dimanche 18 octobre 2015

Simple, compliqué, et complexe

Librement inspiré de l'Introduction à la pensée complexe d'Edgar Morin, voici ma petite réflexion sur le sujet et la définition de ces termes.

Le simple est ce qui peut se décider sans ambiguïtés et rapidement. Pas besoin de raisonnement pour décider si une chose simple est vraie ou fausse. En première approche, nous baignons dans un monde simple : les objets sont simplement définis, les mathématiques de bases sont simples (simples calculs...).

Le compliqué est simplement le fruit d'un raisonnement comportant un certain nombre d'étape et se basant ainsi sur plusieurs éléments simples. Tout ce que nous construisons est compliqué : que ce soit un moteur, un meuble ikéa, un puzzle, ou une démonstration mathématique. Le compliqué peut être vu comme la somme des parties.

Le simple et le compliqué sont déterministes : on détermine à coup sûr, avec plus ou moins de temps et d'effort la véracité de ces choses.

Pour le complexe, ça se complique :)

Le complexe, c'est tout le reste :) C'est à dire que c'est ce qui ne décide pas facilement, ce qui laisse place aux doutes, aux ambiguïtés, et aux nuances. Le complexe, c'est le monde de l'indéterminé et des nuances. Et en fait, la plupart des notions humaines sont complexes :
- comment définir la vie ? une plante est elle en vie? une bactérie? une planète? un robot?
- comment définir le bien ou le mal? la punition, la légitime défense sont de quel coté?
- comment définir les sentiments?
Le complexe est semble t'il le résultat d'une opposition de deux notions apparemment simples, mais l'étude de cas particuliers fait apparaître des frontières floues. Poussée à son extrême, chaque notion est simple (le bien pur, la vie, l'amour...etc...), mais la composition de ces notions crée des notions infinies, qu'il est alors impossible de classer. La vision complexe pousse ainsi à voir des similitudes et des différences en toute chose : tout est lié, tout est unifié, mais en même temps tout est particulier. Le cas général n'existe pas, il n'y a que des cas particuliers. L'étude des similitudes permet de théoriser les cas généraux, et l'application des théories doit être faite intelligemment, en tenant compte des différences et des particularités.
Le complexe arrive à être plus que la somme de ces parties : un homme est plus que la somme de ces cellules biologiques, une société est plus que la somme de ces individus, un alliage est plus que la somme de ces composés (il hérite de nouvelles propriétés...).

En poussant un peu notre analyse, on peut facilement se rendre compte que le monde simple dans lequel nous croyons vivre n'est qu'illusion. Il est le fruit d'une simplification plus ou moins grossière que nous opérons constamment pour mieux appréhender le monde. Des objets simples peuvent devenir complexes : les frontières entre chaises, tables et tabourets peuvent s'estomper. La matière elle même est indéterminé en mécanique quantique, et les mathématiques restent une construction incomplète (Godel).

Le risque de la vision complexe est de rentrer dans un doute perpétuel et dans l'inaction, l'indécision. Il faut alors voir l'étude du complexe comment perpétuellement inachevée. L'indécision doit se traduire comme ça : par une étude constante et permanente, et donc par des actions permanentes plutôt que par l'inaction. L'indécision, ou plutôt l'incertitude pousse à faire un pari, l'action qui en résulte permet d'enrichir la vision complexe, et il est temps alors d'adopter une autre décision, une autre action, correctrice ou non. Dans un monde complexe, rien n'est jamais acquis, la remise en question est potentiellement permanente...

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