dimanche 15 mars 2015

Un fanatique est quelqu'un qui ne veut pas changer d'avis et qui ne veut pas changer de sujet.

Nouvelle citation de Churchill ce soir.

Elle nous permet de voir que nous sommes tous des fanatiques en puissance.
Difficile de dire où commence le fanatisme, mais on peut le mettre là où s'arrête le respect, non pas des individus, mais des opinions des individus, ce qui est un peu plus fin. C'est un peu comme reconnaître le harcèlement moral par rapport à l'agression physique...
Persévérer dans la conversation, sans admettre la possibilité qu'on a tort, la possibilité de changer d'avis, c'est refuser de rester sur un statut quo, refuser de rester sur le constat que deux opinions peuvent exister.
Cette attitude est sans doute proche du fanatisme : on refuse de s'arrêter, on ne pose pas de limites à la conversation, on souhaite aller jusqu'au bout. Peu importe les conséquences. Cette définition du fanatisme ne se soucie pas de savoir où est le bien, la morale ou la vérité. Seule l'attitude est jugée. Après, on peut se demander s'il existe un bon fanatique ou pas.

Vouloir imposer un point de vue ou une opinion est facilement condamnable. Le faire au détriment de l'opinion adverse ne fait que renforcer le trait.
Mais qu'en est il lorsqu'il ne s'agit plus d'une opinion, mais de la quête de la vérité? Vouloir faire triompher la vérité est il malsain? Ça l'est automatiquement lorsqu'il ne s'agit que d'une illusion de vérité, d'une croyance. Ça l'est sans doute moins lorsqu'il s'agit de détruire les croyances de l'autre : on peut y voir une forme d'émancipation. Même si dans ces moments là on devrait se souvenir qu'on n'impose jamais la bonheur aux autres, pas plus que le progrès ou l'émancipation. En faisant ça, on refuse simplement à l'autre le droit de rester dans l'erreur, on lui refuse d'être naïf, on lui refuse de suivre son propre chemin. Lui indiquer qu'un autre chemin est possible, lui indiquer que son chemin n'est peut être pas le bon devrait suffire : il s'agit d'une limite à ne pas franchir théoriquement.
En pratique, les choses peuvent devenir plus complexes lorsque nous sommes liés aux personnes dans l'erreur. L'erreur peut être totalement subjective, mais elle peut se rapprocher de quelque chose d'objectif parfois : l'expérience peut être de notre côté, comme un parent peut mieux savoir qu'un enfant qu'il est en train de faire une erreur. Sa connaissance du monde est simplement généralement plus grande. Et plus ce lien sera fort, plus il sera insupportable de laisser l'autre dans l'erreur. Penser que des inconnus font des mauvais choix dans leur vie, je m'en moque, penser que mes proches (femme, enfant, cousin, amis...) font les mêmes m'est difficilement supportable.
Par exemple, que des inconnus s'enrôlent dans une secte ne me fera pas beaucoup réagir, alors que si je détecte un proche qui s'en approcherait, la réaction serait quasi-immédiate.

Est ce un tort?
En un sens oui. Car cela s'accompagne du sentiment de posséder la vérité, et la certitude que l'autre est dans l'erreur, et surtout de l'action.
Mais en fait ceci n'est que le signe de posséder certaines valeurs. Je pense qu'il est normal de défendre certaines de ses valeurs avec fanatisme.
Le tout étant de le faire avec un certain discernement : le fanatisme se mesurera par le rapport entre l'intensité de nos actions, de nos propos sur l'intensité du lien qui nous unit avec la cible. Vouloir imposer sa pensée à une horde d'inconnus relève du fanatisme, agir avec la même énergie pour tenter de sauver un proche ne relève pas du fanatisme, mais de l'amitié.
Toute la différence vient donc du lien qui unit les deux protagonistes, car ce lien est en fait mis en jeu, et le rompre doit être le moyen ultime de changer de sujet, pour revenir sur la citation. Si ce lien ne peut être rompu, alors on est dans un fanatisme dur (cas de harcèlement d'inconnus), sinon on est dans un fanatisme de principe. Auquel cas, il faut toujours garder en tête que l'autre ne demande peut être pas à être émancipé, et que le lien qui nous unit à l'autre devient l'enjeu de la discussion. Après, c'est une question de valeurs et de principes : l'enjeu initial de la discussion est il plus important que ce lien? C'est cette question qu'il faut garder en tête lors des discussions endiablées, et la réponse doit nous permettre parfois de relever la tête et de dire stop, de décider d'arrêter la discussion pour que chacun reste avec son avis, persuadé de laisser l'autre dans l'erreur...

PS : marrant, mais j'ai l'impression d'avoir déjà écrit plus ou moins ça... je serais moins fainéant, il faudrait que je vérifie dans mes articles passés.

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