vendredi 30 octobre 2015

La fin de la magie marque le début de l'action

Tiré d'un passage du film 2 automnes 3 hivers.

L'idée étant que nous commençons généralement tous par un état enfantin : nous voyons une certaine magie dans les choses, dans la vie. Ceci est particulièrement vrai pour l'amour, mais s'applique aussi à la vie en générale.
Nous commençons tous par idéaliser les relations amoureuses : le coup de foudre, l'âme sœur, l'entente parfaite, l'amour éternel.
Le piège derrière cette pensée est double.

D'abord cette pensée nous pousse à être extrêmement exigeant. Toute vision idéale nous pousse à dénigrer la réalité, qui n'est jamais au niveau de l'idéal.
Ensuite, cette vision nous cantonne à un rôle passif, de simple spectateur : nous attendons que l'amour idéal nous tombe dessus, nous ne faisons rien pour l'entretenir, au mieux notre intervention se limite à multiplier les rencontres de manière à augmenter la probabilité de tomber dessus.

Ce type de relation existe peut être, comme tout ce qui peut être imaginé, mais sans aucun doute avec une très faible probabilité, peut être en a t'il existé une depuis la naissance de l'humanité.

Bref, il est nécessaire, en grandissant, de remettre les pieds sur terre. La réalité peut tendre vers un idéal, mais jamais être à son niveau, par définition. Il ne faut jamais l'oublier, sous peine de se couper de plus en plus de la réalité. Et, à mois d'être l'Élu, les bonnes choses arrivent rarement toutes seules, il est nécessaire d'y consacrer des efforts.
Ceci est flagrant pour l'amour, mais reste vrai pour tout : à croire que la vie est juste, on se met en position d'attente, et on espère être justement récompensé de nos efforts. Cela ne suffit pas, même si les efforts montrent une certaine activité (à l'opposé de la passivité), les récompenses ne sont jamais automatiques. Il faut bien définir ce qu'on veut : les efforts, ou bien la récompense.

Au final, la perte de cette magie, de cette croyance nous poussera à mieux comprendre le fonctionnement réel du monde. Cette perte s'accompagnera aussi nécessairement d'une déception : la réalité ne sera plus vue comme idéalisable. Mais passé ce premier choc, d'autres objectifs pourront être définis, plus sérieusement et moins naïvement, moins béatement que les précédents : la relation amoureuse de rêve ne sera plus vue comme naturelle, mais comme le fruit d'une construction. Et il nous revient la responsabilité de cette construction, d'apporter chacune des pierres à l'édifice qu'on souhaite obtenir. Dans la relation amoureuse, on se concentrera moins sur l'amour, et plus sur la relation. La magie disparaît, il reste la relation, et à nous de la transformer en une relation de rêve, telle qu'on la rêve, avec les attributs qu'on y attache.
On peut y voir une perte si on est pessimiste et encore trop attaché à la magie : on remplace un rêve par un effort besogneux. Mais on peut le voir avec un regard plus clément (et plus objectif ?) : la beauté magique doit laisser place à la beauté de la création, de l'artisan, voire de l'artiste...

Ceci rejoint en quelques sortes un article précédent : à chacun de voir s'il se range du côté des rêveurs ou des réalistes? Les rêveurs sont peu nombreux, ça demande de la résistance et de fortes convictions, et parmi ce petit nombre, ceux qui accomplissent ou atteignent leurs rêves sont encore moins nombreux : un faut être un Élu parmi les élus. Les réalistes forment la masse, et leur nombre grossit avec les rêveurs qui abandonnent... Il n'y a aucune honte à être parmi les réalistes, ils sont la norme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire