dimanche 10 juillet 2016

L'écoute active

Je viens de tomber sur une définition de l'écoute active qui mérite que je la partage (essayer de ne pas rater l'occasion d'un article :) ) Bon, la définition est issue d'une conversation bouddhiste, donc on y retrouvera un peu de ces concepts, mais ça semble être une bonne base. Plutôt qu'écoute active, on pourrait d'ailleurs l'appeler écoute consciente.
Elle reposerait sur différents mécanismes.

Le premier, l'écoute :) C'est bête à dire mais c'est aussi simple que ça. Et là en fait il s'agit d'être passif, de laisser l'autre parler à son rythme, de ne pas l'interrompre, de ne pas chercher où il veut en venir, de ne pas chercher à anticiper son raisonnement pour pouvoir aller plus vite. A vouloir aller trop vite à la conclusion, on met de coté le signifiant, on se coupe de certaines informations, de certains détails. Bref, le premier principe est un principe de respect : il faut respecter l'autre et lui offrir passivement sa présence, son attention. Cette passivité demande un effort de notre part : il faut continuellement se retenir. La tentation est forte, face à un discours, soit d'anticiper la suite, soit de le juger : juger la personne, le discours, la forme, le fond, qu'on peut trouver stupide, inintéressant, soit de le conseiller, soit de ramener le problème à soi, à son vécu, ses expériences, soit d'être gêné ou perturbé... Il est nécessaire de se détacher de ces jugements et émotions internes qui nous recentrent sur notre propre pensée, et non plus sur l'écoute et la pensée de l'autre, ses émotions.
Le but d'une conversation n'est pas de reprendre la parole le plus vite possible, ce n'est pas un combat, ni même une joute verbale. On arrive au second mécanisme : le lâcher-prise. Il ne faut pas chercher à contrôler la conversation, ni même à faire la conversation. Et on retrouve là un défaut que partagent les timides, les anxieux, les peu-sûrs-d'eux : ils cherchent à paraître ce qu'ils ne sont pas, ou du moins à cacher leur défaut imaginaire, ils vont alors chercher à être intéressant, à répondre quelques chose d'intéressant, pour éviter les blancs dans la conversation. Ainsi, plutôt que d'écouter, ils vont se concentrer sur ce qu'ils vont dire ensuite, quand ça sera leur tour de parler. La meilleure chose à faire pour bien écouter est donc de ne pas préparer sa réponse : pas forcément évident de temporiser l'échange, de laisser des pauses, surtout dans notre monde moderne ou tout va de plus en plus vite, surtout pour les timides et les anxieux...
Dernier mécanisme cité, qui vient réellement en dernier car les étapes précédentes, qui consistent à faire taire son ego et toute sa mécanique interne (jugements, raisonnements, analyses, émotions propres) : il s'agit de se laisser toucher, de se laisser émouvoir par le discours de l'autre, il faut faire preuve d'empathie, de sympathie et de compassion ;) Il est nécessaire de d'abord vider son esprit pour pouvoir ensuite accueillir l'autre : son discours, son raisonnement, ses émotions...
Les conseils, si on tient absolument à les donner, doivent venir après ces trois temps, il faut d'abord écouter, sans juger, sans chercher à comprendre ni chercher à répondre ou à contrôler la conversation, mais chercher à ressentir. Le temps de la compréhension et des conseils doit venir après.

Sur le papier, rien à redire. Maintenant, en pratique c'est une autre paire de manches je trouve... peut être parce que je suis trop timide ou anxieux d'ailleurs :) Je peux imaginer ce genre d'écoute face à une personne qui me confierait certains de ses problèmes, même si j'en vois les difficultés, même si j'en vois certaines limites : à mettre en avant les émotions et à éviter les conseils, pas sûr que l'autre se rende compte de notre écoute, notre écoute consciente pourra être prise pour un désintérêt condescendant : on laisse parler l'autre, parce qu'il faut bien... Pas sûr que ma seule présence, que mon seul regard puisse faire comprendre à l'autre l'intérêt que je lui porte, pas sûr que me émotions le réconfortent... peut-être faut il simplement essayer (je n'ai plus qu'à en trouver le courage :) ).
Et aussi, toutes les conversations ne s'y prêtent pas je pense : les conversations ne sont pas toujours émouvantes, personnelles, elles peuvent n'être que bavardage : il me semble impossible d'adopter cette posture dans de telles situations... à moins d'être d'une infinie patience et d'être le Dalaï-Lama, et de ne pas avoir peur d'être pris pour un illuminé, bienveillant et sage, mais un peu illuminé quand même...

Reste qu'avant d'atteindre cette perfection, le chemin est long, et les mécanismes sont donc à garder en tête pour tendre dans cette direction que me semble être la bonne : à chacun de voir où s'arrêter en chemin...

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