils ont du mal à se concentrer mais s'ennuient rarement
- ils s'orientent naturellement vers des carrières plus créatrices, rigoureuses et solitaires
- ils se placent près de la sortie quand il y a trop de monde
- ils réfléchissent avant de parler
- ils ont du mal à tirer profit de leur environnement, contrairement aux extravertis
- ils ne supportent pas de parler au téléphone
- ils se referment littéralement quand ils veulent s'isoler

dimanche 16 novembre 2014

Echelle de temps

C'est connu, mais bon, ça fait toujours du bien de revoir ça, et ça permet d'en garder une trace.

Grosso-modo, d'après les connaissance actuelles, l'univers aurait environ 14 milliards d'années, et la terre (avec son soleil : ils sont pour ainsi dire jumeaux à l'échelle cosmologique) seulement 4.57 milliards.
Notre "premier ancêtre" l'australopithèque a environ 5 millions d'années
L'âge de pierre commence il y a 2.5 millions d'années, avec notamment l'apparition de l'homo habilis.
Le premier homme a domestiquer le feu, homo erectus a 1.6 millions d'années.
L'homo sapiens, seulement 200 000 ans.
La première grande ville à environ 10 000 ans : Jericho (en Cijsordanie) est apparau vers l'an -8 000.
Les premières civilisation datent d'environ 5 500 ans : Egypte ancienne, Sumer (qui invente l'écriture, la roue...) vers -3 500.

Donc, si on rapporte l'âge de la terre à 24H :
L'australopithèque est apparu il y a environ 1 minute 35, l'Homo Erectus il y a 30 secondes, l'Homo Sapiens il y a moins de 4 secondes (et Jésus : un peu moins de 4 centièmes de seconde)
Et, rapporté à l'âge de l'univers sur 24H :
la Terre a un peu moins de 8H, l'Homo Sapiens un peu plus d'1 seconde.

Partant de là, on peut bien entendu relativiser notre importance, et se remettre à notre place.
Mais on peut aussi réaliser les énormes progrès effectués en si peu de temps : on passe de l'âge de pierre à la conquête spatiale en 1 seconde, ce qui donne le vertige.
D'autant plus si on change de point de vue : l'âge de notre civilisation se mesure en secondes (voire en centièmes), imaginez où nous en seront dans quelques centièmes de seconde, imaginez maintenant une civilisation extra-terrestre qui aurait quelques minutes d'avance sur nous...

Autre extrapolation, plus fantaisiste encore : pourquoi ne pas imaginer d'autres civilisations qui auraient vécu elles aussi quelques secondes (ou moins) sur Terre ? Je n'irai pas jusqu'à dire que notre développement à été optimal, on peut donc imaginer d'autres civilisations qui auraient évolués plus rapidement que nous...et auraient disparus encore plus rapidement (ou auraient quitté la Terre, après tout, pourquoi pas?). On aurait bien entendu pu retrouver leurs traces... Enfin peut être pas : retrouver la trace d'une civilisation qui aurait duré moins d'une seconde est sans doute plus difficile que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Combien de traces a t'on trouvé de notre passé moderne? Une pyramide, quelques squelettes, qui ne permettent même pas forcément de retracer notre lignage direct (nous sommes toujours à la recherche du chaînon manquant non?) et quelques fossiles de dinosaures qui ont vécu plus longtemps que nous...

mardi 11 novembre 2014

Histoire de la relativité

Ça fait un moment que je voulais la coucher sur le papier celle-là...
Pour fixer ce que j'en ai compris, à ce jour.

Si je me souviens bien, sont d'abord apparus les équations newtonienne, et la gravité qui va avec, et la vision de l'espace, et du mouvement dans le temps qui y est lié. Ces lois marchaient bien, tout était expliqué.
Puis sont apparues les équations de l'électromagnétisme, décrivant les ondes électriques et magnétiques, faisant apparaître une vitesse de propagation, basée sur la permittivité magnétique et la permittivité électrique. La vitesse de propagation de l'onde est apparue à partir de ces 2 constantes.
Et là, quelque chose de bizarre est apparue, 2 choses en fait :
- cette vitesse de propagation de l'onde, d'après les équations, est indépendante de la source lumineuse, de son mouvement, de son accélération.
- ces équations changent par la transformation de référentiel "classique", qui permet de passer d'un référentiel à un autre, d'un point de vue à un autre (c'est le principe de relativité en fait, fondement de la physique)
Pour le premier point : on a d'abord cru que ces équations n'étaient valables que dans un référentiel particulier, absolu : l'ether prenait corps, et la lumière s'appuyait dessus. Partant du principe, on essayait de mesurer la vitesse de la lumière dans différentes directions, depuis différentes sources en mouvement (à commencer par la terre), mais toutes les mesures confirmaient la constance de cette vitesse !
Devant cet échec, on a conclu que ces équations devaient être vérifiées quel que soit le référentiel. Si les équations sont justes, c'est donc que ce sont les équations de changement de référentiel qui sont fausses. La transformation de Galilée est donc fausse. On a donc cherché mathématiquement quelle transformation permettait de conserver ces équations, et on est tombé sur la transformation de Lorentz, permettant de passer d'un référentiel à un autre.
Et là, étrangeté suprême, on s'est rendu compte que cette transformation n'était plus seulement spatiale (comme l'était la transformation de Galilée, avec l'additivité des vitesses) mais aussi temporelle ! Le temps ne s'écoule pas de la même façon d'un référentiel à un autre : l'espace temps était né.

Ça, c'est l'histoire, mais il semblerait qu'Albert ait eu en fait une autre approche.
Prenez un aimant et une bobine.
Faites bouger l'aimant, ceci induit un courant électrique dans la bobine, créé par les modifications du champ magnétique en mouvement.. Ce courant est régie par certaines lois physiques.
Faites bouger la bobine, vous obtenez aussi un courant électrique, mais cette fois il est régie par la force de Lorentz : d'autres équations.
Et que je me place dans le référentiel de l'aimant ou dans celui de la bobine, je suis confronté à la même réalité physique, ces équations doivent donc résister au changement de référentiel.
Mais les calculs coincent : en appliquant un simple changement de référentiel Galiléen (conservation du temps et additivité de la vitesse), ça ne marche pas, on ne retombe pas sur nos pieds.
La solution était là, il fallait une autre équation pour passer d'un référentiel à l'autre, anti-naturel au possible, puisque l'approche naturelle consiste justement à ajouter les vitesses (transformation de Galilée)

Bon, je m'attaquerai peut être aux équations simplifiées une prochaine fois, mais le plus fascinant dans l'histoire est sans doute de voir qu'à partir de ce moment là, la recherche mathématique a pris le pas sur la recherche physique et intuitive.
Avant, on partait des phénomènes et de notre intuition pour trouver des équations régissant le tout,
à partir de là, on a fait le contraire : on est parti des équations, de principes simples, vérifiés expérimentalement (relativité et invariance des lois physiques par changement de référentiel), pour trouver d'autres équations et pour enrichir la théorie...

samedi 8 novembre 2014

L'équation ratée du bonheur

Notre recherche actuelle du bonheur est la conséquence d'un raisonnement trompeur, et donc faux.
Nous avons vu les effets de la pauvreté et de la maladie : ceci place l'homme en mode survie, et les plaintes remplissent la vie du pauvre homme malade, ne rêvant plus que d'une vie différente.
On a associé le malheur aux plaintes, on a cru que le malheur humain était lié à cet état misérable.
Raisonnement par contraposée raté : si un homme pauvre et malade est malheureux, alors un homme riche et bien-portant sera heureux.
Dommage ! Les hommes auraient du mieux travailler la logique avant de mettre à philosopher, ça leur aurait évité une aussi grossière erreur !
On s'est ainsi lancé dans une recherche de progrès et de richesses, cherchant à tout accumuler pour s'éloigner le plus possible de ce passé misérable, sans plus forcément remettre en cause cette course effrénée. La dimension spirituelle à été écartée dès le début, et maintenant que nous sommes lancés, bien lancés, il est très difficile de s'arrêter pour repartir sur un autre chemin.
Oui, il est difficile d'être heureux lorsque nous sommes misérables, en mode survie. Mais nous voyons de plus en plus maintenant que les puissants sont tout autant victimes de dépressions que les misérables, voire même plus. La survie protège l'esprit, la dépression est l'apanage des gens qui ont tout pour être heureux, ou au moins de ceux qui ont du temps pour se poser des questions sur leur vie.

Le confort matériel ne risque pas de nous apporter le bonheur, notre esprit a la mémoire trop courte. A peine avons nous acquis un nouveau bien que nous le considérons comme un du, et sa perte sera vue comme une injustice. On peut même se demander si ce raisonnement n'est pas valable pour tous les sentiments humains, à se demander ce qu'il reste, ce qui y échappe. La réponse est en fait simple : par construction, ce qui y échappe est ce qui garde mémoire du passé dans son état présent, et est capable d'en faire une mesure objective. C'est une bonne définition pour la sagesse et la conscience. Mais ceci ne résout pas le problème : la définition est circulaire, elle n'apporte donc aucune réponse sur le plan de la question. Par contre, cette réponse peut (et doit) nous inspirer sur la conduite générale à tenir face à la vie, il est nécessaire de lutter contre ses tendances naturelles, pour s'imposer une conscience élargie et bien ancrée : seule posture qui permet d'apprécier la valeur du progrès.

Malheureusement, cette conscience élargie implique aussi la conscience du déclin. Les 2 voies restent impossible à départager : la conscience et la sagesse extrême, qui nous place constamment dans le temps, ou l'attitude inverse, qui consiste à ne s'ancrer et se soucier que du présent, sans se soucier ni du passé, ni du futur : pas de nostalgie, pas de projet.

dimanche 2 novembre 2014

Les sagesses de Sancho

Bon, en fait, ce sont celles de Don Quichotte, mais le titre sonnait mieux avec son écuyer :)

Je vais en prendre quelques unes, pour commencer, concernant la justice.

Que les larmes du pauvre t'inclinent à plus de compassion -mais non à plus de justice- que les plaintes du riche.
Don Quichotte a beau se placer en défenseur des opprimés, a beau être aveuglé par sa chevalerie, il n'en demeure pas moins droit et intègre. Il comprend bien que la souffrance, les larmes n'ont pas à peser dans la balance de la justice. Celles-ci doivent faire naître la compassion, mais ne doivent pas rentrer sur le terrain de la justice.

Efforce-toi de découvrir la vérité à travers les promesses et les cadeaux du riche, comme à travers les pleurs et les sollicitations du pauvre.
L'idée est reprise, pour montrer en quelques sortes que chacun fait avec ses armes, chacun essaye de s'attirer les faveurs de celui qui juge. L'un utilise la compassion, l'autre sa richesse : deux formes d'influence. On peut (on doit?) compatir et accepter les cadeaux, les aides, mais le jugement doit rester intègre, et ne pas se faire influencer par ces passions.

Chaque fois que l'équité le permet, n'accable pas le délinquant de toute la rigueur de la loi, car un juge impitoyable n'a pas meilleure réputation qu'un juge compatissant.
Si tu fais plier la verge de la justice, que ce soit sous le poids de la miséricorde et non sous celui des cadeaux.
Ces idées sont notamment reprises un peu plus tard par Sancho Panza :
Dans les cas où la justice serait hésitante, on doit s'en remettre à la miséricorde. [...] car il vaut toujours mieux faire le bien que le mal.
Sorte de conclusion à tout cela. L'honnêteté, la rigueur, l'austérité, la neutralité ou la froideur sont des valeurs essentielles chez un juge, ou tout simplement pour émettre un jugement, mais il reste un fond d'humanité derrière cette approche clinique. Elle permet à la fois de donner une direction en cas de doute : le pardon, la miséricorde... sorte d'ancêtre à la présomption d'innocence. Et aussi d'éviter les excès de zèle, d'éviter les punitions pour l'exemple : inutile d'en faire trop.

samedi 1 novembre 2014

Le cerveau filtre...

Je suis retombé sur cette théorie qui voit le cerveau comme un filtre, une mécanique physique permettant de faire le lien, et donc le filtre, entre un monde spirituel, notre conscience universelle et le monde matériel, notre ego.

Nous serions pris (et absorbés) par les contingences matérielles, notre survie en dépend : nous avons des besoins physiques à satisfaire. Cette partie de notre être prend le dessus sur le reste, et toute notre attention se porte sur cette réalité, sur cette temporalité.

Trois choses, trois événements permettent d'échapper à cette emprise du réel, et permettent de nous reconnecter avec la Réalité.
La méditation et/ou la contemplation permet dans certains cas une révélation, un sentiment de connexion avec toute chose, de ne faire qu'un avec l'Univers, de comprendre que tout est lié.
Certaines drogues permettent de se plonger artificiellement dans cet état mystique (cf les portes de la perception de Aldous Huxley où il raconte son expérience sous mescaline), de renouer avec un émerveillement continu et de voir de la beauté en toute chose.
Et enfin, l'expérience de mort imminente permettrait aussi de faire tomber certaines de ces barrières, donnant accès à une autre connaissance, une autre manière de voir en fait.

Un point commun se détache de ces 3 méthodes, c'est l'effacement de soi, voire sa désintégration. L'oubli de son corps physique et de ses contraintes permet d'apercevoir ce qui se cache derrière. Nos pensées sont bien trop prises par le quotidien et notre place dans ce lieu, à cet instant précis. Notre raisonnement se veut spatial, et relatif : nous mesurons tout par rapport à nous, temps et espace. Difficile d'échapper à notre condition, mais pas impossible, surtout pour l'homme qui cherche la transcendance...
La méditation est sans doute l'approche la plus noble, les hallucinogènes sont sans doute plus violents, plus extrême. L'effet recherché reste une ouverture au monde, sans plus se soucier de soi, de son corps, voire de son esprit : abandonner toute individualité et se fondre dans l'existant ou l'observation, et en ressentir le bien être, l'apaisement. Débarrassé de cette mécanique, de ces préoccupations individuelles, de ce filtre, apparaît enfin la conscience universelle, et avec elle un nouveau rapport aux choses et au temps.