dimanche 14 août 2016

Parler de liberté n'a de sens qu'à condition que ce soit la liberté de dire aux autres ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre

Citation de George Orwell ce soir, datant du début du XX siècle...
Cette pensée est malheureusement intemporelle, même si les mœurs de la planète évoluent globalement dans le bon sens, un retour arrière reste toujours possible, à force de politiquement correct, d'autocensure, et de peur d'offenser l'autre...

Devoir se contenter de dire aux autres ce qui leur plaît, c'est une sorte d'asservissement, quelle qu'en soit la raison : la peur, la diplomatie, la volonté de protéger, de ne pas blesser...
Dans le cas de la peur des représailles, ou de la force de l'autre, alors l'asservissement est direct. On se plie à la volonté de l'autre, voire pire, on l'anticipe par de l'autocensure.
Dans les autres cas, l'asservissement est moins fort : on s'efface devant certaines valeurs qu'on estime plus importante que notre liberté. Ces valeurs peuvent être plus ou moins morales, plus ou moins justes : la volonté de plaire, de séduire, la volonté de protéger, de ne pas blesser, de laisser à l'autre le soin de se faire sa propre expérience...

Les limites sont donc on ne peut plus floues, et on peut facilement passer du respect bienveillant à une soumission silencieuse. Les différences relèvent essentiellement de l'intention : à chacun de bien mesurer non seulement la portée de ses propos, mais aussi l'origine de ses silences. Ce n'est qu'à travers cet examen permanent qu'on peut réussir à naviguer convenablement : comme toujours ça demande des efforts et surtout des responsabilités. Du coup, il est tentant de fuir ses responsabilités en adoptant des postures clés en main, qui ne demandent ni réflexion ni sens critique.

La notion même de respect peut être perçue comme floue : le respect consiste t'il à ne pas user de notre liberté d'expression pour ne pas heurter l'autre, ou bien le respect consiste t'il à respecter la parole de l'autre, même en cas de désaccord?
Sur des cas simples, on optera facilement pour la seconde définition, plus ouverte, plus englobante. Mais sur des cas plus sensibles, plus personnels, on aura tendance à se rabattre vers la première. Le problème de cette démarche est qu'elle est contre-productive : à trop vouloir respecter l'autre, on s'en coupe, on ne s'ouvre plus à lui, on ne va plus vers lui, on coupe le dialogue. Tout est question de nuance, et comme je le disais, d'intention. Lorsque l'intention est de communiquer, d'échanger, d'exposer des différences, alors la question ne devrait pas se poser. Le silence n'est préférable qu'aux cas malveillants, on l'on cherche réellement à blesser l'autre, à le provoquer, à le manipuler, à le rabaisser. Malheureusement, dès qu'il est question de nuances, on peut être sûrs qu'elle ne seront pas perçues de la même façon par les deux parties... D'où la prise de risque nécessaire, la responsabilisation, des deux parties...

Et idéalement, il faudrait toujours faire la part des choses entre les personnes et les pensées ou les comportements : les critiques des pensées ou des comportements sont toujours là pour faire évoluer, pour échanger... malheureusement, on se réduit soi-même bien souvent à ces étiquettes, et on se sent rapidement agressé à la place de nos pensées ou de nos comportements...

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