dimanche 7 septembre 2014

Le dilemme du tramway

Trouvé au détour d'un film.
En quoi consiste t'il?
Imaginez un tramway fou qui se dirige vers 3 innocents, il va les faucher, mais selon votre action (ou votre inaction) vous avez la possibilité de le détourner vers une autre personne, toute aussi innocente.

Que faire?

Le point de vue utilitariste donne une réponse immédiate. Mieux vaut sacrifier une personne pour la survie de trois, pour peu qu'elles soient indiscernables. Mais bon, dès qu'on commencera à les discerner, ça créera des problèmes : mettre en balance des vies identiques est chose aisée, on ne fait que jouer avec des chiffres. Commencer à rentrer dans les détails des personnalités, et on ne s'en sortira pas : âge, mérites, famille, qualités morales, voire richesse...
Bref, le choix est facile lorsqu'on ne s'implique pas. Prendre une décision sur des chiffres, ça reste facile.

Corsez un peu le tout en changeant légèrement l'intitulé. Vous ne devez plus vous contenter de décider du chemin du tramway, vous devez pousser l'innocent sur la voie pour faire dérailler / arrêter le tramway. L'implication devient totale, la culpabilité aussi. A partir de là, la culpabilité prend le dessus sur le reste, et on oublie la finalité du geste : sauver 3 autres vies. Du coup, dans cette configuration, la décision commune s'inverse, et on laissera davantage le tramway aller faucher les 3 personnes, ne se sentant pas impliqué (et donc coupable) dans cet accident. On aurait pu l'éviter certes, mais à quel prix? Nous ne sommes personne pour décider de qui doit vivre ou mourir, de qui doit souffrir ou pas. Lorsque nous sommes la cause de tout, et que nous sommes déjà coupable, alors on essayera de minimiser cette culpabilité, et on prendra une décision utilitaire. Dans le cas contraire, on cherchera à fuir les responsabilités d'une certaine manière, pour fuir la culpabilité et y rester étranger. Après tout, le problème ne nous regarde pas : nous ne sommes pas le mécanicien chargé de vérifier les freins, nous ne sommes pas son responsable... Au mieux : on pourra soit parler à l'innocente victime pour voir si elle souhaite se sacrifier, mais nous ne la pousserons pas, voire on se sacrifiera soi-même. Mais je ne pense pas qu'un être normalement constitué fasse autre chose : peut être que ce serait un bon test pour les psychopathes (ou alors j'en suis moi-même un :D).
Bref, l'implication et l'idée de la culpabilité, du remord pousse à l'inaction.

Après, restent des cas extrêmes qui échappent à ce raisonnement, et face auxquels on se sacrifiera plus volontiers : si ce n'est plus 3 personnes à sauver mais 300 000, on se sacrifiera plus facilement, et on sacrifiera sa culpabilité aussi. Quitte à ne plus être capable de vivre avec ce poids sur la conscience après, ceci devient secondaire.

Une autre solution apportée par certains consiste à dire que la situation est biaisée dès le début, et nous met dans une situation de coupable dès le début. Le but serait alors d'essayer de changer la société pour éviter que ces situations se produisent. Ce qui est une fuite un peu plus en amont je trouve... Même si je partage la conclusion, qui prône simplement plus de conscience dans tout ce qu'on fait, pour imaginer à chaque fois les conséquences possibles de nos actes... e éviter ainsi les accidents par négligence.

Autre point rapporté du Net : selon que le dilemme soit posé dans notre langue maternelle ou non, la réponse changerait. Notre langue maternelle permet aux émotions de prendre le dessus, et donc d'anticiper la culpabilité, les remords...etc... alors qu'une autre langue crée de la distance (peut être qu'on se moque davantage de la morts d'étrangers... plus il nous sont éloignés / étrangers, plus c'est facile d'en laisser mourir... y'a qu'à voir les guerres/famines actuelles...) et nous permet donc de résoudre ce dilemme avec plus de froideur, de calcul utilitaire.

L'expérience montrerait aussi que l'homme n'est pas si rationnel que ça, pour ceux qui en douteraient. Les émotions, et même l'anticipation de celles-ci modifient la donne.

Au final, entre la peste et le choléra, on arrive toujours à choisir, mais entre laisser se répandre la peste et inoculer le choléra à quelqu'un, le choix est plus délicat, et nous pousse à une certaine passivité... Est ce cela qu'être un grand homme? Je l'ignore, mais ce sens de la décision est sans doute vitale chez les hommes de pouvoir, qui doivent faire une croix sur une certaine partie de leur humanité pour mieux l'orienter et la préserver chez les autres.

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