jeudi 1 mai 2014

Rapport de force

Commençons par les bases, les définitions.
Un rapport de force est simplement une relation basée non pas sur une entente, le partage ou la communication, mais sur la force. La force pouvant prendre bien des formes différentes, il s'agit juste d'une capacité à prendre le dessus sur l'autre, de manière à lui faire plier sa volonté. La force peut être physique, mental, économique,...

Étrangement, les cas extrêmes, lorsque les forces sont totalement déséquilibrés, font disparaître la notion même de rapport de force. Lorsqu'une forme de domination est naturellement acceptée, on ne peut pas parler de rapport de force. C'est le cas des rapports parents/enfants, des castes en Inde par exemple, ou des relations homme-insecte :)
Le rapport de force apparaît en fait lorsque le rapport historique, donc naturel en un sens, est discuté. Lorsque l'enfant grandit par exemple.
Et donc, contrairement à ce qu'on pourrait penser en première approche, les rapports de force ne sont pas créés par les plus forts, mais souvent par le plus faible, qui se sent oppressé ou dominé injustement par l'autre. Pour renverser un ordre établi.
Autre cas, mais toujours pour renverser un ordre historiquement établi, lorsqu'un des deux partis en veut plus. Son ambition le conduira à installer un rapport de force pour obtenir plus que ce que l'équilibre naturel lui apporte.
Conclusion, le rapport de force est mis en place pour renverser une situation établie. Son origine se trouve soit dans l'apparition/affirmation d'une volonté (jusque là écrasée) soit dans l'ambition et la volonté d'avoir plus.

Qu'existe t'il en dehors des rapports de force? La coopération, voire l'amour :) Où l'équilibre permet à chacun d'agir selon sa propre volonté, où les volontés coopèrent dans un même sens, ou chaque personne prend soin d'intégrer à sa réflexion l'autre. Un respect mutuel et des objectifs non contradictoires permettent cette coopération, qui peut s'étendre vers l'entraide, la solidarité, l'empathie, ou l'amour :)

Et la sagesse populaire nous indique même comment se termine cet équilibre : quand on aime, on ne compte pas. Dès qu'on va se mettre à mesurer ce qu'on donne et ce qu'on retire d'une relation, alors le rapport de force n'est pas loin. Celui qui compte se sentira rapidement lésé et en demandera plus. En demander plus est encore sain et s'intègre encore à un rapport de coopération et d'entraide. Là ou la dérive devient irréversible c'est lorsque la demande se transforme en exigence. Que cette exigence soit argumentée ne change rien, qu'elle soit légitime non plus : ceci sera toujours subjectif. Exemple, une coopération entre un riche et un pauvre : est il juste que le riche paye plus que le pauvre? Dans une relation idéale de coopération, le pauvre n'a rien a exigé du riche (et inversement), à chacun d'agir selon sa conscience, tout en laissant la liberté à l'autre de faire de même.
Et une fois que le ver est dans le fruit, il est difficile de s'en débarrasser. Celui qui compte va créer un déséquilibre : soit l'autre rentrera dans le même jeu pour s'y opposer, soit il refusera ce jeu, et cédera aux exigences de l'autre, même s'il n'est pas d'accord. Cette solution peut fonctionner, mais elle est doublement fragile : celui qui compte aura pris le dessus et pourra renouveler ses exigences, et celui qui a cédé trouvera injuste d'avoir eu à céder, et demandera une contrepartie...

Conclusion de la soirée un peu fouillis -la fatigue sans doute-
Ne jamais compter, juste agir selon sa volonté, contre-balancée par sa conscience.

Et ça me ramène à un ancien article (au moins j'ai une certaine continuité) sur les compromis. Les compromis ne sont que les résultats des négociations autour d'un rapport de force (je te donne ça à condition que tu me donnes ça...). A bannir donc ! Les seuls compromis acceptables ne doivent pas venir d'une exigence de l'autre, mais de notre propre conscience et du respect que nous témoignons à l'autre : je sais que ceci est important pour l'autre, donc je lui donne, même si je ne l'aurai pas fait naturellement. Ce qui pour moi est une concession faite à son propre ego...

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