L'équilibre est naturellement vu comme la voie de la sagesse, la voie qui s'éloigne des extrêmes. Tout le monde en fait l'expérience assez tôt. A chacun ensuite de trouver son équilibre, quitte à assumer et à cultiver un certain déséquilibre absolu, pour être à l'aise dans son équilibre : en tenant compte de sa personnalité, de son caractère, de sa situation, de ses aspirations.
L'équilibre peut même parfois être fui : lorsqu'il est vu comme trop neutre, comme inaction, comme tiède.
En effet, si la notion d'équilibre attire initialement, c'est simplement en réaction contre les excès. On se rend rapidement compte que les excès sont souvent nocifs. Les trop ou les pas assez sont à éviter : on cherche à être protégé, mais pas trop, on cherche la dépendance (ou la liberté) mais pas trop, on cherche à sortir du lot, mais pas trop...
Puis, après réflexion, on voit souvent le résultat de l'équilibre comme une neutralité sans saveur. L'eau tiède est bien, elle ne brûle pas et ne fait pas péter l'émail des dents, mais au final elle ne laisse aucun souvenir, elle n'est pas appréciable. On préfère alterner, et boire un café chaud en hiver et une boisson glacée en été...
Même chose pour la sagesse, la neutralité pousse vers l'apathie, l'absence de réaction : plus de colère, plus de joie, plus de tristesse... Certains peuvent y voir le bonheur, d'autres y verront simplement une définition de la mort.
On évolue un peu, alors on se tourne vers une sorte d'harmonie, ou d'équilibre instable, où il s'agit de jongler autour d'une position d'équilibre, d'accepter de s'en écarter, mais jamais trop loin, pour ne pas se faire embarquer malgré soi dans un comportement excessif. La connaissance de l'équilibre à viser permet de mieux mesurer la distance qui nous en sépare, ceci nous permet au final de mieux juger de nos actes, de notre comportement.
Mais j'ai récemment trouvé une meilleure image pour décrire cet équilibre à viser. Celle de la corde des instruments de musique. Pas assez tendue, elle ne produira aucun son, trop tendue, elle rompra au premier contact : l'équilibre est là, dans cette tension entre 2 états. Une fois trouvé, il permet la vibration, il permet de s'en écarter pour expérimenter autre chose, pour produire autre chose, puis de revenir à ce même état de tension permanente.
L'équilibre ne doit pas être vu comme un état indéfiniment stable et immobile, mais comme un point de tension permanent entre deux mondes, permettant de vibrer de manière harmonieuse autour de ce point d'équilibre
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