lundi 21 décembre 2015

L'incohérence de la souffrance

La recherche de sens est inscrite dans nos gènes. On cherche constamment à donner un sens à nos actions, et donc à être cohérent : il en va de la stabilité de notre personnalité.

Ceci n'empêche pas, bien entendu, de changer d'avis (après réflexions, discussions, événements...) ni parfois d'être de mauvaise foi, voire manipulateur. Mais dans ces cas, on sait qu'on est incohérent, ou qu'on change d'avis.
Et pourtant, il arrive parfois qu'on devienne incohérent sans s'en rendre compte, qu'on perde le fil de la logique, et qu'on affirme le contraire.

Dans certains cas, ce seront effectivement des manipulateurs, mais pas tout le temps.  Ce comportement peut aussi être la conséquence d'une souffrance.

Lorsque la souffrance prend le dessus, elle devient prioritaire sur le reste : y compris sur le souci de cohérence. Celui qui souffre ne raisonnera pas plus loin que sa souffrance, et en oubliera tout le reste, involontairement, et pourra ne pas s'en rendre compte.
Poussé à l'extrême, c'est le même mécanisme qui pousse les gens à avouer les crimes qu'ils n'ont pas commis sous la torture. La torture psychologique, ou plutôt la souffrance psychologique peut conduire au même résultat, de manière plus lente et moins spectaculaire.
L'état de souffrance force l'esprit à revoir ses priorités : il cherchera tous les moyens pour sortir de cet état. Il sera dans l'immédiateté, et plus sur une réflexion continue, sur le long terme. Et à la limite, c'est le souci de cohérence qui le poussera à croire qu'il n'a jamais penser autrement, et donc qui poussera l'individu à paraître totalement incohérent. Le raisonnement présent occultera complètement tous les raisonnements passés.

Bref, toutes les personnes incohérentes ne sont pas forcément de mauvaise foi, ne sont pas forcément des manipulateurs ou des mythomanes, certaines sont juste dans l'incapacité de tenir un raisonnement cohérent, car le faire provoquerait trop de souffrance psychologique. Il est parfois plus facile de se voiler la face plutôt que de reconnaître une vérité blessante.

Conclusion, comme toujours à appliquer à soi-même et aux autres :
Lorsqu'une personne nous semble incohérente, on peut bien entendu se poser la question de sa bonne foi ou de son intelligence, mais il faut aussi se demander si elle n'est pas non plus poussée dans ses retranchements par une souffrance ou une crainte qui l'empêche de raisonner correctement. Et donc, plutôt que d'essayer de lui faire reconnaître sa mauvaise foi ou de le faire changer d'avis (peine perdue), il serait plus judicieux de comprendre la souffrance qui se cache derrière.
Et lorsque nous semblons incohérents aux yeux des autres, il faut se demander si ce n'est pas un simple symptôme d'une souffrance ou d'une peur intérieure...

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