vendredi 29 avril 2016

Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix : 1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir.

Citation de Henri Laborit aujourd'hui (ça sent la fin de mois ça... je me raccroche aux citations pour combler le manque d'inspiration :) )
Énoncé psychologique tiré de l'observation animale, confronté à un danger ou à un stress, les premiers chercheurs l'ont projeté sur l'homme rapidement... et on commence maintenant à y voir d'autres réponses possibles (pour ça il faudra lire jusqu'à la fin :) )
La description anglaise de ce comportement sonne mieux, ce sont les 3 F : Fight, Flee, Freeze (ou parfois on se contente de Fight-Flight...)

Commençons par la base : les stratégies animales face à un prédateur.

Premier comportement, la fuite : lorsque le prédateur est trop dangereux, pourquoi prendre un risque? En effet, chez les animaux, la psychologie est tout de suite plus concrète : on ne risque pas simplement une défaite et une blessure de l'ego, on risque une blessure tout court, voire la mort. Ca pousse à réfléchir différemment quand même :) Sans oublié que généralement les rapports proie-prédateur sont bien marqués : les proies font rarement le poids face à un prédateur... si vous pensez le contraire, allez le dire à une gazelle face à un lion, à un phoque face à un ours polaire ou à un requin... etc... la liste serait longue :)

Autre stratégie animale courante : se figer, faire le mort. Beaucoup d'animaux  adoptent cette stratégie étonnante. En faisant le mort, deux mécanismes peuvent se mettre en place, les deux visant à éviter l'affrontement (à le fuir d'une certaine façon, mais sans prendre ses jambes à son cou... d'où le regroupement et l'approche binaire qu'on peut voir parfois : fight-flight) et à faire en sorte que le prédateur perde son intérêt pour nous. Soit en passant pour mort : les prédateurs se détournent d'une proie morte, porteuse potentielle de maladie... tout le monde n'est pas charognard. Soit en échappant au regard du prédateur : généralement le mouvement attire l'attention... donc l'absence de mouvement peut nous en libérer. Cette stratégie a mener au camouflage, et on en retrouve de sacrés experts dans la nature !

Enfin, lorsque le prédateur est prenable (un congénère?), lorsque l'animal n'est pas une simple proie, lorsque la fuite n'est pas possible (défense de terrier? ou simplement effet de surprise trop important) alors le combat devient la solution, l'affrontement ne peut être évité.


Maintenant, mon point de vue :)
D'abord, même si en effet l'homme est un animal comme les autres, on voit vite que les parallèles entre le monde animal et l'humanité montrent rapidement leurs limites. Le monde humain est plus complexe, psychologiquement (en tout cas on peut le supposer, tant qu'on n'arrivera pas à communiquer avec les animaux) : le monde animal est perçu comme relativement binaire, les dangers sont des dangers immédiats, des dangers de mort. Alors que chez l'homme, ces dangers là sont devenus très rares : l'homme n'a pas de prédateur autre que lui même, et la société et les lois ont tendance à faire disparaître ce prédateur... Bref, les situations ne sont pas vraiment comparables, mais on peut toujours s'en servir de point de départ, s'en inspirer...
Et l'on voit bien apparaître des comportements similaires de l'homme face au stress ou à une épreuve : certains feront face au problème, certains fuiront et certains feront simplement le dos rond et attendrons. Ce que j'apprécie dans cette vision c'est que l'attente n'est pas vue comme un non-choix, mais bien comme le choix assumé d'attendre, et donc de renoncer aux autres stratégies. Il n'y a jamais de non-choix, refuser de prendre position, c'est déjà prendre position. Le reste est plus discutable je trouve : cette approche nous pousse à hiérarchiser les réponses. Comment préférer la formulation ne rien faire ou fuir face au combat? Alors que la meilleure réponse à apporter dépend nécessairement de la situation, et de la personnalité. Sans tenir compte du contexte, on zappe la phase d'analyse, la possibilité de choisir la meilleure réponse adaptée, et ne reste alors que la composante de la personnalité... et il est alors difficile de ne pas voir les fuyants comme des lâches, et les attentistes comme des indécis pathologiques.
Enfin, la complexité de l'esprit humain fait apparaître une autre réponse, plus complexe : la sociabilisation. Face au stress, face à une épreuve, on peut chercher à comprendre son prédateur et à négocier un compromis avec lui (ce qui reste très difficile entre un chat et une souris, mais est plus facile entre deux humains), ou dans la même idée, on peut chercher à s'unir avec d'autres proies, à chercher de l'aide pour affronter le problème, soit pour y faire face à plusieurs (stratégie qu'on retrouve chez certains animaux, avant l'apparition du prédateur, mais rarement à son apparition à ma connaissance), soit pour trouver un certain réconfort, une aide pour se relever plus vite. Et du coup, je rajoute le 4ème F à la formule : Fight, Flee, Freeze et Friend :)

Bref, je préfère nettement l'approche de Marc-Aurèle : trouver le force d'affronter les problèmes qu'on peut dépasser, la sérénité pour accepter ce qui ne peut être changé, et la sagesse de distinguer les deux. Après, l'affrontement peut se faire de différente forme, la fuite et le camouflage sont des stratégies qui permettent de changer la situation, dont de l'affronter...

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