mercredi 3 juillet 2013

Nous sommes aveugles

Réflexion chopée au détour d'un reportage sur Gregory Barsamian, artiste illusionniste j'ai envie de dire.

Sa théorie :
notre pensée fonctionne au rythme de la parole, ou du moins de l'énonciation de notre pensée, qu'il évalue à 15/20 bits par secondes. Nos sens eux récoltent l'équivalent de 20 millions de bits par seconde : vue, toucher, odorat...
Il place là la différence entre conscience et inconscient.
Nous sommes donc aveugle de notre monde, nous n'en percevons consciemment qu'une portion infime. Et il place donc l'art comme moyen de communiquer au delà de la conscience, de faire passer des messages au delà de l'intellect.

Vision intéressante, même si je boosterais un peu la vitesse de la conscience : l'appel à la mémoire est plus rapide, la pensée n'a pas toujours besoin d'être formalisée par une énonciation (même si dans ce cas on peut rapidement perdre le fil de sa pensée) et notre conscience arrive à retrouver par différents exercices (la simple concentration pour commencer) des choses qui n'étaient pas conscientes sur le coup.
Mais bon, je le rejoins sur l'essentiel : nous sommes aveugles et l'art joue sur cet aveuglement.

Nous sommes aveugles : la conscience et notre corps filtrent.

Notre corps d'abord, j'ai lu récemment que lorsque nous bougeons les yeux, notre cerveau activait un coupe circuit pour ne pas enregistrer tout ce mouvement... sous peine de nous rendre malade :) Essayez de faire bouger vos yeux sans vous arrêter :) Ce qui aurait permis de faire une étrange expérience : on place un lecteur devant un texte, une machine analyse son regard, et dès que le regard se déplace, la machine change le texte là où le regard ne se porte pas. Le texte change continuellement sans que le lecteur ne s'en aperçoive !!
Notre esprit aussi : plusieurs théories vont dans ce sens, la plus extrême place le cerveau comme filtre, et lorsque ce filtre se déactive (quelques minutes avant la mort, pour le chant du signe) ceci donne accès à un tas de nouvelles connaissances. Quelques accident feraient sauter ce filtre aussi (cas de personne qui se mettent à parler une autre langue, à maîtriser des théories mathématiques...). Autre théorie qui rejoint un peu celle du regard : nous ne sommes simplement pas apte à traiter plus d'informations, le cerveau doit filtrer, et les cas où ce filtre ne marche pas font de nous des autistes : souvenez vous de Rainman comptant les cures-dents instantanément. Il percevait tous les signaux visuels, que notre cerveau filtre et agrège, se contentant de quelques approximations permettant d'appréhender le réel.

Mais cet aveuglement n'est pas total : l'art peut en effet communiquer malgré ces filtres, au-delà de ces filtres. Certes, la communication n'est pas consciente, mais l'effet produit sur nous, le ressenti parvient jusqu'à notre conscience. Nous sommes capables de ressentir des choses en dehors de notre conscience, c'est une évidence. Et c'est bien ce que je demande aux diverses formes d'art auxquelles je suis sensible : créer des sentiments en moi, sans que je sois capable d'en donner une explication consciente.

Du coup, si parfois les effets de la communication sont conscients, qu'en est il des autres fois? Images subliminales et manipulation... impossible d'y échapper? d'y résister? Bonne idée de recherche ça, tiens...

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