vendredi 22 novembre 2013

On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter

Petite citation de Emmanuel Kant ce soir, je ne sais pas où il est allé chercher ça, ni même quelle raisonnement se cache derrière ça (peut être vais je le découvrir en écrivant ce soir !).
En tout cas elle me fait bien rire, car elle me flatte au-delà  du raisonnable, étant donné que je suis le doute fait homme :)

Comment peut on être sûr de la moindre chose dans ce monde où tout est fait pour nous tromper, jusqu'à nos sens, notre perception, voire même notre esprit, notre inconscient, nos désirs, nos pulsions. J'ai de plus en plus l'impression de ne pouvoir posséder aucune certitude, par contre, je peux choisir celles que je veux. Une croyance n'est qu'une certitude que l'on a choisie non? Incapable de la démontrer, et pourtant on la tient pour vraie, indestructible (jusqu'à un certain point). Bon, sauf que ces croyances choisies ne revêtent pas la force des croyances mystiques, et n'apportent pas les mêmes certitudes et les mêmes réconforts. Ces certitudes, je sais qu'elles sont issues de moi, et de rien d'autres, qu'elles n'ont aucun caractère universel. Elles sont donc à la fois fragiles et indestructibles, car elles me sont liées, à moi et à moi seul.

Bref, pourquoi lier incertitude et intelligence?
Y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis après tout :)
La certitude est réconfortante : on peut s'appuyer dessus. Par contre elle est figée, statique, fermée, définitive. Posséder une certitude, c'est s'arc-bouter sur soi même, c'est abandonner la curiosité, voire son esprit critique. C'est s'aveugler et ne plus être capable de voir que ça : tout ce qui n'est pas en phase avec la certitude est rejeté, dénigré, vu comme faux. Prétendre posséder une certitude c'est se prétendre Dieu : si c'est son propre Dieu, on rejoint la croyance personnelle, si c'est une certitude universelle, alors on se prend pour Dieu dans tous les sens du terme.
Alors que le doute, l'incertitude, c'est l'aveu de la non-connaissance : on se retrouve tel Socrate, ouvert à l'inconnu, à l'apprentissage, à la découverte. L'intelligence vu comme capacité à apprendre, comme une ouverture sur le réel, pourquoi pas...

La tendance naturelle de l'homme est court-termiste : il recherche la sécurité, quitte à se vautrer dans l'immobilisme et la sécurité, ce qui conduit, à mon sens, à sa perte sur le long terme (peut être notre côté animal). Et ma foi, je suis le premier à chercher une forme de sécurité matérielle, relativement facile à acquérir quand on arrive à bien partir dans la vie.
Par contre, la sécurité intérieure (intellectuelle, mentale, psychique, sentimentale...) : je la cherche encore. Je ne sais pas si je suis capable de la supporter ou si simplement elle s'impose à moi, et je ne peux faire autrement que la supporter, quel que soit le poids du fardeau.

Que se passe t'il lorsqu'on n'est plus capable de supporter l'incertitude?
On adopte des certitudes en se voilant la face, sans même s'en rendre compte, ou on devient fou, inadapté à la vie en société? J'aurais bien aimé connaître la réponse de Kant...

Petite digression sur le sujet : qu'est ce qui paralyse le plus, un doute ou une certitude?
Au final, la certitude permet plus facilement l'action. La certitude est confiance en soi, et permet donc de relever des défis, d'aller de l'avant, sans trop se poser de questions.
A l'opposé le doute est hésitation et renforce un manque de confiance en soi.
Par contre, dans le monde des idées, c'est l'inverse : la certitude conduit à l'immobilisme, on reste campé sur ses certitudes, alors que le doute entraîne le mouvement, la remise en cause permanente, l'expansion de son univers intérieur. Sans doute que je suis devenu une machine à idées, avec trop peu de certitudes et donc trop peu de confiance en soi. Quelques certitudes bien choisies (à défaut d'en voir s'imposer à moi, de manière transcendante j'ai envie de dire) pourraient peut être m'aider... C'est sans doute ce que m'apporte mes quelques certitudes matérielles et confortables, mais leur portée est limitée, trop limitée...

A voir donc... même si je doute que cette pensée reste très longtemps dans mon esprit... besoin de plus de répétitions pour bien la faire mienne.

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