mercredi 29 avril 2015

A mon enterrement...

J'aime bien ce titre de chanson, paradoxe ambulant. Bref, l'idée a été relancée par un film : une belle fin.
Qui pense à son enterrement? Tout le monde doit y penser, reste à préciser la fréquence et les pensées. Entre obsession et pensée passagère, on doit trouver de tout, certains n'y pensent peut être que lorsque la fin approche, d'autres alors qu'ils sont encore jeunes, très jeunes. L'idée étant là de s'interroger sur deux éléments : le nombre de personnes présentes et l'éloge funéraire.

Ces pensées reflètent clairement un souci social : elles dénotent une profonde inquiétude sur les liens que nous arrivons à tisser durant notre vie, et sur l'image, et le souvenir qu'on laisse aux personnes que l'on croise. Combien de relations dureront suffisamment longtemps, combien ne seront pas simplement superficielles ? Ce déplacer à un enterrement est une dernière preuve de respect, pas nécessairement envers les morts : ils n'en ont que faire, mais envers le lien qui nous unissait à la personne, c'est justement montrer que ce lien va par delà la mort. Et derrière ces questions se cache nécessairement une peur : celle de se retrouver seul à son enterrement. N'est ce pas là le meilleur signe d'une vie ratée ? inutile et triste? La mort est alors à l'image de la vie, elle est la conclusion d'une vie solitaire, sans avoir réussi à communiquer, à tisser des liens intimes et forts. Cette hantise m'a poursuivi un temps... et elle reviendra surement : l'histoire ne fait que se répéter :) Le but n'étant pas nécessairement de faire salle comble le jour de son enterrement : on peut préférer la qualité à la quantité, mais une vie, c'est long, ça laisse le temps de faire beaucoup de rencontres...

La seconde question suppose de ne pas se retrouver seul à son enterrement : c'est la question de l'éloge, ou plus généralement de ce qu'on dira de nous une fois partie. Sans forcément chercher l'immortalité, cette question doit en tarauder plus d'un. Laisserons nous le souvenir de quelqu'un de bon? de bien? Les gens se souviendront ils de nos qualités, ou plutôt de nos défauts, ou simplement de quelques expériences passées : l'individu étant au final caché par celles-ci, il s'efface et passe au second plan. Ou ne laisserons nous derrière nous aucun souvenir? Trop commun, trop discret, trop moyen pour marquer les gens, fade et sans saveur. Plus qu'un souci d'immortalité, il s'agit bien d'essayer de juger sa vie par ces ultimes indices sur les traces que nous laissons derrière nous, pas les traces matérielles, ces accomplissements sont généralement futiles, mais les traces sociales, l'emprunte que nous laissons derrière nous, dans la mémoire collective de ceux que nous avons croisés. Peut être est ce le comble de l'égocentrisme de penser à cela, ou alors plus certainement le signe d'un besoin extrême de reconnaissance, ou plutôt la peur de ne pas être reconnu, d'être invisible. Ça dénote aussi une peur de l'échec : peur de rater sa vie, d'être inutile.

Chacun peut choisir la mesure de sa vie : la richesse matériels, la profusion de souvenirs qui jalonnent une vie bien remplie, un sentiment d'accomplissement personnel... Ce choix est sans doute lié en définitive à nos valeurs et à nos objectifs, chacun agissant pour augmenter sa propre valeur à ses yeux. Et au final, la richesse de nos relations se mesurera à notre enterrement, mais nous ne le verrons pas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire