vendredi 1 mars 2013

La vérité, toujours?

Personne n'aime le mensonge, tout le monde aime la vérité.
Et pourtant, le mensonge permet de de maintenir les liens sociaux : sans petits mensonges, difficile de maintenir une cohésion sociale. A la limite, nos amis pourraient nous pardonner nos défauts, nos lâchetés quotidiennes, mais on ne peut pas demander la même chose de nos simples connaissances : l'humanité n'est pas encore ni assez compréhensive, ni assez tolérante.. dans un monde idéal peut être.

Bref, je suis de ceux qui disent préférer la vérité au bonheur. Ligne de conduite difficile à tenir, mais bon, c'est un choix, j'essaye de m'y tenir en sachant que ce choix est remis en question continuellement : je ne prétends pas être parfait, j'ai le droit à l'erreur. Il faut trouver le juste milieu entre exigence envers soi même (sinon on ne progresse pas) et pardon et tolérance, toujours pour soi même (demander à l'humanité d'être compréhensive sans l'être soi-même envers soi n'est il pas un non sens?).

J'ai entendu un philosophe prôner la vérité à tout prix : y compris dans les cas les plus cruels. Il prenait l'exemple d'un interrogatoire de la Gestapo : la dénonciation était pour lui la voie de la Vérité : ne jamais mentir, quelque soit l'interlocuteur, les circonstances et les conséquences. Cet exemple fait réfléchir... et fera l'objet d'un autre message : est il bon d'adopter un principe absolu et de l'appliquer? Essayons de ne pas trop nous éparpiller :)

Déjà, il est important de se positionner soi par rapport à la vérité reçue : souhaitons nous connaître la vérité à tout prix? J'ai ma réponse, même si celle-ci pourra me faire souffrir, de se positionner permet de ne pas rejeter la faute sur les autres lorsqu'on nous annonce de mauvaises nouvelles, et surtout pas sur le simple rapporteur. Ce principe, je pense, peut être absolu si l'on pense être en mesure de pardonner aux porteurs de vérité. Ce porteur peut être une personne, nous mêmes ou bien le monde : l'introspection, la recherche, les sciences peuvent nous amener à découvrir des vérités douloureuses.

Le positionnement par rapport à la vérité donnée est plus complexe.
Le fait qu'elle soit donnée joue aussi sur un autre tableau très sensible : l'image que l'on donne de soi.
Autant le fait d'encaisser sagement toute vérité nous fera passer pour sage, autant le fait de dire tout le temps la vérité risque de nous isoler : soit par notre franchise (par rapport à ce qu'on pense) qui pourra être mal supportée, soit par le fait de révéler tous nos défauts et toutes nos fautes, soit par le fait de ne garder aucun secret/tout rapporter, soit par le fait de trop bousculer la personne. Bref, cela fait beaucoup de raison de craindre la réaction de l'autre face à la vérité, cette réaction est inconnue, alors que la réaction face à un petit mensonge est maîtrisée : le tout étant de ne pas se faire attraper la main dans le sac, chose assez facile pour des petits mensonges.

Le compromis, ou la concession ;) la plus facile à faire à ce stade étant de ne dire ni la vérité ni un mensonge : on se contente de ne rien révéler, de cacher, de garder pour nous ce que l'on sait.

Ceci nous permet en un sens de sauver les apparences par rapport à la vérité et de continuer à conserver sa relation avec l'autre. La nécessité de plaire à autrui est la plus forte, ou en tout cas la nécessité de ne pas se faire rejeter.

Ceci fait que plus on aura confiance en notre relation, moins on sera tenté de mentir ou de cacher la vérité. Ça devient un bon indicateur pour révéler la force d'une relation. Mais cet indicateur est à manipuler avec précaution, car entre aussi en jeu l'importance que l'on confère à cette relation. Moins la relation est importante à nos yeux, moins ce désir de la protéger devient important, tout comme le désir de dire la vérité. A un inconnu, selon les circonstances, on pourra facilement avouer nos faiblesses ou pas, on pourra facilement être franc et risquer de le repousser...

Peut être que lorsqu'on se sent suffisamment sûr de soi/de sa relation, ce besoin de plaire/ne pas se faire rejeter disparaît pour ne laisser place qu'à la vérité. Peut être que la sagesse parvient au même résultat, peut être que lorsqu'on est rassasié de ce besoin de plaire (avec suffisamment de relations?) on arrive au même résultat. J'en suis loin :)

Est ce donc de la lâcheté que de ne pas dire la vérité pour se protéger du rejet? En un sens oui, c'est surtout le signe d'une aliénation, d'une dépendance : le signe que nous ne nous sommes pas émancipés du regard de l'autre, que nous ne pouvons nous permettre d'être rejeté. Ou alors le signe d'un manque de confiance dans la capacité de pardonner de l'autre, dans sa capacité à encaisser la vérité et à malgré tout nous pardonner, nous aimer. La relation idéale comble ces manques, ne connaît pas ses lacunes, et donc peut s'épanouir dans la vérité complète.

En attendant, cela aura quand même fait apparaître une certaine contradiction chez moi, apporter des précisions sur mes échelles de valeurs. La vérité passe avant mon bonheur en théorie : oui quand il s'agit de l'encaisser, mais elle passe après la peur d'être rejeté, d'être isolé. Le regard des autres (de certains autres) passe donc avant la vérité exprimée : je suis donc faible, autant l'admettre.

Note : cette réflexion peut faire apparaître le mensonge comme une preuve de dépendance, d'amour. Enfin, tous les mensonges ne sont pas comme ça, bien entendu. On peut toujours mentir pour blesser, cacher, protéger, mais on peut aussi mentir par peur... peur de perdre une relation. Ce qui est limite stupide, car un mensonge détruit sans doute autant la relation... mais les petits mensonges doivent s'oublier, et les vérités peuvent laisser des cicatrices. C'est le pari que fait le menteur.

1 commentaire:

  1. la vie n'est pas blanche ou noire.. n'est pas verites / mensonges.
    Tout est dans les gris, les nuances.

    enfin c'est mon point de vue... les humains mentent TOUS les humains mentent

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