mercredi 16 juillet 2014

Accepter son humanité

Petite synthèse de ce qui précède, pour faire ressortir nos limites humaines, et essayer de tuer notre désir de perfection.

Nous ne pouvons tout comprendre. Quand bien même nous aurions accès à toutes les informations possibles et imaginables, la compréhension nous échapperait. Inutile donc de chercher à tout comprendre, il faut accepter de rester ignorant, incapable d'élucider tous les mystères, y compris ceux qui semblent à notre portée, que ce soit comprendre l'autre ou se comprendre soi-même. L'avidité de compréhension ne mènera qu'à de la frustration (ou à des erreurs).

Nous ne pouvons tout savoir. Il nous est impossible de tout connaître de ce monde, même en nous concentrant sur un périmètre extrêmement restreint, il y aura toujours des détails qui nous échapperont. Nous pouvons cerner les choses dans leur globalité, mais nous ne sommes jamais à l'abri qu'un détail ignoré se révèle être de première importance. Nous pouvons augmenter notre savoir, mais il ne sera jamais total ou absolu.

Nous ne pouvons pas toujours avoir raison. A rapprocher de la compréhension mais à distinguer aussi par l'action ou la déduction. Il ne s'agit pas juste de dire que la compréhension nous est inaccessible mais de dire aussi que notre compréhension peut être erronée : autrement dit, nous avons droit à l'erreur.

Nous ne pouvons tout contrôler. Simple conséquence des limites précédentes, le contrôle total est hors de notre portée, que ce soit un contrôle visant à manipuler le monde qui nous entoure ou à nous en protéger.

Et pourtant, malgré toutes ces limitations, je fais partie de ce monde, je dois y participer, prendre des décisions, agir (le contraire reviendrait à se retirer totalement du monde : pas sur que ce soit possible, étant donné qu'on ne demande pas à exister, mais qu'on existe quand même). Il s'agit donc de ne pas se cacher derrière ces limitations et devenir nihiliste ou a-quoi-bon-iste, ces limites ne sont pas définies (ou leur définition ne nous est pas accessible) : il s'agit donc de les déterminer en tentant de les atteindre pour voir si nous ne les sur-estimions pas, de les dépasser pour voir si nous le les sous-estimions pas. Travail de chaque instant, gagnant sans doute en précision avec le temps.
Le bon côté de la chose consiste à se pardonner lorsque nous avions sous-estimé nos limites : nous avons fait une erreur sans le vouloir, nous ne savions pas alors que nous étions sûr de nous, nous pensions avoir compris.

Illustration avec les sentiments que nous expérimentons sans arrêt : colère, amour, haine, peur, honte...
Difficile de comprendre leur mécanismes d'apparition, que ce soit pour nous ou pour les autres, nous pouvons comprendre certains mécanismes grossiers, mais la finesse nous échappe. Comment s'expliquent les phobies? les coups de foudre?
Difficile parfois de savoir quel sentiment est ressenti, par nous ou pas les autres. Nous sommes complexes et nuancés, parfois un sentiment peut être enfoui, inconscient, latent. On peut essayer de gratter, mais des choses peuvent nous échapper.
Difficile du coup d'obtenir les résultats qu'on attendait : on souhaitait faire plaisir à une personne, et on provoque une réaction inverse, on pensait savoir ce qui nous ferait plaisir et on se rend compte, une fois la chose obtenue, qu'on se trompait.
Difficile de contrôler son environnement pour éviter l'apparition de certains sentiments, et difficile de se contrôler pour empêcher la naissance de ces sentiments : on ne choisit pas ce qu'on aime, ce qui nous fait peur...
Par contre, à nous d'essayer de comprendre davantage, d'essayer de déterminer les différentes émotions ressenties, d'essayer d'orienter ces émotions et enfin d'essayer de contrôler ces sentiments, ou plutôt nos réactions face à ces émotions : se laisse t'on emporter par sa peur ou fait on preuve de courage? Nous laissons nous emporter par la colère, l'amour ou choisissons nous de lui tourner le dos?

L'acceptation est sans doute là donc : accepter ses limites, mais essayer de les déterminer, de les dépasser...
La résignation conduirait à se moquer de tout et à se cacher derrière ces limites.
L'acceptation implique et repose donc sur une reconnaissance de valeurs : tout n'est pas équivalent à rien, un peu n'est pas équivalent à rien. Ces valeurs nous pousseront à chercher le "un peu" qui est accessible, et qui vaut mieux que le "rien du tout"... Sans valeurs, il ne reste en effet rien.

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