mercredi 24 septembre 2014

La meilleure sauce du monde, c'est la faim

Proverbe espagnol ce soir, qu'on retrouve dans Don Quichotte
"La meilleure sauce du monde, c'est la faim; et, comme elle ne manque pas chez les pauvres, ils mangent toujours avec appétit"

Le manque provoque l'envie, l'envie amène l'appétit et de l'appétit naît le plaisir lié à l'assouvissement du besoin. Le monde est simple.
Oui mais il est très dur de s'astreindre volontairement à un manque pour pouvoir savourer sa disparition. C'est tout sauf naturel.
Oui mais l'assouvissement de l'appétit est un plaisir de brute, il répond à une pulsion animale. Le plaisir est là, certes, mais on ne peut pas parler de saveur ou de goût.

Pour dévorer un plat, la faim est la meilleure sauce, mais pas pour le savourer.
Pour jouir simplement, le manque, l'abstinence, l'austérité sont une recette "facile" : y mettre fin suffit , c'est comme interrompre un supplice et ceci provoque immédiatement une immense satisfaction. Mais pour savourer quelque chose, la seule solution consiste à s'entraîner, à s'approprier cette chose, à la saisir, à la comprendre suffisamment pour y voir apparaître des nuances, pour aller au-delà des premières apparences, pour y ajouter son propre univers mental, sa propre imagination et transformer l'expérience physique en expérience personnelle. C'est vrai pour tout : la nourriture, la musique, le sport, la pensée...
Le mode d'apprentissage peut être théorique, centré sur la décortication des mécanismes ou simplement sur l'entraînement, la répétition. Petit à petit, telle une éponge on absorbera les concepts, on les infusera, on les acquerra. Ils feront partie de nous, on les fera siens.

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