Oscar Wilde ce soir pour nous pousser à mieux nous connaitre, et surtout à mieux nous aimer.
Comme souvent chez lui, la citation fait d'abord naître un léger sourire, puis invite à réfléchir sur la condition humaine.
L'apparente banalité, le sens de la formule et le contre-pied (une histoire d'amour avec soi-même!) nous cueillent à froid et nous font prendre la formule au premier degré, mais il ne faut pas s'arrêter là...
Évacuons d'abord le premier degré : même si la citation tend à exagérer et à pousser au narcissisme, s'aimer soi-même est en effet vital, et une fois cet amour de soi acquis, il est tout aussi vital de le faire durer, comme une véritable histoire d'amour. Connais-toi toi même disait Socrate, mais il faut aussi que cette connaissance conduise à s'accepter et à s'aimer : aimes-toi toi même.
Cette injonction peut facilement se compléter : aimes-toi toi même, avant d'aimer les autres, ou avant de demander aux autres de t'aimer, ou de l'espérer. S'aimer soi-même est le commencement, c'est le premier pas qui permettra ensuite de récolter les fruits : sa propre histoire d'amour, sa confiance en soi en est le premier, le reste suivra (ou pas :) mais la première étape reste la même...)
Une autre nuance, sur le même thème, serait de dire qu'il ne faut pas chercher d'autre histoire d'amour que celle-ci. Les autres sont illusions ou passagères... la seule qui vaille véritablement le coup, c'est celle défendue par Oscar Wilde : nous sommes notre seul compagnon de route, indéfectible. Et en un sens, l'amour de soi est plus robuste que l'amour des autres, qui dépend en partie des autres justement : de leur changement, de leur évolution, de notre perception, des aléas... Certaines routes divergent avec le temps, mais il est plus dur de diverger de soi-même.
Ceci pour arriver à la conclusion pessimiste en un sens : la solitude. Ce n'est sans doute que ma lecture, car Oscar Wilde ne compare à aucun moment cet amour de soi avec l'amour des autres, mais sa citation m'y pousse. Et le constat est là : à la fois il est vital de s'aimer, et à la fois, c'est le seul amour que l'on peut rendre indestructible, intemporel - même face à la mort, qui ne séparera pas l'amour mais l'emportera avec elle. Mais le pessimisme n'est que dans l’œil du lecteur, car au final, ce regard n'est qu'une reprise de la parole de Bouddha : naître seul, vivre seul, et mourir seul, et dans le temps apprendre à se connaître, puis à s'aimer... Aimer les autres et être aimé n'est pas impossible, c'est juste plus fragile, plus délicat, plus éphémère.
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