Suite à je ne sais plus quelle lecture ou discussion, j'en suis venu à m'interroger sur les sources de ce sentiment primaire : la colère.
L'article, je crois, ne citait qu'une unique source : le sentiment d'injustice.
En y repensant, pourquoi pas, après tout ce sentiment est totalement subjectif, ce qui explique le côté irraisonné des colères des autres.
Chacun se fait sa propre perception des règles qu'il doit suivre, selon sa propre éducation, sa propre morale. On adapte toujours un peu la loi à notre goût, et on trouve toujours normal que les autres commettent les mêmes écarts que nous : une petite fraude à la redevance, un peu de travail au noir, un petit excès de vitesse, tricher à un examen, faire un petit mensonge... Nous légitimons nos petits écarts, et de voir des autres faire de même ne fait que renforcer ce sentiment.
Par contre, si par malheur on voit quelqu'un faire un écart que nous n'envisageons pas, alors nous ressentons de l'injustice : comment lui se permettait il de frauder à ce point, sans se faire prendre? Nous respectons la loi (notre loi plutôt), et pas lui, et le monde le laisse s'en tirer comme ça, avantageusement? Cette injustice totalement subjective est alors source de colère.
On se sent injustement traité par le monde, et donc le sentiment de révolte débarque, avec la colère. La colère est un aveu d'impuissance face à ce monde qui ne fonctionne pas comme nous le voudrions, qui ne récompense pas les gens comme il faudrait.
Ce mécanisme explique aussi très bien les accès de colère que nous voyons si fréquemment en voiture. Le sentiment d'injustice est renforcé par le code de la route, même si chacun put avoir son interprétation de différentes situations. La connaissance et l'existence du code de la route nous pousse à nous forger une image précise de la juste conduite. Tout écart par rapport à cette conduite sera vu comme un manque de respect et une injustice par rapport à notre définition du juste, renforcée par la loi. L'injustice résidera dans le fait même que l'autre se permettre quelque chose qui ne rentre pas dans notre conception du bon.
Ceci est transposable dans tous les domaines, en couple aussi. On a toujours une définition implicite du juste comportement attendu. Tout écart par rapport à ce comportement sera considéré comme injuste, et on s'estimera lésé et non respecté. Le non respect de notre définition du juste se transforme facilement en un manque de respect envers soi même : la confusion est rapidement faite.
Manque de respect et sentiment d'injustice sont étroitement liés. Toute injustice peut être vue comme un manque de respect envers soi même (par l'intermédiaire de son système de valeur auquel on s'identifie) et tout manque de respect est vécue comme une injustice dans la mesure où on s'estime naturellement respectable.
L'impatience aussi peut être vue sous cet angle : on estime simplement que l'attente normale, juste, est dépassée au bout d'un certain temps. Au-delà de ce temps subjectif, on se sent une fois de plus lésé et traité injustement. Place à la colère...
Il y a cependant une source de colère que je n'ai pas réussi à voir sous l'angle de l'injustice : la bêtise. Etre face à quelqu'un qui ne comprend pas est toujours source d'énervement puis de colère. Cette source fait figure d'exception dans les sources de colère que j'identifie...
[il est temps que je me couche... l'inspiration et le raisonnement semblent me fuir ce soir...]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire