lundi 14 septembre 2015

Pensées automatiques, pensées compulsives

Je fais le parallèle entre pensée et écriture automatique : c'est ce qu'il se passe lorsque nous laissons l'expression le plus libre possible, en faisant tomber les contraintes conscientes, lâcher prise extrême où nous cessons de diriger et contrôler.
On parlera plus généralement de pensées compulsives vraisemblablement. La pensée est plus proche de l'instinct et de la pulsion, car il n'y a pas besoin de se mettre en condition, pas besoin de prendre un stylo et un crayon pour la laisser s'exprimer librement. Tout le monde a nécessairement laisser sa pensée divaguer, que ce soit avant de s'endormir, au cours d'une activité peu intéressante, le regard perdu dans le vide... ou pas d'ailleurs, car je suis persuadé qu'on peut avoir des pensées en parallèle, toutes nos capacités ne sont pas constamment concentrées sur un point d'attention unique.
Globalement, ces pensées automatiques peuvent être très diverses, très variées, mais comme toute expression de l'inconscient, elles nous en apprennent beaucoup sur nous, pour peu qu'on se donne la peine de prendre un peu de recul, ne serait ce que pour les remarquer.

Il y a les anxieux, qui pensent sans cesse au futur, tournés sans cesse vers l'avenir et ces incertitudes.
Il y a les nostalgiques/dépressif, tournés au contraire vers un passé révolu, le ruminant sans cesse, incapable de s'en détacher.
Globalement, plus les pensées sont éloignées de nous dans le temps, plus c'est mauvais signe. Regarder le passé proche, c'est prendre un peu de recul pour le comprendre, en tirer les leçons, ou pour savourer un bon moment et le prolonger quelques instants, pour ancrer un peu plus un présent en train de s'évaporer. De même, se projeter dans un futur proche, c'est construire son avenir, des projets à courts termes, avec peu d'incertitude, c'est se donner une direction, un sens, et avancer avec sa volonté. S'il y a donc un réflexe à adopter c'est d'essayer de recentrer ces pensées autour du présent, sans chercher à les supprimer ou à les limiter au seul présent.

Autre axe d'analyse, le positif et le négatif. Nos pensées peuvent soit nous ramener vers des problèmes : problèmes au boulot, dans nos relations, problèmes de santé, soit vers choses positives : nos amis, nos loisirs, nos prochaines (ou dernières) sorties ou activités. La conclusion est facile à tirer là, mieux vaut se tourner vers le positif et essayer de chasser les pensées négatives, pour ne pas dire sombres.

On peut enfin rester au premier degré, et voir quel est le sujet de nos pensées automatiques. Elles sont le signe d'une certaine aliénation, aliénation qui est la plupart du temps du temps sous contrôle, mais qui est dormante, là, enfouie peu profondément dans notre esprit. On est tous un peu aliéné, question d'intensité, du centre d'intérêt à l'obsession, en passant par la passion et l'addiction. Le contrôle et les pulsions seront donc plus ou moins forts. On peut être aliéné par à peu près tout, et cette aliénation marque sans doute nos centres d'intérêts profonds, nos valeurs
- le travail, la carrière, la réussite
- l'argent, la richesse ou la peur de la pauvreté, le confort matériel
- une personne unique : l'amour... que ce soit maîtresse ou épouse, amant ou mari
- la santé, les maladies, la forme physique, la nourriture, ou tout ce qui tourne autour de notre corps, et de nos complexes
- le regard des autres, leurs jugements, notre apparence
- notre propre regard sur nous mêmes, notre culpabilité
- un problème intellectuel, philosophique ou mathématique
...
ou bien les pensées automatiques peuvent être simplement occupées par la contemplation du présent, par nos perceptions immédiates. L'idéal étant sans doute là mais difficilement accessible : se recentrer sur nos perceptions, et sinon il est sans doute préférable de réussir à alterner les aliénations, de manière à ne pas en renforcer une seule.

Au final, c'est donc simple, il faudrait se concentrer sur le présent et ses environs, sur les éléments positifs bien entendu : pour ancrer un événement heureux ou le construire, ou bien pour tirer les leçons d'un récent échec, et ne pas se laisser dévorer par une aliénation extérieure trop prenante (quoique, ça peut avoir du bon... comme toute drogue).

Malheureusement, par définition, on n'a que peu d'emprise sur ces pensées là : les réflexes musculaires ne s'apprennent pas... mais ils se contrôlent, et des réflexes somatiques peuvent s'apprendre, à force d'habitude. Il suffit donc d'avoir ça en tête et de s'entraîner à cette gymnastique continuellement. Il suffit de chasser toutes les pensées indésirables en reprenant le contrôle de nos pensées, en se concentrant sur un point d'attention suffisamment ardu pour qu'il nous accapre. Ceci devrait marcher, du moins en théorie...

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