dimanche 26 avril 2015

Aplanissement des valeurs

Notre époque écrase tout, et les "valeurs" en font les frais aussi. A se faire écraser, on aplanit tout, on met tout au même niveau. Le rouleau-compresseur est en marche, est a plusieurs moteurs.

La sur-abondance d'informations crée en premier lieu un océan informe, où tout se mêle. L'important comme le superflu. Nous sommes noyés sous l'information, elle n'est plus triée, hiérarchisée, tout est accessible mais plus rien ne ressort. L'information n'est plus dictée par son importance, sa pertinence, et surtout pas par son décryptage, mais par son audience, son pouvoir d'attraction. Les chaînes d'info continue en sont un exemple, où on se jette sur les sujets à la mode pour les rabâcher. Rigolo aussi de voir comment l'avis du quidam moyen est de plus en plus mis en avant : la parole de l'expert n'intéresse plus, on veut de la proximité.


C'est sans doute un deuxième moteur : un souci de démocratie et d'égalité qui s'est perdu en route. A trop vouloir d'égalité, à trop vouloir de peuple, on tue petit à petit nos élites. On veut tous se mettre sur le même pied d'égalité : pourquoi son avis compterait plus que le mien? OK, il a fait des études, a étudié la question, et alors? Parce qu'il se dit spécialiste, je devrais l'écouter? On trouve les experts arrogants, on refuse de se laisser dicter un avis, même éclairé. A refuser cette aide, on en arrive à refuser l'éducation. Les ressorts de l'inégalité n'ont pas été compris, et la réaction se fait de travers, et ne fera qu'empirer la situation. Cette attitude est relayée et amplifiée par les médis comme je disais, où on fait de plus en plus de place à des témoins. Non seulement c'est mieux pour l'audimat, mais c'est moins compliqué et moins cher que de demander un avis éclairé, qu'une analyse, qu'un débat. La démocratie a laissé sa place à l'individualisme. On est passé de l'abolition des privilèges à un égalitarisme totalitaire et à un individualisme extrême : tout le monde vaut tout le monde, donc moi aussi je vaux autant que tout le monde.

Le politiquement correct n'y est pas étranger non plus... De toute façon le politiquement correct est toujours coupable :) A trop vouloir éviter de froisser quiconque, on utilise des mots sans saveurs, on n'ose plus dire les choses choquantes (bon j'exagère, ce n'est pas le cas de tout le monde). Et à utiliser des mots sans saveurs, on se façonne des idées sans saveurs. De toute façon, nos idées ne peuvent qu'être à l'image des mots que nous utilisons pour les former.

Le langage est aussi un signe et/ou une cause de ce phénomène : on fait perdre leur sens aux mots. On utilise les mots les plus forts couramment, on les banalise. Les nuances ne sont plus perçues, on a besoin de mots extrêmes à la moindre occasion, sinon on ne sera pas écouter. Il faut essayer d'attirer l'attention afin de se faire entendre. Et on en arrive à notre point de départ, à la première raison : l'abondance d'informations.

A croire que notre époque est devenue trop riche, trop rapide, trop complexe, et que nous n'avons pas su la dompter. Nous subissons les changements plus que nous les provoquons. au mieux nous pouvons prendre un peu de recul et les observer. Il en a sans doute toujours été ainsi...

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