mardi 29 juillet 2014

Ego ou eneis

Ego, moi, ou eneis, nous. Je viens de tomber sur un article de Isabelle Padovani, adepte de la communication non violente.

Sa théorie : ne plus nous considérer comme une unité simple, mais composée de plusieurs aspects. Chacun a ressenti ça un jour je pense : un tiraillement intérieure entre plusieurs voix, contradictoires, et aucune qui ne sort réellement du lot. Ce qui crée un brouhaha mental et une forte difficulté à prendre une décision. Nous nous retrouvons perdus au milieu de toutes ces voix. Son approche consiste en fait à ne pas considérer ces voix comme des aspects de notre personnalité, mais à considérer ces voix comme des personnalités à part entière (ou presque). Chaque aspect ayant une personnalité propre, des aspirations et des besoins propre.
Bref, même si l'approche ressemble à une certaine schizophrénie, j'y retrouve bel et bien un aspect de ma faune mentale.

En temps normal, comment ça se passe?
Selon la loi du plus fort : c'est le seul mode de fonctionnement auquel on est habitué. La voie la plus forte, celle qui se fait plus entendre que les autres, l'emporte. Ce qui pose quelques problèmes. Les autres voies sont juste refoulées : elles referont surface lorsqu'elles auront accumulé assez de force et elles détrôneront la précédente, créant des regrets et des remords.
Et dans le cas où aucune n'arrive à prendre le dessus, on restera simplement dans l'indécision : à peine sommes nous sur le point de prendre une décision qu'une autre voix vient de prendre le dessus et nous fait douter, nous transmet d'autres valeurs, un autre jugement.
Ces voix se battent constamment entre elles, ou plutôt constamment contre celle qui est en train de l'emporter. La lutte est sans merci :)

Comment dépasser ce stade?
Il faut commencer par objectiver ces voix, leur reconnaître une existence pour être capable de les accepter, voir de les sortir de soi (la technique va jusqu'à leur donner corps par un objet ou une figurine...). On peut alors les écouter sereinement, une par une, jusqu'au bout. On passe de celui qui est un amas informe de plusieurs composantes hétérogènes, opposées, à celui qui perçoit ces voix, qui est capable de les écouter, de les comprendre, qui est capable d'empathie envers chacune d'elle. Notre définition change : nous devenons celui qui est derrière tout ça, à la fois nous subissons ces voix et à la fois nous les maîtrisons, nous mettons un peu d'ordre. Ceci nous force automatiquement à prendre du recul sur nos sentiments, sur nos aspirations, sur nos voix.
Et surtout, rentrer en communication avec change de ses voix change le mode de communication : nous devenons une sorte de médiateur entre elles. Elles ne s'adressent plus la parole entre elles, elles passent par nous, nous qui sommes capables de les comprendre. Alors qu'entre elles, la communication était impossible : trop différentes l'une de l'autre. La communication tournait à l'agression, au pugilat.

Pour écouter ces voix une par une, le plus simple est de parler à voix haute : l'oralité permet de sortir de la pensée. Dans l'univers des pensées, tout ça trop vite, tout peut se chevaucher, tout le monde parle ensemble. L'oralité nous oblige à nous concentrer sur une voix, et surtout une seule voix à la fois peut parler par notre bouche. Le premier effort est là.

Le second effort consiste à sortir de la logique de domination : le gagnant ne sera pas le plus fort. Le gagnant sera le consensus qu'il est nécessaire de trouver pour satisfaire toutes nos voix, ou au moins toutes nos voix sauf une ou deux : les dernières se rangeront plus facilement derrière cette majorité, comprenant où est l'intérêt général en quelque sorte. De cette manière, exit les sentiments refoulés, et bienvenue à l'harmonie.
Trouver le consens ne serait qu'une question de patience et de créativité... Trouver une solution à un problème inconnu jusqu'alors demande de l'ingéniosité.

Ensuite, il ne restera plus qu' à récolter les fruits de cette démarche : petit à petit nos voix apprendront à mieux cohabiter, à coopérer, collaborer, et globalement nous apprendrons à mieux nous écouter... puis à écouter les autres.

Pas convaincu au commencement de cet article, je le suis de plus en plus, je suis séduit :)... Il ne reste plus qu'à essayer de mettre tout ça en pratique, en essayant d'éviter de passer pour un fou :)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire