samedi 2 février 2013

La mémoire affective

Ce qui m'intéresse ce soir, c'est la mémoire des relations, la mémoire affective, la mémoire qui se construit sur le long terme, par la répétition de rencontres et qui s’entremêle avec l'idée que nous nous formons de la personne en question. La mémoire étant au final toute la partie cachée de l'iceberg, fondement de notre avis sur la personne et la relation : amicale, amoureuse, loyale...

Sa construction se fait par couches successives, forcément. Au fil des rencontres. Mais les premiers instants, les premières rencontres, les premières impressions, voire les premiers à priori forment à mon sens un noyau dur. Ce noyau reste une idée indélogeable dans notre mémoire, dans notre esprit. Les évènements suivants vont se rajouter sur cette couche, vont rajouter une enveloppe plus ou moins fine.
Si les couches sont compatibles avec le noyau, celui-ci les absorbera en un sens, et deviendra plus fort.
Si à l'inverse les dernières couches sont en contradiction avec le noyau, c'est là que ça devient intéressant...
Si ces couches en contradiction avec le noyau sont superficielles, elles s'effriteront d'elles-mêmes : avec le temps, avec la poussée du noyau... et tout rentrera dans l'ordre.
Si elles sont un peu plus répétitives, alors elles peuvent en quelques sorte recouvrir entièrement tout le noyau : elles masquent totalement les premières impressions. La lutte commence alors. Le temps et l'inertie joueront en faveur du noyau, mais la répétition jouera en faveur des nouvelles couches, pouvant aller jusqu'à nous faire oublier l'existence même de ce noyau. La "raison", l'intellectualisation de la relation nous fera percevoir avant tout la dernière couche, du recul sera nécessaire pour se souvenir de ce qu'il y a dessous.
Parfois, la répétition n'est pas nécessaire, un pic bien placé peut fêler voire briser le noyau : mais le noyau sera toujours présent, et selon sa taille et les couches suivantes, il se reformera avec une fêlure ou disparaîtra...

Bref, pour résumer, parce que je sens que la fatigue m'embrouille (ou alors mes idées suffisent à m'embrouiller), la mémoire affective est d'après moi soumise à 2 forces :
- son noyau, formé par la première impression, les à priori
- les derniers éléments chronologiques
La première force peut réussir à dissoudre la seconde avec l'inertie et le temps, l'entropie?.
La seconde force peut réussir à masquer la première, à créer un doute, voire à se substituer au noyau pour en former un nouveau.

Et globalement nos émotions n'ont que peu de mémoire et ne prennent que peu de recul, donc ce qui sera toujours perçu en premier ce sont les couches les plus superficielles, les dernières. C'est ce qui permet à une broutille de refroidir une amitié durable...

Au final, il ne faut pas chercher quelle est la bonne force : cette question n'a pas de sens. Il faut chercher le meilleur moyen de voir ces forces pour vivre le mieux, et se concentrer sur la force qu'on souhaite accentuer. ce qui revient à orienter, diriger ses sentiments... et accorder ou non un pardon. Avoir conscience de l'aveuglement, qu'il soit causé par les à priori ou par les derniers évènements, c'est déjà commencer à ouvrir les yeux...

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