dimanche 27 avril 2014

Le choix de la démocratie

Petite réflexion sur le bulletin blanc en démocratie, un peu après la dernière bataille des élections

Qui ne s'est jamais élevé contre la nullité du vote blanc, se sentant ignoré, dédaigné?
Un peu d'histoire avant de commencer, le vote blanc est ignoré depuis longtemps : décision de Napoléon III en 1852.
La raison était simple, sa vision de la démocratie (et de l'élection) consiste à choisir (l’étymologie lui donnerait raison d'ailleurs). Il ne s'agit pas d'un exercice de libre expression, de recueil d'idées, il s'agit de choisir entre des candidats qui se sont déclarés volontaires. Le choix permet entre autre de canaliser la population : imaginez une élection sans candidat... l'organisation ne serait pas la même.

Le joli rêve de la démocratie grecque était différent sans doute, car pas soumis aux mêmes contraintes. Il est plus facile d'entendre le peuple quand il peut tenir dans une arène (j'exagère un peu...), quand le peuple n'est constitué que de gens éduqués avec une conscience citoyenne (les autres n'étant pas intégrés à la démocratie...). Et il était plus facile, en cas de désaccord de s'intégrer aux débats politiques.

La taille des pays actuels rend les choses plus complexes : une assemblé peut être réellement démocratique, un peuple : difficile, pour ne pas dire impossible (la technologie devrait pouvoir pallier ce problème). Le principe reste par contre le même : le mécontentement ne doit pas s'exprimer par un vote blanc, mais par une participation active à la vie politique. Voilà la vraie citoyenneté. Par contre ça demande plus de courage, d'efforts et d'investissements, et c'est même rendu impossible (ou presque) par la professionnalisation de la fonction, par les jeux de pouvoirs qui se sont greffés sur le système : faire entendre une nouvelle voie est faisable à un niveau local, mais impossible à une échelle nationale. Quelques tentatives ont bien lieu à chaque présidentielle, avec des candidats sans parti, ils sont malheureusement généralement tournés au ridicule, peu écoutés, même si les idées peuvent être intéressantes.

La démocratie, c'est choisir son représentant, ou se représenter soi-même en quelque sorte.
Le vote blanc est semblable à l'abstention : il sanctionne la qualité des dirigeants, montre un certain désaveux des politiques, avec un certain désintérêt suffisant pour ne pas rentrer en révolte ou prendre part au jeu politique. L'intérêt pouvant être heureusement suffisant pour d'autres actions politiques plus locales. La classe politique peut en effet s'inquiéter de l'abstentionnisme : leur légitimité vient en partie de là, mais d'un autre coté, le temps des révoltes semble lointain : que ferait un état avec 90% d'abstention? Il gouvernerait simplement en prenant en compte les 10% exprimés. Qui ne dit mot consent. Sorte d'oligarchie qui s'imposerait d'elle même, et on pourrait même espérer que ce soit une oligarchie éclairée, sorte de République de Platon?

Dernière alternative (aussi représentée en Grèce antique me semble t'il), celle de se retirer de la vie politique, de choisir de ne pas y participer : ne pas voter, ne pas se présenter. Rôle de profiteur spectateur assumé, qui accepte les imperfections du système (dans certaines limites?) et préfère passer son temps et son énergie sur autre chose...

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