lundi 9 février 2015

Intégratif et irréversible

Termes incongrus découverts à la lecture du développement moral de Kohlberg.

L'acquisition de la morale serait irréversible : c'est à dire qu'on ne peut que progresser ou stagner. Il est impossible de régresser.
Elle est aussi intégrative : les personnes ayant atteint un stade supérieur sont capables de comprendre les individus des stades inférieurs.

Ce sont deux caractéristiques très intéressantes : elles sont sans doute commune à tout ce qu'on peut appeler progrès, ou éveil.


Le fait que la régression soit impossible est le signe d'un franchissement de palier. On acquiert une nouvelle dimension, on ouvre nos yeux sur un nouveau monde. Il ne s'agit pas d'une évolution mineure ou éphémère, mais d'une étape importante : l'oubli, le retour-arrière sont impossibles.

Le caractère intégratif est tout aussi important, et montre qu'il ne s'agit pas simplement d'un autre chemin emprunté par le progrès. On ne va pas simplement plus loin, ou ailleurs. Le nouveau pas englobe ce qui précède. C'est encore l'idée de transcendance et de de changement de dimension : en prenant de la hauteur, on reste capable d'observer les dimensions inférieures. Il s'agit d'une réelle évolution, et pas simplement d'une tentative d'être différent.

Ceci étant posé, on peut s'amuser à lister quels sont les concepts qui vérifient ces deux caractéristiques (à vos commentaires pour compléter ma liste :) j'ai toujours été mauvais pour ce genre d'exercice imposée).
La morale possède donc ces deux traits.
La connaissance, d'une manière globale, respecte ces deux conditions. Impossible d'ignorer ce qu'on a appris.
Et enfin, je rajouterais la conscience et la sagesse. Une fois acquise, la conscience d'une chose, d'un état ne peut plus sortir de l'esprit.

En y réfléchissant un peu, on se rend vite compte que le coté irréversible peut rapidement devenir nuisible. Le mot fait peur, et à juste titre. Car une fois la frontière franchie, impossible de faire demi-tour, impossible de choisir de retourner au stade précédent. Et généralement, ce genre d'évolution fait passer d'une zone de confort à une zone inconnue. Les turbulences sont donc nombreuses, et même si l'impression de progrès peut rester à l'esprit, le chaos qui s'en suit peut faire mal. De nouvelles questions arrivent, des nouveaux doutes, des nouveaux problèmes. Un peu comme le passage du collège au lycée : on était parmi les grands, on se retrouve parmi les petits.
Et c'est bien pour ça que la conduite à tenir face à une personne moins évoluée est toujours délicate : l'élever à un stade supérieure qu'elle n'a pas demandé, alors qu'elle se contente de son état actuel et désire même peut être y rester. Et même lui faire savoir qu'un tel stade existe, c'est déjà trop : c'est l'exposer à quelque chose qu'il n'a pas désiré. Difficile de dire si c'est un devoir moral que de chercher à faire évoluer tout le monde, ou s'il faut au contraire s'abstenir de forcer un changement non désiré, et sans doute non préparé, voire non adapté, et donc contre-productif.

La prise de conscience fait perdre une part de naïveté, d'innocence. La révélation peut être un choc traumatisant, et irréversible donc.

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