samedi 13 décembre 2014

Rémunération des acteurs économiques

Maintenant que j'ai vu les 5 principaux acteurs de l'économie, reste à les comparer : travail, propriété, capital, état et nature.

J'ai envie de raisonner par l'extrême pour tenter de mettre à jour certains ressorts. En imaginant  tour à tour pour chacun de ces acteurs sa disparition en tant qu'apport à l'économie, puis la suppression de sa rémunération.

Commençons par le travail :
Puis je me passer de lui tout en continuant à créer de la valeur, à produire? Un monde oisif peut il produire? La nature continuera à produire un peu : elle n'a pas besoin de nous, par contre, les 3 autres acteurs en sont incapables. Un jour peut être où nous aurons automatisé ou robotisé suffisamment de tâches, où nous aurons enrichi la nature... mais en attendant, même si cette valeur produit peu individuellement, elle reste nécessaire.
Et si je cesse de le rémunérer? Alors il n'y aura plus d'intérêt à travailler pour une autre personne que pour soi : chacun devra vivre en autarcie. Propriétés et capitaux continueront d'être rémunérés, mais bientôt ils ne trouveront plus d'acquéreurs : ils ne sont que pour amplifier le mécanisme. Certains diront qu'ils le parasitent, mais ce serait nier leur rôle positif et entraînant. Autre système possible sans rémunération du travail : l'esclavage.

La propriété :
Faire disparaître la propriété, c'est faire disparaître l'objectif du travail, c'est faire disparaître la motivation individuelle. Ceci ne pourrait être viable que si un intérêt collectif arrive à prendre le pas sur l'intérêt individuel.
Par contre, cesser de rémunérer la propriété, c'est obliger les gens à ne posséder que pour leur usage propre. Posséder pour louer ou faire fructifier n'a plus de sens (à la limite à la revente...)

La nature :
Difficile d'imaginer de la faire disparaître, étant donné qu'elle est le cadre.
Par contre, il n'est pas bien difficile d'imaginer de ne pas la rémunérer : c'est déjà le cas. Et tout ce qu'on risque, c'est de voir son pillage et son épuisement. Sa rémunération étant surtout une question de survie pour elle.

L'état :
Un monde sans état sera chaotique, anarchique. Il se rapprochera d'un état de guerre. Difficile d'imaginer alors une quelconque production ou une quelconque économie.
Comme pour la nature, ne plus le rémunérer, c'est aller au devant de sa fin, et risquer de lui empêcher de tenir son rôle.

Et enfin, le capital :
Faire disparaître le capital, c'est en fait faire disparaître la capacité à stocker de l'argent. C'est donc s'interdire d'anticiper, d'économiser et d'investir. Ce qui pousse vers une vie naturelle : au jour le jour.
Stopper la rémunération du capital aurait un effet proche de celui décrit sur la propriété. Sans rémunération de ce capital, alors il ne pourrait être utilisé que pour son usage propre. Le capital ne pourrait être utilisé que pour investir dans sa propre entreprise. Drôle de paradoxe, la disparition de la rémunération du capital ferait de nous tous des capitalistes, des auto-entrepreneurs.

Premier bilan :
Rien de bien sensationnel, si l'on veut sortir de l'économie de la cueillette (ou ne pas y retourner), il est nécessaire de créer un équilibre entre ces 5 acteurs. Chacun a son importance.
L'état et la nature sont là pour poser un cadre favorable.
Le travail permet la création.
La propriété motive le travail, et le capital permet de l'amplifier, d'accélérer le progrès.
La rémunération est un peu plus complexe : on peut s'amuser sur un temps à ne plus rémunérer tous les acteurs, mais seule celle de la propriété semble inutile.

Ceci demande une réflexion supplémentaire : pour connaitre la raison de la rémunération.
Elle est évidente pour le travail : on rémunère à la fois le temps passé et l'effort consenti, dans une direction donnée, imposée.
La rémunération de la nature consiste plus à la dédommager de son épuisement, de son pillage. A lui permettre d'y survivre et de se reproduire au moins aussi vite qu'on ne l'ampute.
Celle de l'état s'apparente au remboursement d'un emprunt. Le système profite des actions passées de l'état, qui ont conduit au présent à une situation favorable aux échanges.
La rémunération du capital est là pour compenser le risque pris par l'investisseur. Un capital non investi ne rapporte rien, ce n'est qu'une fois investi dans une entreprise dont la rentabilité n'est pas assurée qu'il rapporte quelque chose.
La rémunération de la propriété a plus de mal à trouver une justification. Elle n'est en fait qu'un échappatoire au capital. Rémunérer une propriété d'autrui, c'est en fait s'épargner (sic) le fait de réunir le capital pour acquérir cette même propriété. La rémunération de la propriété doit être vue comme un service : on paye le droit d'en disposer pour une durée déterminée, et limitée, ceci afin d'en éviter l'acquisition. Son acquisition étant compliquée (manque de capital) et peu efficace (usage limité en terme de durée). La rémunération de la propriété devrait idéalement correspondre au pro-rata du prix de la propriété, basé sur la proportion du temps d'utilisation / de location de la propriété sur sa durée de vie. Ceci serait sa rémunération juste (ou le plus bas en tout cas), basée sur son prix de revient.

La suite demain... ou plus tard... sur les conséquences de ces rémunérations.

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