lundi 24 août 2015

Violence dans les médias : le débat est terminé

C'est par ces mots que commence un communiqué de l'association américaine de psychiatre, de 1998, même son de cloche chez les pédiatres, dès 1995 (tiré de La force des émotions de François Lelord et Christophe André, d'ailleurs tout l'article de ce blog en est tiré plus ou moins directement...)
En fait, il n'y a plus de débats, tellement il y a eu d'études sur le sujet. Ces communiqués ne se faisaient que l'écho de toutes ces études. Et pourtant, personne n'y croit...


Personne ne veut se croire si facilement influençable, chaque adulte estime qu'il est capable de faire la part des choses. Pire, chacun estime que quand il était enfant il en était déjà capable. Est ce une forme d'orgueil personnel ou une forme de survalorisation de l'enfance actuelle ? Il y a peut être un peu des deux. Le monde s'accélère, on se sent dépassé par les jeunes de plus en plus tôt, on leur prête donc plus facilement une mentalité d'adulte, voire une maturité. Et l'influence, comme beaucoup de problèmes, on juge que c'est bon pour les autres, pas pour nous. Nous on est suffisamment armé pour y échapper, les autres, mois cultivés, moins intelligents, moins critiques, moins éveillés que nous se font sans doute avoir par la publicité, mais nous non.
Certes, les spectacles violents n'expliquent pas tout, ils ne sont certainement pas la cause première : ils ne sont en effet que le reflet de la société. La société est violente. Mais ce n'est pas une raison pour la mettre en spectacle et l'exposer sans retenue, surtout aux jeunes esprits.
Les mécanismes sont connus :
- apprentissage par imitation, par identification. On apprend comme ça de nouveaux modèles, auxquels s'identifier et se conformer ensuite.
- habituation. A force de répétition, on change la norme, par définition. Ce qui se répète majoritairement est la norme. La répétition fixe la notion, mais elle vide aussi les choses de leur valeur, de leur sens. On devient alors insensible à la violence. Ce qui est normal ne nous émeut plus.
- altération des valeurs. La violence n'est pas simplement montrée, mais on y associe certains messages, certaines valeurs : il suffit d'occulter la souffrance des victimes, de montrer des situations où la violence a permis de résoudre un conflit... Et c'est toute la morale qui s'inverse.

Résultat ?
Le résultat démontré (par les études) est qu'une personne habituée aux scènes de violences est beaucoup plus intolérante aux frustrations. Plutôt que d'accepter la frustration, de l'endurer, d'essayer de la résoudre ou de la comprendre, la solution devient évidente : la colère et la violence.

J'adore particulièrement la conclusion du livre -La force des émotions- sur ce sujet. Plutôt qu'une conclusion, il s'agit essentiellement d'un parallèle : il a fallu plus de 20 ans pour reconnaître les effets néfastes du tabac ou de l'amiante, il en a fallu tout autant pour reconnaître l'effet bénéfique de la ceinture de sécurité en voiture (il était hors de question d'associer la voiture à l'idée d'un accident !), il en faudra sans doute tout autant pour ce problème...

Et même alors, on se trouvera peut être dans la même situation que face au tabac : on refusera de se priver de cette source d'émotions, et on demandera aux pouvoirs publics de trouver un moyen de nous éviter les effets secondaires... C'est tellement plus simple...

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