mercredi 10 décembre 2014

Capitalisme et partage des pouvoirs

Avez vous déjà essayer de définir le capitalisme? Avez vous déjà tenter de chercher sa définition?

C'est étrange, mais comme de nombreuses notions, on a du mal à les définir ou à trouver des définitions qui nous semblent acceptables. On pourrait croire que ce terme qui gouverne notre vie est bien défini, avec des contours nets, mais non, pas du tout.

Bref, tentons une définition :)

Le capitalisme c'est donner du pouvoir au capital, et en même temps le récompenser.

Le pouvoir de quoi? Le pouvoir de décider, d'influencer des décisions (choisir dans quelle direction on va, dans quel domaine on investit...).

Quelle est la récompense? Dans le cadre du capitalisme, la récompense n'est pas morale ou spirituelle. La seule valeur qu'il reconnaît, c'est lui même, sa récompense est son accroissement. On récompense le capital par davantage d'argent, de richesse, de capital quoi.

Et enfin, le pouvoir par rapport à quoi? On pourrait dire par rapport à tout le reste, mais ça n'avancerait à rien. Restons dans le domaine économique. C'est lui donner du pouvoir par rapport aux autres sources de production de valeur.

Poursuivons le jeu de piste, à la recherche des autres sources de productions de valeur. N'ayant pas envie de trop me creuser les méninges, je vais juste en rajouter deux aux sources classiquement retenues :
- le travail : les ouvriers, les ingénieurs, le directeur. Tous les salariés quoi.
- la propriété : celui qui possède l'outil de production, l'usine, le terrain ou l'idée (la propriété intellectuelle)
- le capital donc, qui n'est en fin de compte qu'une forme de stock dématérialisé de travail
- l'état : il produit de la valeur dans le sens où il met à disposition un environnement permettant le travail (paix, sécurité, cadre légal) et une infrastructure le favorisant (énergie, transport, mais aussi éducation, santé...)
- et la dernière que je rajoute en seconde lecture : la nature. Une partie est transformée en propriété (terrain, pétrole...) mais une autre n'a pas encore réclamée (énergie solaire, vent...).

Le capitalisme, c'est donc privilégier le capital par rapport aux autres notions : travail, propriété, état et nature. C'est lui donner plus d'importance.

Première remarque :
C'est surprenant de constater que chaque source de production est immédiatement une source de revenue, sauf la nature qui est généreuse, et ne demande rien à personne. Salaire, rente/location, dividendes/intérêts et taxes récompensent ou rémunèrent respectivement le travail, la propriété, le capital et l'état. On est dans un milieu fermé : la seule récompense qui a du sens en économie est l'argent. Et Dame Nature n'a malheureusement pas de représentant humain pour la défendre et réclamer un tribut quelconque. On la considérait à tort comme une ressource infinie, mais on se rend bien compte qu'on est en train de l'épuiser... Peut être qu'on va enfin penser à elle, un jour...

Deuxième remarque (qui est plutôt une interrogation) :
Je me demande dans quelle mesure la propriété ne peut pas être considéré comme une forme particulière du capital : toute propriété pouvant s'acheter et ensuite se posséder. A la limite, c'est moins vrai pour la propriété intellectuelle dans l'absolu.

Troisième remarque :
J'ai envie de dire que le capital est la seule ressource dont on peut se passer, et en même temps, par le mécanisme même de sa constitution au travers de la monnaie, c'est la seule qui est détachée de la réalité et qui ne produit réellement rien, qui n'est pas réellement limité.
Sans travail : rien ne se produit. De plus, le travail est en quantité limitée par la population d'un pays.
La propriété est limitée, du moins la propriété matérielle. La propriété intellectuelle, on peut la voir en expansion permanente : mais à un instant T elle est limitée. Et en un sens (et dans certains cas), la propriété produit de la valeur : une forêt à l'abandon produit du bois...
L'état a des moyens limités et produit aussi, par son fonctionnement, non pas directement des richesses, mais des conditions favorables.
Alors que le capital : il est directement liée à la monnaie, qui est devenue en grande partie dé-corrélée de toute réalité, au moins dans les pays capables de faire fonctionner la planche à billet, et ne produit rien en tant que tel. Laissé à l'abandon, le capital est comme soumis à une entropie : l'inflation naturelle lui fera perdre de son poids...

Après la nature, source de tout (y compris de nous mêmes), on voit apparaître avec cette troisième remarque, une importance particulière à accorder au travail et à l'état. Ils n'ont pas la même capacité à se concentrer que le capital ou la propriété, mais ils sont en quelque sorte à la source de toute valeur, de toute production de valeur. Ils sont originels.

Quatrième remarque, que je viens de dévoiler :
Le capital et la propriété sont capables de se concentrer. On peut accumuler du capital et de la propriété. Le travail est un flux, il ne se concentre pas plus qu'il ne se stocke, pas sous cette forme en tout cas. Et l'état est trop vaporeux pour se concentrer. Il est comme le contenant : il permet la mesure mais ne se mesure pas lui même (ou alors ça m'échappe...). Cette capacité de concentration permet aussi de concentrer le pouvoir, de le multiplier. Un homme ne vaudra que son travail, mais un homme peut amasser un capital infini. Étrange donc d'essayer de confier du pouvoir au capital : dès le début ça sent la machine infernale, exponentielle : le pouvoir va alimenter le pouvoir, sans limite, au détriment des contre-pouvoir qui vont inexorablement réduire.


Suite de la réflexion dans un prochain article... pour essayer de mettre en concurrence ces différentes notions.

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