lundi 14 décembre 2015

Ubérisation du monde : vers une utopie?

Comment l'état peut (ou doit) réagir face à Uber?

Bon, il pourrait se contenter d'essayer de taxer les uberisés comme il taxe tous les travailleurs, au-dessus d'un certain revenu annuel, laissant passer les autres comme des travailleurs au noir trop petits pour faire quoi que ce soit. Et c'est sans doute ce qu'il va faire, malheureusement. Manque d'initiative et de courage, on se contente de reproduire un schéma.

L'état pourrait faire mieux, il pourrait s'en inspirer !

Première inspiration : la nationalisation :) ou la copie brute.
Bon, celle-là; c'est pour la blague. Mais après tout, pourquoi pas, l'état pourrait y voir là une extension de pôle emploi, un moyen de fournir du travail à tout le monde. Après tout, le système uber est une espèce de super bourse de l'emploi ou chacun propose ses services en attendant de trouver un client. Quitte à proposer ce genre de services aux citoyens, autant le faire au service de l'état plutôt qu'au service d'une boîte privée : il y aura toujours plus de redistribution...

Deuxième inspiration : l'adaptation.
Uber crée ni vu ni connu un nouveau contrat de travail, ultra-flexible, à volonté pour le travailleur, avec très peu de contraintes, très peu de normes, très peu de contrôles (on se contente de ceux des utilisateurs) et très peu de charges au final. Pourquoi l'état ne proposerait pas un sous-contrat de travail de ce type? Parce que ce contrat s'accompagnerait nécessairement d'un désengagement de l'état dans ses devoirs habituels : contrôle de la qualité bien sûr, mais aussi assurance chômage, assurance maladie... A faire tomber les contraintes, on abandonne aussi les devoirs.
Un tel contrat suppose une grande maturité chez tous les acteurs afin de ne pas abuser de l'absence de contraintes... je ne pense pas qu'on le soit. Quand bien même l'auto-régulation fonctionnerait pour éviter les escrocs (il y en aura toujours un peu...), les personnes qui opteraient pour ce genre de contrat accepteraient elles d'en payer le prix? Une présence moins forte de l'état... Si on pousse la logique jusqu'au bout, il s'agit d'une participation sur mesure, à la carte à l'effort de l'état : chacun choisi jusqu'à où il s'engage, quelles prestations il souhaite conserver, et sur lesquelles il fait l'impasse. Un contrat allégé serait donc le signe d'une participation allégée, et créerait de fait une sorte de citoyen de seconde zone : celui qui ferait ce choix n'aurait plus droits à toutes les prestations de l'état... jusqu'à où? l'école? les pompiers? la police? la sécurité?
Une telle logique conduirait donc à une fracture énorme dans la société : ceux qui veulent un état allégé, et en ont pleinement conscience (à la limite, ceux là on pourrait les laisser faire...), ceux qui veulent un état allégé parce qu'ils n'ont pas réfléchi à tout et sont attirer par les sirènes de cette formule (ceux là, on peut considérer que l'état doit les protéger d'eux mêmes...), ceux qui iraient vers cette solution d'état allégé par obligation (aujourd'hui, ce n'est pas le cas... il n'y a pas d'obligations, même si les minimas sociaux sont faibles et poussent à trouver d'autres solutions...), et les autres, les citoyens de première catégorie. La situation serait intenable, et créerait juste un chaos, le temps que tout le monde réalise la portée de ses choix.

Troisième inspiration : la révolution fiscale
Cette solution semble tellement farfelue que je vais en faire un article à part entière. Le constat étant que Uber (et autres géants du web) ne cherche pas nécessairement à prendre un pourcentage de chaque gain, de chaque plus-value, mais de chaque transaction. Ils ont mis en place une sorte de taxe Tobin généralisée : résultat, ce sont des nouveaux millionnaires... Ils ont réussi à mettre en place ce que les états n'arrivent pas à pousser...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire