Petit article pour faire un bilan passager des traces que laissent l'éducation et l'environnement dans notre enfance...
L'enfance forge notre caractère, c'est une évidence pour tout le monde depuis Freud, mais les exemples concrets manquent, et font sonner cette sentence comme creuse. Petit tour d'horizon des conséquences pratiques de notre enfance.
Le modèle de justice : nos parents, et toute forme d’autorité en fait, nous récompense et nous punit en fonction de nos actions, de notre mérite. Nous grandissons tous avec l'idée que nous récoltons les fruits de nos actions. Quelle déception en grandissant ! Le sentiment d'injustice ne peut que nous envahir, et nous transformer en boule de colère, de ressentiment, d'aigreur... Au final, cette utopie de justice risque de nous éloigner de la société, de la vie en communauté : les injustices sont trop criantes, la tentation du rejet est forte. Autre tentation : devenir justicier, se faire justice soi-même, et ignorer le contrat social, au profit de sa subjectivité...
Le modèle amoureux : ma génération a grandi avec les contes de fées, la princesse et le chevalier servant. L'amour est stable et absolu : la recherche du coup de foudre, de l'amour fusionnel, de l'Histoire, de notre âme sœur créent une intransigeance face à la réalité. La réalité n'est jamais à la hauteur de nos rêves d'enfants : il faut apprendre à faire avec, certains appellent ça grandir :) Ce modèle doit être en train de changer : les enfants actuels grandissent sans doute aussi avec les contes de fées, mais leur entourage est moins rose, les divorces se multiplient, le sexe se consomme, les histoires s'enchaînent, l'histoire d'une vie n'aura sans doute plus beaucoup de sens pour eux. Ils seront sans doute moins déçus, mais qui peut dire si c'est un bien? C'est une part de rêve qui fuit notre existence...
Le modèle narcissique : un enfant a besoin de confiance en lui, mais n'en faisons nous pas trop à lui répéter qu'il est spécial, à le sur-motiver... Il y a eu l'enfant roi qui s'est transformé en adulte capricieux, il y a peut être maintenant l'enfant démiurge, qui se transforme en adulte narcissique. On peut en effet se demander d'où vient cette vague de pervers narcissique : simple effet de mode des psychologues, ou réel effet de société?
Bilan à ce stade : heureusement, rien n'est joué d'avance, les chemins ne sont jamais tracés d'avance, mais une tendance se détache, celle du repli sur soi et du manque d'ouverture vers la société, du manque de considération envers les autres. Heureusement, l'homme reste un animal social, et nos expériences adolescentes (et adultes) renforcent ce sentiment d'appartenance, ce besoin d'appartenir à un groupe, mais ces liens sont ils aussi intenses qu'on le souhaiterait? Ne vaudrait il pas mieux mettre en avant des valeurs moins individuelles (bienveillance, compassion, gratitude...), plus tournées vers la communauté et plans ancrées dans le réel?
Mais pour cela, il faudrait tuer un peu plus nos rêves d'enfants, et ne pas confier à nos enfants la poursuite de nos rêves, de nos idéaux... Un tel changement est forcément difficile, et constitue un peu un saut dans l'inconnu : on sait quel modèle on abandonne, on ne sait pas vers quoi on se dirige... Sans questionnement profond et sans une forte dose de courage ou de conviction, la résistance au changement est la plus forte.
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