samedi 6 décembre 2014

Un peu de timidité

J'étais tombé sur un article intéressant sur la timidité, mais je l'ai perdu... ça m'apprendra à ne pas noter les choses plus rapidement.

Bref, après l'introversion qui est une sorte de besoin de se retrouver seul pour se retrouver, se reposer, retrouver son énergie, attaquons un peu la timidité. La timidité n'est pas un besoin, mais une crainte, c'est un mouvement de protection visant à se protéger du regard des autres, de leur jugement, ou plutôt de l'idée que nous nous faisons du jugement des autres. Le timide est un peureux.

Cette crainte peut prendre plein de formes différentes et peut varier selon le contexte.
Ce qui est sûr, c'est que plus le contexte sera rassurant, moins la timidité s'exprimera.
On peut être plein d'assurance dans un domaine particulier (boulot, sport, musique...), dans un contexte particulier (tête à tête, autour d'une table, d'un verre, en groupe, face à un inconnu ou à un ami de longue date...). La timidité est aussi quelque chose d'intime, ce qui signifie qu'on peut très bien se percevoir comme timide, et donner une toute autre image à notre entourage.

Tout ceci fait que, souvent, lorsque nous évoquons notre propre timidité, nous ne sommes pas crus, ou pas pris au sérieux : simplement parce que notre timidité ne s'exprime pas dans les mêmes conditions que celle de notre interlocuteur (l'un sera timide en face à face, l'autre en groupe) et qu'elle n'est pas forcément visible (je peux être pétrifié lors d'une prise de parole en public, sans que les autres ne s'en aperçoivent). C'est le propre de tout ce qui est intime, il est très difficile d'échanger sur le sujet.

La timidité est avant tout une question d'imagination et de confiance en soi. Le timide ne juge pas sans arrêt les gens, mais il a peur de l'être, d'être décortiqué, analysé sous toutes les coutures, et ainsi il craint d'être mis en défaut, pris pour plus bête qu'il n'est, et au final rejeté (ce qui est un paradoxe dramatique : le timide va se couper des autres, par peur d'être rejeté). Et du coup, le timide va pratiquer sans cesse cette analyse sur lui-même, se demander ce que les autres peuvent penser de son attitude, de chacun de ses gestes, du moindre de ces mots. Ceci va occuper une bonne partie de son esprit, va l'épuiser petit à petit et le priver d'une partie de ses moyens... et on arrive à une auto-réalisation de ses craintes initiales. On perd ses moyens, on n'est pas à la hauteur, et ainsi on se conforte dans notre idée de timidité, du jugement négatif et injuste de la part des autres, qu'on pense impossible à rectifier.

Il est important de comprendre que cette paranoïa du jugement des autres peut intervenir dans n'importe quelle situation : il suffit de ne pas être seul pour l'activer. Ça peut être de marcher dans la rue et affronter le regard des inconnus : on va s'interroger sur notre démarche, sur nos vêtements, notre coiffure; ça peut être de parler à un inconnu : demander du pain à sa boulangère, son chemin à un passant ou faire connaissance à une soirée : on pèsera chacun de nos mots, les répétant sans cesse dans notre tête, préparant nos phrases à l'avance...

Comment s'en débarrasser ? J'aimerai bien le savoir :) En fait, il y a deux options à explorer, étant donné qu'il est impossible de commander à son imagination d'arrêter de s'emballer : soit en réussissant à franchir le mur du ridicule, ce qui permet d’annihiler toute crainte de jugement, soit en s'entraînant, et ainsi, accumuler de la confiance en soi, suffisamment pour réduire le risque de ne pas se trouver à la hauteur.

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