vendredi 26 août 2016

Renoncement ou libération?

Le renoncement est souvent associé à l'abandon ou à la défaite : c'est un signe de faiblesse, voire de lâcheté. On a tous grandi avec cette idée. Du coup on fait de la ténacité une qualité, voire de l'entêtement : on appelle ça la force de caractère.
Mais en fait, tout ceci n'est, comme bien souvent, qu'une question de point de vue, ou de situation : le renoncement peut aussi être positif, il peut être une véritable libération. On peut par exemple renoncer à un vice, à une addiction, à une vengeance... On se libère alors de la souffrance, voire de la cause de la souffrance, on se soulage d'un poids, physique ou moral. Cette libération est une sorte de détachement.
Comment différencier les deux?
Cela tient à la situation et aux conséquences sur nous mêmes. Il n'y a donc aucune règle. La poursuite d'un rêve peut au final apporter plus de négatif que de positif : déception, frustration, ancrage dans un futur hypothétique et perte d'attachement pour le présent et le réel...
Au contraire, se libérer d'un système nous privant de quelques libertés (la famille, l'entreprise, la société) peut nous apporter un sentiment de liberté accru, tout en nous plongeant dans une insécurité angoissante.
Un bouddhiste convaincu prônerait sans doute le renoncement en toute circonstance : le renoncement est synonyme de non-attachement. Ne pas renoncer, c'est être attaché à quelque chose, une idée, un principe, et c'est donner plus de valeur à cet attachement qu'à toute autre chose, qu'à tous les signaux négatifs. Un tel bouddhiste irait-il jusqu'à renoncer à la progression vers la sagesse? Peut-être après tout, en renonçant non pas à l'idée de progression, mais à l'obligation d'atteindre ce résultat. C'est cette obligation de résultat, ou même de simple progrès, qui pollue nos vies. Il faut certes avoir des objectifs de progrès, mais il faut accepter notre nature, nos faiblesses : toute pression inutile se retournera contre nous, tout comme n'importe quel relâchement. Tout est dans l'équilibre, un équilibre sous forme de tension.

Au final, ceci semble être une bonne première approche : conserver ses objectifs, ses attachements, mais renoncer à l'obligation de les atteindre, voire même de progresser. Ceci nous libérera d'un poids et de beaucoup de frustrations. Après, nous sommes l'unique juge pour savoir si nous faisons assez d'efforts dans cette voie ou pas, mais il ne faut surtout pas s'enfermer dans une ténacité aveugle.
Le second élément tient comme bien souvent à la conscience : il s'agit d'essayer de voir loin, de voir les conséquences lointaines mais réelles de chaque acte. Certains plaisirs s'avèrent être négatifs sur le long terme, et inversement. Il s'agit de travailler sa capacité à les distinguer. 
Et le premier pas consiste sans doute déjà à voir le parallèle qu'il existe entre renoncement et libération : cette pensée permet déjà de nous éloigner des injonctions modernes qui louent aveuglément la persévérance.

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