lundi 11 mai 2015

On cède d'abord sur les mots, et puis peu à peu aussi sur la chose

Citation non vérifiée de Freud.
Bref, je n'ai pas réussi à déterminer si c'était bien de lui, mais la citation m'amuse, et va dans mon sens :)

Elle explique et légitime mon attachement aux mots, aux sens, au vocabulaire, mon attachement quasi-extrémiste. Ne voulant faire que très peu de compromis (aucun?) sur la signification des mots.
Je tolère bien entendu qu'on mette des sens différents derrière chaque mot, plus que ça même : c'est une évidence. Chacun s'approprie le langage à sa façon, selon son éducation, son histoire.
Même les mots simples n'évoqueront pas la même chose pour chacun : le mot table renverra chacun à son imaginaire, aux premières tables qu'il a croisé, celles de ses parents (en bois? massive? en fer? petite?... même si après chacun réussit à se détacher de l'image originelle pour en faire une figure abstraite, un nom commun. La filiation avec l'image originelle est toujours là, quelque part.
Bref, chacun possède son vocabulaire, ses définitions : le jeu étant justement de communiquer ces définitions pour pouvoir communiquer ensuite des idées.
Sur la plupart des mots, céder est chose aisée : il suffit que l'autre donne sa définition, en l'acceptant, on cède juste ce qu'il faut pour poursuivre le dialogue, et bien entendu, on peut conserver notre définition. Ça complique juste un peu la tâche, comme si on se transformait en agent double. Le langage devient double... et trouble.
Mais sur certains concepts, sur certains mots, il peut être très difficile de céder, voire déconseillé. Avoir des définitions différentes n'est pas gênant, ça le devient lorsque ces différences créent des vides. Les mots, lorsqu'ils décrivent des notions sont absolus, théoriques, ils n'ont pas à faire de concession. Le mot liberté ne tolère aucune chaîne, même si dès qu'on le transpose dans la réalité, les chaînes, ou plutôt les contingences apparaissent immédiatement. Même chose pour l'innocence, la pureté, le bonheur... Chaque mot, chaque notion est un extrême en soi, ils ne comportent pas de nuances en eux : ce sont nous qui rajoutons ces nuances, avec une phrase, un contexte, mais elles ne sont pas en eux. Et les placer en eux, c'est leur manquer de respect, et c'est aussi et surtout faire disparaître ces idées d'absolu, c'est se résigner aux défauts inhérents à toute chose humaine, que dis je, à toute chose réelle, c'est accepter le médiocre, l'excuser.
Si les mots ne permettent plus d'entrapercevoir un idéal, alors nous perdons cet idéal, et nous serons prêts à tout accepter.

2 commentaires:

  1. J'ai l'impression de lire mon amie, j'adore ! (:

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  2. Faudrait que je rencontre ton amie :) et que je me remette à écrire surtout !

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