dimanche 10 avril 2016

L'après capitalisme (ou l'erreur de Marx)?

On peut lire l'évolution de l'histoire selon Marx comme une suite d'étapes permettant à chaque fois de redistribuer un peu mieux les richesses.
Ça part d'un constat (ou postulat?) simple : on va toujours vers plus d'égalité, car à chaque étape arrive un moment où les défavorisés commencent à être trop nombreux pour être facilement contenus et où parmi les favorisés, certaines consciences s'élèvent (on peut aussi ajouter un déclencheur technique permettant de redistribuer les pouvoirs).
On est parti d'une société esclavagiste, passé par le régime féodal pour arriver au capitalisme. Et après?

Indépendamment de l'existence de la monnaie, à chaque époque on trouve d'autres marqueurs de richesse :

Pour la société esclavagiste, la richesse est le nombre d'esclaves qui appartiennent au maître.

On passe ensuite au régime féodal où la richesse devient la terre. Les serfs y sont rattachés, on retrouve toujours un lien entre dominant et dominé, mais le serf a gagné au change : il n'est plus considéré comme un objet, mais comme une personne. Les serfs ne travaillent plus pour leur seigneur en un sens, mais pour eux... simplement ils se faisaient très lourdement taxer... et n'avaient pas la possibilité de quitter leur terre.

Puis la bourgeoisie s'impose, la richesse devient le capital, et plus la terre. Ce n'est plus le travail de la terre qui crée de la richesse, mais le travail manufacturé (on retrouve l'idée de déclencheur technique). L'artisan (qualifié) remplace le paysan, c'est l'ancêtre de l'ouvrier.

Et après ?
Marx voyait ensuite la victoire du prolétariat, des travailleurs, renversant les détenteurs des capitaux pour l'avènement du communisme.
Plus d'un siècle après Marx, on peut peut être essayer de mettre à jour ses théories :)
Je vois actuellement deux tendances pour préparer l'après capitalisme :

La première est une sorte d'hyper-capitalisme, où chacun devient  un peu bourgeois, un peu capitaliste. Uber en est un symptôme remarquable : chacun devient son propre patron, chacun devient propriétaire et tire un revenu de sa propriété. Le problème de ce futur est qu'il ne gomme aucune inégalité, il les déplace un peu, et les accentue peut être même un peu. La différence n'est plus de nature (opposition entre capitaliste et travailleur) mais de degré (gros capitaliste et auto-entrepreneur précaire).

La seconde est une sorte de transcendance du capitalisme, et en ce sens, cette tendance à mes faveurs. Il s'agit de dépasser le capitalisme et de le confronter à un pouvoir supérieur. Ce pouvoir est la transparence. Et les affaires récentes, les révélations en sont un symptôme. La transparence va au bout du compte pouvoir moraliser le capitalisme et le forcer à développer des rapports plus moraux : développement durable, exploitation raisonnée de la nature et des salariés, répartition plus juste des richesses. Reste à voir jusqu'où ira cette volonté de transparence, et jusqu'où ira la pression qui y sera associée. Si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, alors on peut imaginer une transparence positive : plus les gens seront élevés dans l'ordre social, plus ils auront de pouvoirs, plus ils seront surveillés, et plus on exigera d'eux de la transparence et de l'équité. On pourrait même imaginer que les salaires des dirigeants soient fixés non plus par un conseil d'administration, mais par les salariés eux-mêmes.
La transition ne se fera pas sans douleur je pense, même s'il n'y aura pas de révolution à proprement parler, je crains que ne s'établisse (de manière transitoire je l'espère) une dictature de la transparence. Plus on sera élevé socialement parlant, plus on devra être irréprochable : ceci donnera lieu à quelques chasses aux sorcières. Les limites seront difficiles à trouver entre ce que nous attendrons d'un grand patron, d'un chef d'état et ce que nous attendrons d'un responsable d'une entreprise de 2-3 personnes. Nous serons face à deux courants contraires : l'exigence de transparence à haut niveau, et la volonté de respecté les libertés individuelles au bas de l'échelle. Et la solution réside bien dans cette opposition, la conclusion qui s'imposera sera de dire qu'un haut pouvoir, qu'une haute responsabilité doit s'accompagner d'une haute moralité.
Il serait utopique d'imaginer que la transparence poussera tout un peuple à devenir droit et moral. Par contre, le changement peut malgré tout faire intervenir toute la société, si le bas impose la moralité de ses élites. Cette utopie là a peut être une chance de se réaliser...




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