jeudi 9 mai 2013

Les gens sont beaucoup plus malheureux qu'on ne croit

Citation de l’aumônier des Glières, rapportée par Malraux, l'interrogeant sur les enseignements de la confession. Voilà donc ce qui se cache dans le coeur des hommes, derrière leur carapace sociale?

On peut supposer que le prêtre a eu accès aux âmes des hommes, sans barrières, la confession aidant. Les hommes se montrent à lui tels qu'ils sont, avec leur faiblesse, et voilà ce qui en ressort.

L'homme public ne montre pas toutes ses faiblesses, toutes ses douleurs et souffrances : il les garde pour lui, et fait bonne figure. Ses raisons peuvent être louables : ne pas accabler les autres, ne pas les déranger, les importuner... ou plus critiquables : honte, orgueil... peu m'importe, la conclusion est là.

On revient sur la solitude métaphysique de l'homme (qui naît seul, vit seul et meurt seul) - au passage, Dieu et ses émissaires comblent ils cette solitude? Après tout, le partage de cette souffrance se fait avec eux...
J'y vois aussi les prémices des dérives facebook : on affiche son bonheur, quitte à ce qu'il soit artificiel, c'est la dictature du bonheur, qui angoisse les utilisateurs qui n'estiment pas leur vie suffisamment riche comparée à celles des pages facebook de leurs amis.
Les hommes montrent rarement leurs faiblesses, leur tristesse : au contraire, ils s'affichent forts, heureux et en bonne santé. On reste dans une société sauvage où la faiblesse est mal vue. Il faut non seulement être fort, mais heureux aussi. On ose confier ses douleurs à ses amis... et encore, dans certaines limites je pense (heureusement peut être d'ailleurs...)
Le pire, c'est que ce processus est un cercle vicieux à cause de l'incompréhension qui l'accompagne : à voir nos voisins forts et heureux, on culpabilise d'autant plus de ne pas réussir à être comme eux, et ça nous renforcera dans notre idée de taire nos faiblesses.

C'est doublement dommage, car si quelque chose rapproche les hommes, c'est bien ça au final : la souffrance, la douleur face à la vie : et notre manque de communication fait que ce sujet nous sépare au final. La vie est rude, nous sommes ballottés dans tous les sens, nous perdons tous pied un jour ou l'autre. Nous restons seuls, l'aide qu'on peut s'apporter mutuellement est très limitée, mais le soutien et le partage restent à portée de main : pourquoi cette main ne se tend pas?

Note : bon bien sûr, tout ceci reste à relativiser, ce n'est que la parole d'un homme rapportée par un autre pour servir son discours... mais quand même :)

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