mercredi 17 décembre 2014

Rémunérations des acteurs économiques (suite)

Je poursuis ma série économique...
Voyons maintenant les raisons de la rémunération et surtout leurs conséquences pour les différents acteurs : travail, capital, propriété, état et nature.

Pour le travail, la rémunération récompense les efforts du travailleur. Force active de production. Que se passe t'il si on augmente cette rémunération. Dans l'absolu, pas grand chose, dans la mesure où chacun peut fournir une quantité limité de travail. Au pire, certains travailleraient plus pour gagner plus, et surtout certains travailleraient moins et se contenteraient de cet équilibre. Aucun phénomène de concentration à observer en tout cas : le gain du travail ne peut être converti en travail, soit il est consommé, soit il est converti en capital, en propriété...

Le capital est une force passive de production : il permet d'augmenter l'efficacité, il permet un essor rapide. Sa rémunération récompense une certaine prise de risque. Logiquement, l'investisseur n'est ni assuré du rendement ni même de retrouver sa mise initiale. La conséquence d'une rémunération importante est évidente : le capital appellera le capital. Plus on investira, plus on aura de capital, et donc plus on pourra investir, et plus on se détournera du travail s'il est moins bien rémunéré. C'est une formidable à concentrer la richesse, et donc à creuser les inégalités existantes.

La rémunération de la propriété est à rapprocher de celle du capital. Il s'agit de rémunérer les propriétés dont on n'a pas l'usage. Comme pour le capital, une trop forte rémunération conduit à une concentration des richesses. La propriété crée de la richesse, qui sera converti en propriété...

La rémunération de l'état, au travers des taxes, est là pour récompenser les investissement d'intérêt général (éducation, transport, sécurité...). Une forte rémunération permet donc d'améliorer les infrastructures d'intérêt général, et aussi de financer la redistribution des richesses (sécurité et assistance sociale, chômage...). Il s'agit du seul acteur qui est là pour redistribuer la richesse de manière équitable : mais en calculant l'équité sur autre chose que sur des critères économiques. (malheureusement, dans la vraie vie, il faut aussi faire face à des problèmes du type corruption et inefficacité étatique...)

La rémunération de la nature est à part, dans la mesure où la Nature ne dépensera jamais rien pour elle même. A nous de penser à elle, de manière à la préserver. Quelque part, on peut ranger cet acteur derrière l'état : c'est lui le mieux placer pour s'en occuper.

Le schéma qui se dégage est simple :
Le travail permet une accumulation de richesse, borné par le temps de travail que chacun peut fournir.
La richesse, sous forme de capital ou de propriété permet aussi une accumulation de richesse, illimitée.
L'état est la machine à redistribuer les richesses.

Il est évident que tous les acteurs sont nécessaires pour permettre une croissance relativement rapide, la question est de définir notre objectif : une accumulation illimitée ou une redistribution complète? Voilà ne première distinction entre capitalisme et communisme. Tous les régimes intermédiaires sont là pour essayer de limiter le pouvoir du capital et éviter que ne se creusent trop les inégalités. Tout est dans le trop.
Au sein d'une société, il s'agit de définir quelles limites on pose aux inégalités, indépendamment de la contribution de chacun à l'économie. Peut on tolérer dans le vivre ensemble qu'une personne meure de faim alors qu'une autre gagne plus d'argent en une journée que la première en toute une vie?
Cette question justifie à elle seule la taxation extrême des plus hauts revenus, les revenus indécents. Certes, et malheureusement, une partie de l'argent ainsi taxée sera perdue dans le fonctionnement de l'état, mais l'idée est là. Un grand pas sera franchi lorsqu'il y aura une limite définie entre le plus petit revenu assuré (prestations sociales) et le plus grand revenu (salaire, capital, propriété..) non taxée à 100%, même si cette limite est très élevé.
Quelques exemples de rapport acceptables, sur la base de 45 ans de travail, au smic :
- un revenu mensuel d'environ 800k€ permet de gagner en un mois ce que le smicard gagnera en une vie. On a un rapport de 540.
- en cherchant un peu sur le net, je vois le rapport de 240 comme étant celui socialement acceptable. En 2012, 13 patrons dépassaient ce revenu (et là on ne parle que de salaire...). Ce rapport permet de gagner en 1 mois ce que le smicard gagnera en 20 ans... soit environ 330k€ mensuel.
Poser ce genre de limite permettrait de mettre une borne supérieure aux inégalités, et forcerait à répartir tout revenu généré supérieur à cette limite.


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