Première réponse possible : les promesses brisées d'hier deviennent les mensonges d'aujourd'hui.
Réinterprétées avec le regard présent, le passé change sous nos yeux. Le présent nous amène une sorte d'omniscience et nous permet de discerner à posteriori le vrai du faux. En nous re-projetant dans le passé, nous connaissons notre futur. Libre à nous ensuite de réinterpréter ce futur qui est devenu passé. Et en le faisant, notre connaissance nous dévoile ce qui est mensonge, c'est à dire ce qui est dit ou affirmé et qui n'est pas conforme à la réalité.
Une promesse est un engagement (ou un pari?) sur le futur, lorsque ce futur devient passé, le pari est dévoilé : la réalité n'est plus inconnu, la vérité est tranchée.
Une promesse non tenue devient donc une déception et un mensonge, il n'y a plus l'espoir de la voir s'accomplir, il n'y a plus que la froide vérité face à nous.
La promesse non tenue d'une aide inconditionnelle, d'un amour éternel ou d'une présence réconfortante laisse place à un vide et à une double souffrance : la déception de la promesse non tenue (l'absence de l'autre, ou de sa promesse) et le sentiment de trahison (la perte de confiance dans sa parole, le mensonge).
Toute promesse non tenue est vécue plus ou moins intensément comme un mensonge ou une trahison, de fait, elle met le doute sur tout le reste. Une fois que la corruption est là, elle se répand et contamine tout. Une unique promesse non tenue jettera le doute sur toutes les autres paroles, et la paranoïa verra du mensonge partout, et pas seulement sur les paroles et engagements présents et à venir mais sur toutes les paroles passées. Nous réinterprétons alors tout notre passé pour le reconstruire sur la base de ce nouvel élément.
Et là, on voit bien que ce comportement devient pathologique et destructeur.
Cette interprétation, de transformer une promesse brisée en un mensonge, bien que naturelle et instinctive, n'est donc pas des plus humaine. Elle nous place dans la peau d'un dieu omniscient qui connait passé et futur. La réalité n'est pas là. Personne n'est omniscient : ni nous ni les autres.
La promesse est nécessairement un engagement naïf : celui qui promet ne connaît pas le futur, et ne se connaît jamais suffisamment lui même pour être sûr d'être constant et de ne jamais changer. On peut certes en vouloir à l'autre de ne pas se connaître et de s'engager sur quelque chose qu'il ne maîtrise pas, mais la beauté de la promesse est justement là. Et si nous avons suffisamment de recul pour voir tout ça derrière une promesse, alors nous devrions aussi avoir suffisamment de recul pour savoir apprécier une promesse à sa juste valeur, et ne pas la prendre au premier degré, comme un engagement éternel d'un homme omniscient, quasi divin.
Une promesse s'inscrit dans un contexte et surtout dans un temps, la promesse est un engagement sincère qui traduit une volonté d'un instant, un espoir que l'on veut prolonger et auquel on voudrait donner plus d'intensité, un espoir que l'on souhaite prolonger. Plus qu'un engagement, la promesse traduit la volonté de la personne de prolonger l'état du moment (l'état amoureux, de solidarité, la communion...). Il faut la prendre comme telle, ceci évitera de se faire du mal à soi-même par la suite...
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