mardi 26 février 2013

Justice?

Comment l'idée de Justice nous influence t'elle?

Notre société occidentale place la justice et le mérite au centre de notre monde. Le destin n'a que peu de place chez nous, et on garde en tête que l'on récolte ce qu'on sème, qu'on mérite une bonne note lorsqu'on a bien travaillé. Nous refusons l'arbitraire, nous ne voyons pas de destin ou de karma, et même lorsqu'on parle de karma, c'est en disant qu'on récolte dans cette vie les fruits de nos actes de nos vies antérieures.

Cette notion de justice, cette haine de l'arbitraire n'a sans doute aucun fondement (si ce n'est l'envie de se rassurer soi-même, de se croire plus maître de son destin que l'on ne l'est réellement), mais là n'est pas la question.

Le premier effet de cette idée est la croyance que ceux qui réussissent l'ont mérité. Pourquoi pas après tout, il y a bien des chanceux, mais globalement le travail paye, favorise la chance... Petit effet pervers : çà crée des gagnants narcissiques et égocentriques...

Un autre effet, reflet du premier, nous invite à croire que lorsqu'une personne fait le mal, elle paiera un jour, elle sera puni. Après tout, si cette croyance nous aide à encaisser le malheur, elle ne fait pas trop de mal. Elle nous fait juste espérer le malheur d'autrui indirectement, de manière hypocrite.

Les autres effets, plus subtiles, sont les contraposées des précédents, et sont, je pense, plus nuisibles.

Lorsque l'on pense bien faire, on s'estime en droit de réclamer le bonheur, ou en tout cas des évènements favorables. Si cela ne se produit pas, on devient vite perdu, frustré, on ne comprend pas... Normal, l'arbitraire ne se comprend pas, et il est difficile de l'accepter.

Et je garde le dernier pour la fin : lorsqu'il nous arrive un malheur, on peut être amené à croire que l'on mérite ce malheur. Histoire de conserver cette chère image du monde juste, on préférera s'inventer des crimes et des fautes que l'on n'a pas commises plutôt que de remettre en cause cette vision. Et ceci ne fera qu'amplifier notre malheur : on traînera alors en plus un sentiment de culpabilité. Pire, ce sentiment étant inventé de toute pièce ne pourra être chassé : la faute ne pourra jamais être expiée, car elle n'existe pas réellement. Et voilà comment créer un démon qui nous accompagnera quelques années...

Le lâcher prise à la mode revient sans doute à accepter une part d'arbitraire, cela vaut sans doute le coup... Mais ô combien est ce difficile d'accepter que les choses arrivent sans raison, d'accepter nos limites (sans pour autant sombrer dans l'excès inverse, la déresponsabilisation totale...).

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