vendredi 30 janvier 2015

Pourquoi le combat de Charlie est déjà perdu...

Je suis un éternel pessimiste, mais quand même...

Oui, tout le monde était là pour condamner et combattre la barbarie, ou plutôt le massacre de dessinateurs dont le seul tort était de travailler pour un journal condamné par une fatwa.

Ce n'est pas Charlie qui a été défendu par ces cortèges, c'est l'horreur qui a été condamné. J'étais dans ces cortèges, je ne le regrette pas, bien sûr, mais au final c'était à peu près du niveau des discours des candidates à Miss France : je suis contre la guerre, la famine, et les massacres... Drôle de combat quand on y pense d'ailleurs : je pense que les extrémistes ont du prendre peur de voir une armée de pacifistes défiler dans les rues et chanter la Marseillaise. Comment peut on chanter la Marseillaise en la mémoire de Charlie d'ailleurs? Preuve supplémentaire montrant que Charlie a bien vite été relégué au second plan...

Et le combat de Charlie dans tout ça?

Son combat était simple : la liberté d'expression, faire progresser la tolérance via la provocation. Permettre à chacun de rire de tout, à commencer par lui même, et surtout de tous les dogmes, de toutes les vérités imposées, de l'absence de réflexion.

Alors oui, tout le monde a condamné ce massacre.
Mais combien ont osé reprendre les caricatures de Charlie, les publier à nouveau? Oui, cela aurait été de la provocation. De la provocation avant tout pour les extrémistes, et une blessure pour les croyants... tout comme Charlie blessait toutes les autres religions.
Cela aurait été du courage.
Cela aurait été la preuve que Charlie n'était pas mort, et qu'au contraire la barbarie l'avait renforcé.

Mais non, nous avons assisté au contraire.
Personne (ou presque) n'a repris les caricatures coupables. Pire, la dernière couverture était même interdite dans certains grands médias : Angleterre, Etats-unis... L'échine est déjà courbée.

Nous avons renoncé il y a bien longtemps à la liberté d'expression.
Le politiquement correct nous a envahit : il nous faisait plus rire qu'autre chose au début, mais il est partout, et nous nous sommes habitués à devoir ne choquer personne.
Cette fausse idée du respect s'est répandu, et avec elle a disparu le respect réel. Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde...

Les seuls qui ont le droit de se moquer d'une communauté sont maintenant ceux qui font partie de cette communauté, et encore... Les rares fois où une autre personne ose se moquer d'une communauté, il s'empresse soit de désamorcer les possibles plaintes, soit de se moquer de toutes les autres communautés, pour prouver son équité ! Voilà la prochaine valeur appelée à disparaître : l'égalité. Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde...

L'égalité va être remplacer par l'uniformité : on n'a plus le droit d'avoir des préférences ou des aversions, en tout cas on n'a plus le droit de les exprimer. Oui, je réclame le droit de haïr mon voisin, de me moquer de lui et de le rabaisser. Les limites existent et doivent exister, mais il ne faut surtout pas qu'elles nous enferment dans le silence.

Ce monde me désole...

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