Fainéant ce soir, et en retard sur mon planning, donc je sors une petite citation salvatrice de Mark Twain.
Reste ensuite à voir où se trouve réellement l'ami : est-ce celui qui lui dit quand il a tort, quand il fait une connerie, celui doté d'une franchise pour se permettre des critiques bienveillantes ou bien est-ce celui qui ne l'abandonne pas, même quand il est dans l'erreur, qui le soutient?
Ces deux visions semblent contradictoires et sont pourtant souvent utilisées pour décrire l'amitié.
En fait tout dépend du niveau auquel on place l'amitié.
Soit on la considère comme indéfectible et inaltérable : l'amitié l'emportera sur tout, on lui sera dévoué, à la fois à la relation et donc à l'ami. Ainsi on ne l'abandonnera en aucun cas, y compris lorsqu'il est dans l'erreur. Après tout, ce n'est que subjectif, on peut être nous dans l'erreur. Y compris lorsque cet ami ira à l'encontre d'autres de nos valeurs (honnêteté, mensonge...). Quelque part, on pardonnera tout au nom de l'amitié, et on soutiendra l'ami même si on n'est pas d'accord avec lui.
C'est une vision très chevaleresque de l'amitié, pleine d'honneur et de dévouement : c'est comme donner sa parole, on ne retire pas son amitié.
L'inconvénient de cette définition est qu'elle fait de nous des fanatiques. Aucune remise en question n'est permise. Même si cette vision n'interdit pas totalement la critique : on peut critiquer les choix, la conduite de notre ami, tout en le soutenant dans ses choix, mais alors notre soutien ne sera pas vraiment total.
Et quelque part, si l'on veut se mettre en mesure de faire des critiques bienveillantes, il faut être capable de se désolidariser de ce compagnon. Le soutien ne doit pas être indéfectible, nous ne devons pas nous effacer derrière la relation. Ceci ouvre la voie à des critiques franches (à chacun de ne pas oublier de rester bienveillant).
La limite doit se situer dans la hiérarchisation de nos valeurs : tant que l'erreur de l'ami ne va pas à l'encontre d'une de nos valeurs fondamentales, supérieure à l'amitié, alors le soutien pourra se faire. Ça ne sera qu'une question d'ego : l'orgueilleux abandonnera peut être son ami, et le traitera comme un inconnu, alors qu'une personne plus sage se permettra de le critiquer, essayera de le comprendre et de se faire comprendre mais sera capable de le soutenir malgré tout : il se mettra en retrait et gardera son orgueil dans sa poche. Par contre, dès qu'une valeur fondamentale sera touchée, alors la réaction sera identique pour tous : l'abandon. Quelque part, le cas précédent ne fait que poser l'égoïsme comme valeur fondamentale : l'égoïste ne soutiendra jamais un ami qui a une opinion opposée à la sienne.
Le problème est qu'on ne connaît pas à priori nos valeurs : nous ne faisons que les découvrir par ce genre de dilemme. Nous nous en faisons une idée avant d'y être confronté, mais ces idées sont souvent fausses, même si nous refusons de le reconnaître et nous chercherons des excuses.
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