Petite réflexion qui m'est venue récemment.
Je me suis aperçu qu'il y a au moins 2 manières de faire son deuil, de quoi que ce soit.
En fait, soit on accepte la perte, et on passe à autre chose. La perte ne devient qu'un souvenir, qui petit à petit s'efface.
Soit on accepte l'idée de vivre constamment avec le poids de cette perte, on accepte que ce poids fasse partie de notre vie, on ne le rejette plus, on le fait sien, on l'embrasse.
J'ai beau y réfléchir, je n'arrive pas vraiment à départager ces deux manières.
D'un côté, je me dis que le vrai deuil, c'est de passer à autre chose, de ne plus être constamment sous le choc de la perte, de ne plus le subir, ce qui aurait tendance à m'orienter vers la première définition.
Mais en fait cette première définition ne s'applique t'elle pas simplement aux pertes superficielles? qui s'effacent toutes seules avec un peu de temps, de distraction? La vraie perte peut elle être surmontée : la perte d'un enfant, d'un bras, de la mémoire? Difficile, voire impossible de vivre sans les conséquences de cette perte constamment à l'esprit, telle une obsession. Tout ou presque nous rappelle cette perte, nous y ramène, et lorsque le lien n'est pas direct, notre esprit et notre imagination sont suffisamment puissants pour créer des liens.
Bref, la sagesse de premier niveau m'oriente vers la première définition : le sage arrive à être au-dessus de tout ça, à dépasser la perte, à l'accepter comme telle, elle fait partie de la vie, elle est une étape.
Mais un autre niveau de sagesse, que je ne sais positionner par rapport au premier, je ne vois pas de hiérarchie, un peu plus ancré dans le réel peut être, comprend le deuil différemment. Il ne s'agit plus d'accepter la perte au sens de la dépasser, passer à autre chose, aller de l'avant. Il s'agit d'accepter la perte, et le sentiment qui l'accompagne, comme faisant partie de soi. Nos actes et nos expériences nous construisent, les positives comme les négatives. On traîne tous nos boulots tout le long de notre vie, nos chaînes ne se défont jamais. On peut s'en distraire parfois, au mieux. Cette vision est plus réaliste et plus englobante sans doute, mais je la trouve aussi plus pessimiste, plus désespérée, un peu trop complaisante aussi peut être.
Mais bon, la réalité est peut être là : face à une perte, il est vain de croire qu'on peut revenir à un état précédent, d'avant la perte. Notre reconstruction doit nécessairement intégrer cette perte. Le dire comme ça semble évident, reste à comprendre comment l'intégrer : avec distance et froideur, comme une leçon bien apprise, ou avec empathie, en traînant sa douleur et en vivant avec?
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